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Les moments marquants du 36e Gala Artis
Crédit: Éric Myre

La 36e édition du Gala Artis se tenait dimanche soir en direct des Studios MELS. Si les looks des nommés nous ont éblouis, on ne peut pas en dire autant de la cérémonie elle-même, qui avait lieu sur une scène qui semblait trop grosse pour les circonstances. Disons qu’on était loin de l’ambiance plus intimiste qu’avait adoptée le Gala les Olivier ou de l’ingéniosité de la mise en scène des derniers Gémeaux. Tout de même, la soirée nous a offert quelques moments à souligner et de très bons sketchs.

Le numéro d’ouverture avec un drôle de choix musical

Le bal a été lancé avec un numéro d’ouverture qui n’était pas spécialement prenant, malgré le talent des interprètes. Mélissa Bédard, Corneille et Damien Robitaille ont uni leur voix dans un medley de grands hits anglophones, principalement des années 70 et 80. Un drôle de choix pour célébrer la télé québécoise de la dernière année, qui a été représentée seulement par une poignée de nommés qui dansaient sur scène, plus ou moins à l’aise. Laurence Nerbonne est heureusement venue sauver le show en interprétant une de ses pièces originales.

Éric Myre

L’introduction par les animateurs

Tout de suite après la mise en bouche musicale, les deux animateurs de la soirée, Guy Jodoin et Charles Lafortune, ont fait un numéro de stand-up dont les jokes sont souvent tombées à plat. Rire du nom de Noovo ou de l’échec du retour de Caméra Café a bien marché, mais beaucoup de blagues n’ont pas provoqué de rires dans la salle, et ça n’était visiblement pas seulement parce qu’elle ne contenait que la soixantaine de nommés. Parmi les gags qui n’ont pas eu l’effet escompté, on compte notamment celui qui référait très (trop) subtilement à l’absence de Maripier Morin, qui avait été nommée malgré les allégations de harcèlement sexuel, de voie de fait simple et de propos racistes dont elle fait l’objet depuis maintenant neuf mois. « Non, Charles, finalement, c’est 62 nommés », a lancé Guy Jodoin.

Le discours de Martin Matte

« Guylaine, #JeSuisJustine », a blagué Martin Matte, un des grands gagnants de la soirée, en montant sur scène pour récupérer son premier prix, faisant évidemment référence à une situation fort embêtante dans laquelle la comédienne s’est récemment retrouvée bien malgré elle. Tout son discours était délicieux, de sa craque à Christian Bégin à son gag sanitaire sur son réalisateur, Robin Aubert. L’as des Beaux malaises a été plus drôle en faisant des remerciements que les deux animateurs dans leur numéro d’introduction! Il a d’ailleurs fait un deuxième discours à la fin de la soirée et en a profité pour saluer notamment les travailleurs essentiels, mais aussi les jeunes qui se retrouvent isolés dans une période où ils devraient être davantage avec leurs amis que leurs parents.

La présentation de Christian Bégin

Christian Bégin, qui était nommé pour la première fois au gala, présentait le prix pour Animation d’émissions de services, remis sans surprise à Gino Chouinard, et s’est lancé dans une longue tirade sur comment les animateurs d’émission de cuisine sont ceux qui ont le plus rendu service dans la dernière année. Son rôle de gars irrité qui était gêné de sortir sa colère a très bien fonctionné, mais aurait été encore plus réussi en étant un tantinet raccourci.

Sarah-Jeanne Labrosse et Julie Le Breton

Seulement deux des 16 artistes récompensés ont abordé les grands bouleversements que connaît présentement le milieu artistique avec la question du retour de personnalités publiques dont les comportements abusifs ont été dénoncés. La première, Sarah-Jeanne Labrosse, est montée sur scène pour accepter son prix de Rôle féminin dans une série dramatique saisonnière et avait un stress particulier qu’elle a elle-même avoué. En plus de ses remerciements, elle a glissé un mot sur les derniers événements : « Je l’aime mon milieu, et j’ai envie de l’aimer encore longtemps ». Récompensée au titre de Personnalité féminine de l’année, Julie Le Breton a quant à elle déclaré : « J’ai eu la chance de travailler dans des endroits où j’étais en sécurité, sur des plateaux où les gens étaient bienveillants à mon égard, où on était respectueux et respectueuses les uns envers les autres de la sensibilité et de la force de chacun et de chacune. […] Je crois pertinemment qu’on peut avoir un milieu à cette image, dans la bienveillance, dans l’amour et dans le respect de chacun ». Des messages nécessaires et non moins courageux.

Des choix étonnants

Ce n’est pas la première fois que le Gala Artis surprend le public par les choix de vainqueurs, mais deux catégories ont particulièrement étonné les téléspectateurs et téléspectatrices, voire les gagnants eux-mêmes. Marc Messier était surpris de gagner pour son rôle très secondaire — « périphérique », dans ses mots — dans La faille, assumant qu’il devait être là pour son « passé ». Jean-René Dufort, qui a gagné dans la catégorie Animation d’émissions de variétés ou de divertissement, a souligné le travail exceptionnel de France Beaudoin avec En direct de l’univers dans la dernière année, alors que bien des gens s’attendaient à la voir gagner. Il faut dire quand même que notre Infoman national a lui aussi fait un boulot remarquable en pandémie et qu’il méritait cette deuxième victoire.

Le segment d’Ariel Charest

Ariel Charest, qu’on connaît pour le compte Instagram Elle fait du lipsync, a repris des extraits des nommés de la catégorie Animation d’émissions de sport. Ses déguisements, son jeu et son lipsync légendaire composaient un parfait trio, et la comédienne a offert un des meilleurs numéros du gala. Par ailleurs, le gagnant, Dave Morissette, a été très touchant dans son discours, se livrant sur le récent décès de « son plus grand allié », son père.

Le numéro sur la violence conjugale

Il y a eu 10 féminicides depuis le début de 2021 au Québec. La violence conjugale a été abordée dans la télévision québécoise au cours de la dernière année avec Les Beaux malaises 2.0, mais surtout avec M’entends-tu? et le documentaire Face aux monstres. Florence Longpré et Ingrid Falaise sont ainsi allées sur scène pour offrir un numéro en duo, livrant un texte puissant. On aurait aimé que ça dure plus longtemps.

Le sketch pour présenter les émissions d’affaires publiques

Des comédiens et comédiennes de différentes séries policières se sont regroupés dans un sketch pour raconter une histoire de pseudo complot sans queue ni tête impliquant tous les animateurs d’affaires publiques. Le gagnant, Mario Dumont, en a profité pour faire une mise en garde contre la désinformation qui sévit plus que jamais.

L’hommage aux animateurs et animatrices de bulletins de nouvelles

En couvrant la pandémie depuis plus d’un an, ils et elles ont fait un travail exceptionnel qui méritait le long segment qui leur a été accordé, composé entre autres d’un duo d’Alexandra Stréliski, qui livrait une merveilleuse prestation au piano, et de David Goudreault, qui faisait un autre de ses slams. Pierre Bruneau, le gagnant, a d’ailleurs lui-même été touchant en faisant son discours et en ayant une pensée particulière pour les plus de 10 000 personnes qui sont mortes de la COVID-19 au Québec, loin de leurs proches.

La présence surprise du capitaine Charles Patenaude

L’ingénieure en aérospatiale Farah Alibay présentait, depuis Los Angeles, le prix de Personnalité féminine de l’année et a elle-même été introduite par nul autre que le capitaine Charles Patenaude, alias Guy Jodoin, parce qu’elle était fan de Dans une galaxie près de chez vous étant plus jeune et qu’elle est maintenant rendue à la NASA. Quel modèle, cette femme! Le penchant masculin du prix a été présenté par François Legault, ajoutant à l’honneur pour celle qui est au coeur de la mission Mars, là où « la main de l’homme n’a jamais mis le pied ».

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