Après un peu moins d’un mois d’attente pour le public, mais plus d’un an de développement pour l’équipe, la marque ORNORM de Maripier Morin a finalement été lancée cette semaine avec une toute première collection de maillots de bain. Si plusieurs ont applaudi la beauté des morceaux et le côté inclusif de la ligne, qui a mis de l’avant quelques femmes de couleurs ou de gabarits différents, d’autres ont plutôt montré leur déception en soulignant que les tailles, offertes de très petit à très large, sont loin d’être en dehors de la norme. En entrevue avec Frede Rioux à son nouveau podcast Fred pour emporter, l’animatrice a défendu sa vision de la marque.
« On est une petite compagnie, on commence, on est allés avec ce sizing-là, explique-t-elle. Faut que tu commences à quelque part. Et là, quelqu’un a écrit : «Mais pour qui elle se prend s’appeler sa ligne ORNORM pis d’arrêter à extra large?» […] Mais moi, j’ai jamais dit nulle part qu’on lançait une ligne taille plus, j’ai dit qu’on lançait une ligne qui était inclusive dans le thinking. Ultimement, c’est sûr que je veux en faire du 2XL pis du 3XL pis toutes les grandeurs possibles pour justement arriver à satisfaire tout le monde. Mais là, financièrement parlant, je pouvais pas me le permettre. » Elle note en effet que c’est pour elle un « gros risque financier » que d’acheter toute cette marchandise. « Mais c’est sûr que le rêve ultime, c’est d’en faire pour tout le monde. » Maripier a également justifié cette décision en expliquant que pour créer des morceaux taille plus, il faut une expertise en la matière afin qu’ils tombent au bon endroit. « La journée où je vais décider que j’en fais du taille plus, tu penses-tu que je vais pas me concentrer pis tout faire pour que ce soit la meilleure affaire possible! »
D’autres commentaires qui ont choqué la passionnée de mode, ce sont ceux qui attaquaient une des mannequins de la campagne, Charlie Wang : « On a eu un ras de marée de commentaires excessivement méchants. Je suis contente que Charlie parle pas français, parce que j’aurais vraiment de la peine. Nous, on l’a choisie parce qu’on aimait l’humaine qu’elle est et ce qu’elle représente. Charlie est très filiforme, donc très mince, mais en même temps je trouve qu’elle représentait aussi quelque chose, parce que y’en a plein aussi des filles qui sont très grandes, très minces, et c’est pas quelque chose qu’elles ont choisi ou qu’elles ont décidé. […] On dirait qu’il y a toujours quelque chose à redire, les gens sont jamais contents, pis j’ai trouvé que c’était extrêmement indélicat de la part de gens de s’affirmer sur le poids de Charlie, alors que quand on met une taille plus, là on crie au génie. C’est tous les types de corps qui sont beaux et le bodyshaming s’applique autant à une fille qui est très mince, mais qui est génétiquement construite de cette façon-là, qu’à une fille qui est ronde. Moi, je pense qu’il faut arrêter de stigmatiser, de juger et de se comparer. ORNORM, c’est ça. La mentalité d’ORNORM, c’est sois qui tu veux être, dis ce que tu as envie de dire, arrête de te conformer, ne te mets pas dans une boîte, aie pas de limite. C’est quelque chose qui est très libre et qui est très libéré. C’est ça que je veux que les gens comprennent : ORNORM, on ne parle pas que de l’aspect physique des gens, on parle d’une mentalité. »
Par ailleurs, c’est aussi cette mentalité de la marque qui a été mise de l’avant lors du casting sauvage pour le lancement médiatique de la collection, mardi dernier. « Les filles nous contactaient, donc évidemment on regardait leurs photos sur leur compte Instagram, mais on regardait aussi beaucoup leur feed […] On regardait aussi leurs légendes, voir si elles avaient de la répartie, si elles étaient drôles, si elles avaient un message, une conscience, si elles avaient quelque chose à dire. On ne s’est pas juste arrêtés au physique des filles », précise Maripier.
Cette polémique entourant ORNORM arrive à peine quelques jours après que Maripier Morin ait bien malgré elle créé une controverse en disant qu’elle s’était trouvée « dégueu » avant une séance photo en lingerie pour sa dernière collection avec Blush. Benoît Dutrizac, entre autres, avait été plutôt scandalisé par l’emploi de ce terme dans la bouche d’une femme dont la beauté est reconnue de tous. L’animatrice a rappelé que c’est un sentiment profondément humain que tout le monde a déjà ressenti au moins une fois dans sa vie, rappelant également que, ayant longtemps fait du patinage artistique, elle voit son corps comme un outil de performance.
Outre ces controverses, l’entrepreneure a aussi expliqué comment elle a testé ses maillots de bain pour voir comment le tissu, dont la qualité est assez impressionnante, résistait à l’eau salée de la mer ou chlorée des spas. Pour elle, l’objectif ultime d’ORNORM est que la marque devienne, d’ici cinq ou 10 ans, indépendante de son nom, même si elle utilise présentement ses plateformes pour la faire connaître. Ses contrats d’égérie, son désir de faire de la production ou celui de percer en France sont également abordés dans cette entrevue, que vous pouvez écouter sur Spotify, Apple Podcast, Google Podcast ou encore Balado Québec.