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La mort au centre de la finale de Toute la vie
Crédit: Facebook Toute la vie

La vie, la mort… qu’on le veuille ou non, ces deux extrêmes sont très proches, puisqu’ils n’existent pas l’un sans l’autre. C’est un peu cette tragédie profondément humaine qui ressort de la finale de la première saison de Toute la vie, qui a commencé et s’est terminée avec le deuil. Évidemment, si vous n’avez pas encore vu l’épisode, on fait ici résonner l’alarme aux divulgâcheurs.

Dès le départ, on a assisté à un immense bouleversement à Marie-Labrecque, cette école pour adolescentes enceintes ou nouvellement mères. Avec la fin de l’épisode précédent, c’était tristement à prévoir, mais pas moins désolant. Jolène (Alison Carrier), toute prête à donner la vie, s’est fait enlever la sienne par l’homme qu’elle fréquentait, Vincent (Sébastien René), qui s’est laissé asphyxier à ses côtés. Les funérailles de la jeune femme étaient évidemment on ne peut plus déchirantes, mais ont aussi été l’occasion de démontrer à quel point son départ marque tant les élèves que le personnel de l’établissement.

Den (Evelyne Laferrière), la meilleure amie de la défunte, vit avec un sentiment de culpabilité, elle qui se doutait bien que Jolène se mettait en danger, mais qui n’a rien dit. Tina (Hélène Bourgeois-Leclerc) se sent tout autant coupable, puisqu’elle s’est consacrée à vivre l’amour et à chercher sa mère biologique plutôt que de se dévouer entièrement aux filles, comme elle le fait d’habitude. Le vrai responsable dans toute cette affaire (du moins, celui qui est toujours en vie), le gardien de nuit (Vincent Fafard), a été arrêté en moins de deux pour avoir vendu à son insu la victime. Une scène trop expéditive et une intrigue qui, on l’espère, se poursuivra dans la prochaine saison. Et nous, comme téléspectateurs, on se demande bien quel personnage pourra arriver à la cheville de celui qui vient de mourir. Colorée, fonceuse et assez déniaisée, merci, Jolène a donné un second souffle à la série, qui s’essoufflait un peu en début de saison, alors qu’on se concentrait surtout sur Edwige (Naïla Victoria Louidort-Biassou) et Anaïs (Cassandra Latreille), deux personnages qui, avouons-le, nous ont beaucoup moins accrochés.

Cette dernière, qui s’est battue tout au long de la saison pour garder son bébé, offrant des dialogues souvent répétitifs, a un long deuil qui se dessine devant elle. Du haut de ses 13 ans, elle apprend que son bébé ne bouge plus et est en insuffisance cardiaque. Direction l’hôpital pour une césarienne d’urgence, où elle, Tina et Christophe (Roy Dupuis) sont rapidement rejoints par les proches de l’adolescente, dont le père du bébé, Tommy (Thomas Delorme). Perdue dans ses pensées, la mère (Fanny Malette) se remémore une conversation avec sa belle-mère (Suzanne Garceau), qui lui racontait avoir perdu deux enfants en fin de grossesse. Comme une prémonition, cette scène s’est avérée annonciatrice de la suite, puisque le poupon que portait Anaïs a tout l’air d’être mort-né. Il faudra cependant attendre la prochaine saison pour en avoir la confirmation, mais le visage de Tommy à sa sortie de la salle d’opération en disait long sur la réanimation qui s’y déroulait.

Outre les tragiques péripéties des élèves, on a pu voir Christophe accepter de devenir le tuteur légal de sa soeur Julie (Larissa Corriveau), enceinte de jumeaux, à condition d’avoir de l’aide. Tina, de son côté, cherche à se faire avorter pour la troisième fois en 18 mois. Sa rencontre avec une médecin a merveilleusement témoigné des jugements et des difficultés que peuvent rencontrer les femmes qui cherchent à interrompre leur grossesse. Une professionnelle de la santé qui se prend pour Freud en parlant d’ « acte manqué » et en affirmant que les femmes font l’amour avec le but inconscient de tomber enceinte, c’est on ne peut plus frustrant.

Et c’est dans des détails comme ça que Toute la vie prend son sens. Plutôt que de simplement s’étendre dans le drame, la série de Danielle Trottier jongle parfaitement avec diverses problématiques, sans pour autant s’éparpiller. La grossesse à l’adolescence reste bien sûr au centre du propos, mais permet d’aborder la négligence parentale, l’exploitation sexuelle, l’émancipation, l’avortement et tant d’autres sujets sans renoncer à l’ADN de Toute la vie. Bien que ce groupe de jeunes femmes vit de manière plutôt reclus, il est à l’image du reste du monde, avec ses moments de bonheur et ses périodes de drames.

Dès les premiers épisodes, on s’attendait à voir un bon roulement à l’école Marie-Labrecque. Ça a été le cas, avec Edwige, Camille (Ambre Jabrane) ou encore Flora (Tanya V. Lavoie) qui ont quitté le bateau au fil du temps. Si la série a su nous garder captivés en changeant le focus après l’accouchement tragique de cette dernière à la mi-saison, on a bien confiance qu’elle saura garder le cap malgré l’absence de Jolène.

La deuxième saison de Toute la vie est bien confirmée, mais les tournages pourraient être bousculés par la crise de la COVID-19. « Nous sommes désolés de vous quitter à un moment où nous avons besoin de distractions. Si la situation le permet, dans les mois qui viennent nous travaillerons à vous préparer une deuxième saison pour l’automne », a écrit l’auteure sur la page Facebook de l’émission.

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