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Toute la vie a de quoi séduire les fans d’Unité 9
Crédit: Véronique Boncompagni pour ICI Télé

La proposition de Radio-Canada en remplacement d’Unité 9, Toute la vie, est efficace. Même auteure (Danielle Trottier), même réalisateur (Jean-Philippe Duval), mêmes producteurs (Fabienne Larouche et Michel Trudeau), même case horaire (les mardis à 20h dès le 10 septembre), mais une nouvelle histoire. Une fois de plus, on se penche sur un groupe de femmes marginalisées. Adieu les détenues des murs de Lietteville et bonjour les adolescentes enceintes ou nouvellement mères de l’École Marie-Labrecque.

Dans les premiers épisodes, qu’on a eu l’occasion de voir plus tôt cette semaine, on découvre tout spécialement deux de ces filles. Il y a Edwige (Naïla Victoria Louidort-Biassou), qui vient d’arriver dans cette école unique en son genre, alors qu’elle en est à son deuxième trimestre et que sa tante, chez qui elle vivait considérant le décès de ses parents, l’a mise à la porte en apprenant son état, et Anaïs (Cassandra Latreille), qu’on suit au moment où elle découvre qu’elle attend un enfant alors qu’elle-même vient tout juste de franchir la puberté, une perspective qui sera loin d’enchanter son père (Emmanuel Bilodeau), sa mère (Fanny Malette) et sa sœur aînée (Jade Charbonneau). Sa famille est d’ailleurs très présente dans l’histoire, tout comme celle, dans une moindre mesure, de son chum (Thomas Delorme).

À compter du troisième épisode, on entrera davantage dans la vie des autres filles de l’école, tout particulièrement de Jolène (Alison Carrier), alors que Flora (Tayna V. Lavoie), Den (Evelyne Laferrière) et Camille (Ambre Jabrane) restent plutôt effacées en début de saison. En parallèle, on apprend à connaître tranquillement le nouveau psychoéducateur de l’établissement, interprété par un Roy Dupuis qui fait une première entrée remarquée avec son torse nu, et la directrice, Tina (Hélène Bourgeois-Leclerc), qui fait preuve d’un dévouement sans faille. On ne doute pas qu’on découvrira, en temps en lieu, ce qui la pousse à se donner autant pour ces adolescentes.

Le propos même de Toute la vie mène à toutes sortes de questions d’éthique et même d’éducation. Quand devrions-nous aborder la sexualité avec nos jeunes? Comment réagir quand on tombe sur le test de grossesse positif de son enfant de 13 ans? La colère et l’inquiétude sont compréhensibles, mais la compassion est probablement une meilleure attitude à adopter. C’est ce qu’on ressent, en tout cas, comme téléspectateurs. De la compassion pour les jeunes filles, pour leurs parents désarçonnés et pour le personnel d’une école aux moyens, on le comprend rapidement, plutôt limités.

Petite parenthèse ici pour indiquer que la chose qui nous achale un tantinet dans la série, c’est l’école en tant que telle. Les élèves qui y entrent proviennent beaucoup de milieux assez défavorisés et n’ont pas à débourser un sou pour poser leurs bagages dans une des chambres de Marie-Labrecque. Le décor semble un peu trop bourgeois pour le budget serré avec lequel l’établissement doit composer : des boiseries à grandeur, un escalier majestueux, de hauts plafonds… c’est un méchant contraste avec une école comme Rosalie-Jetté, qui accueille les filles-mères dans la vraie vie et dont les murs sont d’un vert hôpital plutôt que d’un blanc étincelant. L’École Marie-Labrecque appartient définitivement au monde de la fiction en offrant un lit à ses pensionnaires, alors que l’équivalent dans le vrai monde, c’est une école qui offre une aide à l’accès au logement. On peut tout de même passer outre ces détails, puisqu’on comprend que ça aide aux besoins de l’histoire et que, de toute façon, avec Toute la vie, on entre davantage dans la vie des adolescentes enceintes que dans la logique d’une école spécifiquement pour elles.

Et ces filles, on les voit dans toutes sortes de situations, avec en trame de fond la musique hip-hop actuelle et omniprésente, symbole de cette nouvelle génération. De la fausse couche à la fugue en passant par la pression de se faire avorter ou encore le désir de ne pas mener sa grossesse à terme, les angles sont nombreux à pouvoir être explorés, et on ne doute pas que l’auteure, qui sait mettre de l’avant et sans jugement les femmes marginalisées, ira au travers de toutes les avenues possibles. La série est une véritable mine à talents, puisqu’on y découvre tant de nouveaux visages, et pourra sans doute nous en faire voir davantage au fil des saisons, étant donné qu’on imagine qu’il pourra y avoir un bon roulement dans la distribution. Les filles ne seront toujours ben pas au secondaire pour toujours!

Tout ça amène le potentiel pour que Toute la vie dure aussi longtemps qu'Unité 9… les moments où l’histoire s’essouffle un peu en moins, s’il vous plaît!

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