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Affaire Mike Ward et Jérémy Gabriel :  Mike n’a pas discriminé Jérémy Gabriel
Crédit: Instagram de Mike Ward et de Jérémy Gabriel

C’est vendredi matin, le 29 octobre, que le jugement de l’affaire Mike Ward contre Jérémy Gabriel a été rendu par la Cour Suprême, le plus haut tribunal du pays. Le verdict : Mike n’a pas discriminé Jérémy Gabriel en se moquant du jeune homme dans un spectacle.

La Cour suprême a conclu : « Bien que M. Ward prononce des méchancetés et des propos honteux liés au handicap de M. Gabriel, ses propos n’incitent pas l’auditoire à traiter celui-ci comme un être inférieur. […] Situés dans leur contexte, ses propos ne peuvent être pris au premier degré », rapporte le journaliste Louis-Samuel Perron à La Presse.

Toujours via La Presse, le Tribunal aurait par la suite ajouté : « Les propos litigieux exploitent, à tort ou à raison, un malaise en vue de divertir, mais ils ne font guère plus que cela ».

Rappelons que la saga entre Ward et Gabriel a commencé en 2015, lorsque Jérémy Gabriel s’est dit avoir été victime d’intimidation, à la suite du spectacle Mike Ward s’eXpose. Dans son spectacle, l’humoriste a expliqué qu’il aurait en vain, tenté de noyer le garçon. Les paroles de Ward ont été assimilées à un acte de discrimination, privant Jérémy Gabriel de son droit à la dignité.

La famille du jeune chanteur a porté plainte au Tribunal des droits de la personne. En 2016, le juge a accordé à M. Gabriel 25 000 $ en dommages moraux et 10 000 $ en dommages punitifs. L’humoriste a immédiatement rétorqué en portant le jugement en appel.

La Cour d’appel, ayant la situation entre les mains, a porté le même jugement que le Tribunal des droits de la personne. Cependant, Ward n’a toujours pas voulu payer l’amende de 35 000$ au jeune chanteur. Il a donc fait appel à la Cour suprême.

En février dernier, lors d’une apparition devant le juge de la Cour suprême, l’avocat de Ward, Me Julius Grey a plaidé : « Limiter la liberté d'expression, dans une société de cancel culture aurait un effet de frilosité, plus personne n'oserait parler ».

Tout aurait pu être réglé à l’amiable, mais Ward a cru important de se battre, chose qu’il a immédiatement regrettée. Il s’agit d’un combat entre la liberté d’expression et la dignité humaine, deux principes éthiques difficiles à prioriser. Suite aux évènements, Ward a vite sombré dans une dépression et une consommation inquiétante d’alcool. Il a même confié, lors d’une entrevue radio, avoir eu des idées suicidaires.

De son côté, le chanteur Jérémy Gabriel n’a pas passé un meilleur moment. Il a reçu d’incessantes menaces de mort, au point de s’être retiré des réseaux sociaux. Il a mentionné, lors d’une entrevue au 98,5 FM : « Les commentaires négatifs, les moqueries et les critiques, je n'ai aucun problème avec ça. Je respecte très bien les opinions différentes. Je pense juste que l'excuse d'être une personnalité publique, d’être connu ou d’être dans l'œil du public, je ne pense pas qu'on soit exempté de droits fondamentaux ou de respect ou de dignité. […] J'ai reçu un message de quelqu'un qui me disait que j'étais tellement laid qu'il fallait absolument que je me suicide. Un autre message me disait que s'il me rencontrait, il allait me détruire en me tirant une balle entre les deux yeux ».

Atteint du syndrome de Treacher Collins, une maladie qui provoque des déformations de la tête et de la surdité, Gabriel a donc décidé de prêter sa voix histoire de sensibiliser les jeunes à l’intimidation dans les écoles primaires et secondaires.

C’est donc ainsi que le plus haut tribunal du pays a tranché. Une décision qui portait sur un débat entre la liberté d’expression et la discrimination des plus médiatisé.

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