
Il en est apparu «d’autres, plus jeunes, plus fous, pour faire danser les boogaloos», comme l’entonnait un certain Charlebois dans l’une de ses célèbres chansons, au cours des 35 années de carrière d’Anthony Kavanagh.
Mais, côté énergie, Kavanagh leur fait la barbe, aux Mégan Brouillard et autres Billy Tellier, qui ne se souviennent probablement même pas du talk-show Et Anthony!, que l’homme pilotait en 1993, à 23 ans, devenant ainsi l’un des plus jeunes animateurs de la télé québécoise.
L’humoriste larguait tout récemment à l’Olympia de Montréal la première de son dixième one-man-show au titre évocateur de Happy. Et il avait probablement essoufflé une importante partie de son parterre avant 20 h 35, tant il avait, en une quinzaine de minutes, gigoté, sautillé, pastiché voix et accents et même défilé sa biographie, allant de l’obtention de son permis de conduire et l’apprivoisement de sa sexualité (en de multiples étapes), jusqu’à ses premières parties des concerts de Céline Dion, sa percée anglophone et française, son éveil culturel à Paris et son animation des NRJ Music Awards…
Une vraie bombe, ce Kavanagh, pas calmé pour cinq sous depuis le tournant du millénaire et encore franchement naturellement drôle malgré le passage des années. Et «pas barré», non plus.
Dans son habit de gentleman blanc, de son débit effréné, le verbomoteur entremêle anecdotes et leçons de vie tirées de son expérience récente de coaching en PNL (programmation neurolinguistique). La prémisse «Pour être heureux…» entame ainsi beaucoup de segments de Happy, dans lesquels Anthony Kavanagh distille conseils mieux-être (être bien avec soi-même, cesser de se comparer aux autres, éliminer les personnes toxiques de notre vie, etc) sous forme de mimiques et de pitreries.
Des coachs de vie comme Anthony Kavanagh, on en prendrait plein nos fils d’actualités Facebook.

La voix hors champ qui détaille les instructions de la salle en lever de rideau, c’est la sienne, sortant de son haut-parleur interne. Elle nous prévient très clairement que l’assistance devra faire usage de son deuxième degré tout au long de la soirée.
«Mesdames et messieurs, avant de commencer, je dois faire les consignes de sécurité», nous avise le commandant de bord sur Happy Airlines. «Veuillez mettre votre cellulaire en mode avion et votre sens de l’humour, en mode moins con…»
De fait, il y a, dans Happy, de l’immaturité, du racisme, de l’homophobie, du sexisme, de la grossophobie, de la «vraie lâcheté», de l’autodérision, des blagues de micropénis, des taquineries aux spectateurs et des vannes anti-vérificateurs d’impôts.
Oui, il va jusque-là!
Il y a aussi beaucoup de bienveillance, d’intelligence et de nuances. On ne peut plus rien dire? Minute, papillon. Avec Anthony Kavanagh, ce n’est pas compliqué, tout le monde y passe, y compris lui-même, de mille et une façons.
Y compris la Grande Faucheuse, que Kavanagh dédramatise délicieusement.
Y compris le «p’tit Jérémy».
Et même quand il s’amuse de sujets déjà généreusement explorés comme la famille, l’usure du couple, l’intuition et le verbe féminins et la passivité masculine, il le fait avec un tel aplomb que ça sonne neuf. Kavanagh n’a pas 25 ans, il ne bernera personne, mais son regard et, surtout, sa livraison sont simplement uniques.

D’autant qu’il ne fait pas que parler, Anthony Kavanah, il délire et il déconne abondamment aussi, toujours, tout du long. Il ramène sa célébrissime gestuelle de marionnette, rappelant ainsi à notre souvenir sa bonne vieille parodie des Sentinelles de l’air (beau prétexte pour rire de François Legault). Ou se charge des effets sonores dans un pot-pourri de son cru (Born To Be Wild, YMCA, Cotton Eye Joe) en impliquant ses cheveux dans l’affaire.
Il raconte, entre deux secousses de voix d’outre-tombe, avoir déjà fait un infarctus pulmonaire; même ses pauvres organes doivent être épuisés. On les comprend! La touchante déclaration d’amour au public qui clôt Happy, elle, démontre bien comment Anthony Kavanagh, au-delà de son style bouffonesque, est profondément attaché à la scène et à son métier.
On vous laisse, il faut aller se coucher. Anthony Kavanagh, invétéré showman (son précédent spectacle s’intitulait d’ailleurs ainsi), nous a complètement lavés. Mais on ne tombera pas dans les bras de Morphée (peut-être un des seuls épargnés par Kavanagh…) sans vous conseiller chaudement Happy, cet antidote à l’extrême morosité ambiante actuelle. Tenez-le loin de tout Ritalin; Anthony Kavanagh fait peut-être partie de la solution.
Anthony Kavanagh présentera Happy en tournée dans la prochaine année et repassera notamment à l’Olympia de Montréal le 14 novembre 2025.
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