Ce mercredi, on apprenait que la maison de disque Dare To Care mettait fin à sa relation d'affaires avec l'auteur-compositeur-interprète Bernard Adamus après les dénonciations d'inconduites sexuelles le visant. Ce dernier a depuis admis les faits et a mis en pause sa carrière. La journée suivante, c'est le fondateur de l'étiquette, Eli Bissonnette, qui gérait également les carrières de plusieurs artistes, dont Bernard Adamus, qui a annoncé qu'il quittait ses fonctions pour une durée indéterminée dans une publication Facebook qui a depuis été retirée.

Le fondateur de Dare To Care admettait dans cette publication qu'il était au courant des agissements de son client et qu'il n'est pas intervenu. « J’aurais dû agir plus tôt, je m’en excuse. Je reconnais qu’en n’agissant pas, j’ai été complice de tout un système qui maintient les victimes dans le silence », avait-il notamment écrit.

Il a aussi ajouté qu'il avait abusé de sa position d'autorité : « Je réalise maintenant à quel point, vu mon statut, certains de mes agissements, remarques, relations n’étaient pas forcément d’égal à égal. »

Dans la foulée des événements, Coeur de Pirate, de son nom Béatrice Martin, a par la suite annoncé qu'elle se dissociait de son gérant Eli Bissonnette. C'est d'abord dans une story Instagram que la chanteuse a dévoilé la nouvelle.

« J'ai pris la décision de rompre mes liens en gérance avec Eli Bissonnette. Je m'explique dans pas long. Merci de me donner le temps de m'exprimer sur le sujet qui est douloureux/complexe », a-t-elle écrit, visiblement ébranlée.

Crédit:Story Instagram Coeur de pirate

Comme promis, Coeur de Pirate a émis un communiqué sur sa page Instagram une heure plus tard. S'exprimer sur le sujet n'a pas été facile pour l'autrice-compositrice-interprète puisqu'elle a commencé sa carrière avec Eli Bissonnette, alors qu'elle n'avait que 18 ans.

« J’ai du mal à trouver les mots pour expliquer ce qui est en train de se passer en ce moment. Pour vrai, j’en pleure [...]. J’ai été cueillie un peu par hasard par quelqu’un qui a cru en moi, et en qui j’ai donné toute ma confiance. On a fait des grandes choses ensemble. Je suis directement liée à son succès, et au succès de sa boîte, j’ai financé pas mal de projets au final, grâce à mon travail [...]. Mais mon travail, mes efforts, ma réussite ne devraient pas servir à nourrir le mal, les secrets, les abus de pouvoir, les artistes qui n’ont franchement pas d’affaire là. »

« J’ai longtemps voulu croire en la personne qui a cru en moi et je me sens coupable de l’avoir fait. Un moment donné, ça suffit. En tant que personne qui a vécu des agressions sexuelles à plusieurs reprises dans ma vie, je ne peux pas rester là à ne rien faire, à soutenir un système ancré dans un patriarcat toxique. Je suis exténuée », poursuit-elle dans son message avant d'envoyer toutes ses pensées aux victimes et aux employés de Dare To Care.

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K Merci là. Je change de gérance, salut.

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Comme pour répondre à la déclaration de Coeur de Pirate, les 25 employés de Dare To Care se sont à nouveau exprimés sur les réseaux sociaux afin de se dissocier également d'Eli Bissonnette. Loin de ne rien se reprocher, la maison de disque a fait son mea culpa en prenant une part du blâme.

« Nous sommes 25 humains bouleversés qui en ce moment ressentent la honte, la culpabilité, la colère, la tristesse et plein d’autres émotions que nous n’arrivons pas à nommer [...].

À travers notre expérience professionnelle chez DTC, nous avons endossé et normalisé trop souvent et à tort des comportements déplacés. Nous n'avons pas été en mesure de créer un espace sécuritaire pour que les voix soient entendues et nous avons manqué d’écoute à plusieurs reprises. Nous en sommes sincèrement désolés.

À ce jour, nous travaillons activement à définir ce que sera notre entreprise ''demain'', mais ce qui compte, c’est le respect et l’intégrité de nos artistes, de ce qu’ils ont accompli. Ce qui compte tout autant, c’est la dignité des employés qui se sont donnés corps et âme pour faire vivre ces projets et qui travaillent avec passion jour après jour. Nos artistes et nos employés ont le droit de voir leurs projets et leur travail vivre sans être entachés par les erreurs de deux individus. Il est clair cependant que ceci vient avec le devoir de reconnaître les erreurs du passé et de s’assurer de ne plus jamais les reproduire », peut-on lire dans le message de l'entreprise.

Reste toutefois un problème, Eli Bissonnette est l'unique actionnaire de Dare To Care. Les employés de la maison de disque ont indiqué à ce sujet vouloir prendre « la voie de la médiation pour modifier notre structure afin d’assurer la continuité de nos opérations. »

« Nous nous engageons également à rompre tout lien avec des artistes, collaborateurs et partenaires visés par des allégations ou agissements qui ne correspondent pas aux valeurs que l’on souhaite véhiculer », a finalement conclu la maison de disque.

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