La diversité à la télé, c’est loin d’être un acquis. Les différentes chaînes, au Québec comme ailleurs, tentent de plus en plus de la faire valoir dans leurs émissions et on en a vu un bon exemple dans la dernière édition d’Occupation Double où plusieurs candidats d’origines diverses ont participé. Malheureusement, ça ne les a pas empêchés d’être pour la plupart les premiers éliminés, à une exception près : Kiari Gerba est devenu le premier finaliste noir de l’histoire de la téléréalité. Si on peut l’applaudir pour cet accomplissement, on peut aussi se demander comment c’est possible que ça ait pris 13 saisons pour en arriver là.
Celui qui se fait surnommer Kiki a lancé un blogue la semaine dernière et revient sur sa réalité d’homme noir à OD dans son plus récent billet, publié lundi soir. Né au Québec de parents d’origine camerounaise, le Montréalais était bien sûr ravi de fouler le continent africain pour la première fois grâce à l’aventure, mais aurait bien pu se passer des commentaires le liant à d’anciens participants de couleurs : « Comment oublier les nombreux malaises de Louis-Pierre, à Occupation Double au Portugal, où aucune fille ne s'était intéressée à lui et son fameux quote : «y'a bang mon coup de coeur, esti»? On ne peut bien sûr pas oublier le légendaire tapis rouge de Pierre Hans et son fameux «c'est tellement la vie, genre». Avant de partir en Afrique du Sud, je l'ai tellement entendu souvent... «Please bro, fais-nous pas un Pierre Hans!» Je trouvais ça incroyablement frustrant. J'ai énormément d'admiration pour ces deux candidats […] Ce que je trouvais le plus triste est qu'involontairement, tout le monde me renvoyait à lui quand il pensait à ma participation éventuelle à OD. »
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En plus de souffrir de ces comparaisons, Kiari est bien conscient que sa couleur de peau était probablement le principal référent de bien des téléspectateurs quand venait le temps de le mentionner. « Je suis quand même curieux de savoir combien d'entre vous me percevaient sans le vouloir comme le «Noir à OD» et non pas comme le conseiller financier à OD, ou comme le grand à OD, ou encore comme le peureux à OD? », écrit-il. Pourtant, le candidat affirme même avoir altéré sa personnalité pour éviter le plus possible de renforcer des stéréotypes auprès du public. « Devais-je m'imposer ce fardeau? », se questionne-t-il à ce sujet. « N'est-ce pas le travail de la société de faire tomber certains préjugés et de juger toute personne individuellement? […] Devais-je présenter ma passion pour le poulet, mon manque de «skills» en natation, les expressions d'origine créole de Montréal, mes dreadlocks détachées, mon amour pour les femmes ayant des «formes» et la grandeur de mes parties génitales? Ou bien, devais-je garder ces stéréotypes pour moi pour ne pas avoir l'air d'une caricature? »
Dans sa vidéo de présentation, Kiari avait fait beaucoup réagir en lançant qu’il était « proportionnel de partout ». Mais quand c’était les autres qui le décrivaient ainsi, il n’était pas aussi à l’aise : « Ce n'est peut-être que moi, mais, souvent, lorsque les candidats le répétaient, je trouvais ça bizarrement rabaissant, car je le percevais parfois comme si ceux-ci insinuaient que le seul intérêt d'une femme pouvait ressentir envers un Noir était la longueur de son pénis. Je sais que ça sonne full dramatique et que ma vie fait pas pitié... mais y a-t-il un peu de vérité là-dedans? »
« Je ne blâme personne d'autre que moi-même pour la façon dont je me suis senti à travers l'aventure. J'ai voulu plaire, j'ai voulu être constamment «politically correct» et j'ai voulu me protéger du jugement racial. Cela dit, après avoir regardé les émissions et avoir vécu un autre type de jugement, je me rends compte que j'aurais dû être moi-même à OD, peu importe les critiques que ça pourrait engendrer », conclut-il avant de souhaiter que les prochains candidats issus de la diversité n’hésitent pas à être entièrement eux-mêmes.
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