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Un gars, une fille de retour, entrevue avec Guy A. Lepage!

Une nouvelle saison d’Un gars, une fille (la 10e au total depuis mai 1997!) sera mise en ligne sur ICI TOU.TV EXTRA le vendredi 3 janvier.

Après avoir regardé trois de ces 12 épisodes tout frais, on vous confirme que Guy (Guy A. Lepage) et Sylvie (Sylvie Léonard) – et toute l’équipe d’auteurs qui leur donnent vie, Guy A. Lepage en tête – n’ont rien perdu de leur efficacité comique.

Dans cette nouvelle fournée, le couple s’adonne au bénévolat dans une banque alimentaire, fait appel à une styliste, participe à la (fausse) téléréalité Colore ta vie, se fait tatouer et planifie un voyage pour aller renouveler ses vœux de mariage sous le soleil. Bien sûr, la progéniture adulte, Camille (Anyjeanne Savaria) et Charles (Jean-Christophe Leblanc), n’est encore jamais bien loin, tout comme l’antipathique Mau (Camille Léonard), partenaire de Camille, Geneviève (Geneviève Brouillette), l’éternelle rivale de Sylvie, Martin (Martin Petit), l’ami de la famille à la candeur juvénile, et tout le reste de l’entourage habituel de Guy et Sylvie. Plusieurs personnalités (Debbie Lynch-White, Karine Gonthier-Hyndman, Pénélope McQuade, Mélissa Désormeaux-Poulin, Caroline Néron, Éric Bruneau, Marie-Lyne Joncas, les gars de RBO et bien d’autres) apparaitront aussi dans des rôles épisodiques.

Nous avons profité du visionnement de presse de la populaire comédie, mercredi, pour nous entretenir avec l’âme (idéateur, auteur, réalisateur, producteur) et acteur principal de celle-ci, Guy A. Lepage, sur ce projet qui le rend toujours extrêmement fier.

Hollywood PQ: «Guy, c’est fascinant de constater à quel point Un gars, une fille conserve sa pertinence, après toutes ces années. Même par rapport aux épisodes de l’an dernier, vous arrivez à éviter la redite…

Guy A. Lepage: «On ne veut pas se répéter! Il y a beaucoup de monde qui nous surveille! Sylvie [Léonard] ne veut pas qu’on se répète, Mélanie [Campeau, sa conjointe et coproductrice de la série] ne veut pas que je me répète… Je suis checké

L’affiche officielle de la 10e saison d’Un gars, une fille / Crédit : Courtoisie Radio-Canada

«Mais, c’est plus facile aujourd’hui. Je me souviens, quand on a arrêté, la première fois [en 2003, NDLR], on aurait pu continuer trois, quatre ou cinq ans. Mais, moi, je trouvais que les idées venaient plus difficilement. Ça ne paraissait pas à l’écran, mais moi je savais que, ceci ou cela, on l’avait déjà fait. Nos personnages n’avaient pas d’enfants, nos situations professionnelles étaient semi-louches – on ne savait pas trop ce que Guy et Sylvie faisaient –, et je ne voulais pas tomber dans les enfants. Je ne voulais pas faire Un gars, une fille qui changeaient des couches! Maintenant, on a des enfants, on a des parents à l’hôpital, on est à la semi-retraite, mais pas indépendants de fortune – si on ne fait pas attention, ou si on ne travaille pas, on n’aura plus d’argent –; alors, on profite de la vie, comme bien des gens de ma génération à cet âge. Et, ça, ça me donne des possibilités, au niveau du scénario, que je n’avais pas à l’époque. À date, les 26 premiers épisodes, je n’ai pas trouvé ça compliqué. Zéro, même.»

HPQ: Est-ce que le fait d’avoir avec toi, dans l’équipe d’auteurs, des complices qui font partie de l’équipe d’Un gars, une fille pratiquement depuis le début (comme Sylvie Léonard, André Ducharme, Sylvie Bouchard, Martin Perizzolo, Jean-François Mercier, etc.) facilite la création? Et travaillez-vous aussi avec de jeunes auteurs qui apportent de l’eau au moulin?

G.A.L: «Il y a un peu de jeunes, dont la formidable Suzie Bouchard. Elle est vraiment hot! Je l’ai appelée l’an dernier pour qu’elle fasse quelques scènes pour cette nouvelle saison, et là, je veux sérieusement qu’elle en fasse plus. Je la trouve vraiment, vraiment douée! Je trouve qu’elle a un super sens de la répartie et du dialogue. Je n’ai rien contre, moi…»

HPQ: Qu’est-ce que Un gars, une fille avait changé dans ta carrière, à l’époque?

G.A.L: «Tout! Tout, tout, tout. C’était après RBO. C’était une catharsis, pour moi, Un gars, une fille. RBO, nous, on était de la génération MusiquePlus; en fait, c’est quasiment MusiquePlus qui était de la génération RBO! (rires) C’était l’école des 22 plans en 30 secondes, des chorégraphies, du rythme saccadé. On se faisait maquiller pendant quatre heures, pour être huit secondes à l’écran. C’était ça, RBO, extrêmement dynamique. Et moi, j’étais tanné de me déguiser! J’étais tanné de commenter des montages. À cette époque, j’étais ami avec Sylvie, et on parlait des émissions de couples, où, aussitôt que le couple se retrouvait dans une situation d’intimité, on n’y croyait pas. Tu sais, le monde qui se lève de leur lit et qui mettent des robes de chambre? Moi, du monde qui mettent des pyjamas à 32 ans, je n’en connais pas! Nous, on se disait qu’on ne ferait pas ça. Et moi, je voulais faire du plan-séquence, parce qu’avec RBO, c’était juste ça, et je voulais aller ailleurs. La forme était ailleurs, le sujet était ailleurs… et ç’a pogné! Ç’a tellement pogné! Alors que, moi, je me disais: ça ne coûte rien, faire cette émission-là. Même si on fait 300 000 de cotes d’écoute, ils [Radio-Canada], ne nous feront pas ch*er. Et… sibole! Ç’a été le gros, gros hit de la télévision!»

Guy A. Lepage et Sylvie Léonard, vedettes d’Un gars, une fille / Crédit : Serge Cloutier

HPQ: Rappelle-moi dans combien de pays Un gars, une fille a été adaptée?

G.A.L: «Il y a eu 31 versions dans 38 pays. Il y a des pays qui l’ont fait deux fois. Il y a aussi, par exemple, des versions de la France qui ont été diffusées dans 50 pays en Afrique, mettons.»

HPQ: Es-tu fier de ça?

G.A.L: «Ben oui, c’est ma plus grande fierté!»

HPQ: Est-ce que d’autres producteurs t’ont demandé conseil? Tout le monde essaie aujourd’hui d’exporter ses concepts, et ça n’a pas l’air nécessairement facile…

G.A.L: «En fait, c’est plus facile maintenant, parce qu’il y a des marchés. À l’époque, la France m’offrait des jobs. On m’offrait d’aller développer des concepts internationaux. Et je répondais que je ne développais pas des concepts internationaux! Un gars, une fille, il n’y a rien de plus Plateau Mont-Royal que ça! Mais je me suis rendu compte, au fil des années, qu’un gars et une fille de 35 ans, qui se demandent s’ils veulent ou pas des enfants, s’ils vont rester en ville ou en banlieue, qui ne savent pas s’ils vont rester locataires ou devenir propriétaires, ce couple-là existe à Lisbonne, à Varsovie et à Londres.»

Guy A. Lepage et Sylvie Léonard dans une scène de Un gars, une fille / Courtoisie Radio-Canada

HPQ: Dans la vie, ressembles-tu à Guy? As-tu les mêmes réactions que lui devant, par exemple, les réalités vécues par ses enfants, les questionnements sur l’identité de genre, etc? On dirait que Guy, dans la série, représente beaucoup de papas de 60 ans en 2024…

G.A.L: «Il y a des jokes que je ferais (rires). Mais surtout parce que ce sont de bonnes jokes! Moi, je viens de RBO. Je peux faire un gag même si je pense exactement l’inverse, juste parce que la joke est drôle! Et mes amis me connaissent….»

«Mais, pour moi, c’est à la pièce. Je ne fais partie d’aucun mouvement. Je fais partie du mouvement de la logique, du respect, de la liberté. Moi, la liberté des autres qui n’enlève rien à ma liberté, c’est activité libre. Quand on essaie de m’imposer des bébelles ou des façons d’agir, ça, ça me tape un peu. Je suis plus nuancé et intelligent que le Guy d’autrefois. Mais, comme le dit André Ducharme: les gens qui disent que je suis le chef des wokes ne me connaissent pas! Parce que ce n’est exactement pas ça que je suis dans la vie! Zéro, même. J’aime que les gens qui s’identifient et qui sont fiers de s’affirmer le fassent, mais je ne veux pas me sentir coupable – jamais – d’être un homme blanc de 60 ans en position de pouvoir. Le pouvoir, c’est d’en user et de ne pas en abuser; ce que certaines personnes qui sont présentement devant la Cour criminelle n’ont pas réalisé (sourire) et sont en train de passer au bat présentement!»

«Mais on vient toujours de quelque part. Je pense que la nouvelle génération qui s’affirme – dans ce qu’elle veut, comment elle veut travailler, comment elle veut être nommée – a eu des parents, avant, qui ont défriché, qui ont travaillé et leur ont donné une certaine liberté de parole et de temps. Moi, je viens d’une famille très humble, et je n’étais pas destiné à faire ça pantoute. Alors, quand quelqu’un me dit que je suis un homme blanc en position de pouvoir, je lui dis: Va ch*er! Je n’ai pas à me justifier. Mais, je pense que si j’étais une femme, j’aurais exactement le même ost* de caractère. Même chose si je venais d’une minorité culturelle. Mais, en tant que femme ou dans une minorité culturelle, j’aurais certainement eu plus d’embûches. Ça, c’est clair et je le sais. Il est là, mon privilège.»

HPQ: Est-ce que les gens de 25 ou 30 ans d’aujourd’hui adhèrent à la nouvelle mouture d’Un gars, une fille?

G.A.L: «Ils adhèrent à nos enfants [dans la série]. Je suis quand même l’animateur de Tout le monde en parle; je peux bien me cacher, comme comédien dans une série, tu le sais, à quelle enseigne je loge! Je pense qu’avec ça, le gars de RBO, qui fait le gars dans Un gars, une fille, et qui anime Tout le monde en parle, si tu n’as pas assez d’indices pour deviner je suis comment dans la vie – même si c’est parfois un peu complexe – si avec toutes ces informations-là, tu ne t’es pas fait une bonne idée, je ne peux pas t’aider davantage!»

HPQ: Justement, parlant de Tout le monde en parle, on sent les élections fédérales approcher. Vous allez avoir du fun

G.A.L: «C’est super! Ça va être super. Je ne sais pas si le résultat va être super (rires), mais pour nous, ça va être super!»

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