Tout le Québec à l'unisson: Un spectacle de la Fête nationale sous le signe de la solidarité
Audrée LaurinCe mardi se tenait le Grand spectacle de la Fête nationale, Tout le Québec à l’unisson. Pandémie oblige, l’événement n’a pas pu prendre place dans les différentes régions du Québec, mais bien sur notre petit écran dans un spécial télévisé exceptionnellement diffusé en simultanée sur TVA, Télé-Québec, ICI Télé et V.
Malgré tout, c’est un vent de fraîcheur et de renouveau qui nous a été proposé hier soir. Les derniers mois et les dernières semaines auront réellement eu un impact sur le spectacle proposé aux Québécois et aux Québécoises. Le titre l’indiquait par lui-même, on voulait nous présenter un spectacle rassembleur pour encore une fois briser l’isolement causé par le virus, mais plus encore, envoyer le message que nous sommes un peuple solidaire.
« La solidarité, c’est le ciment d’un peuple, c’est ce qui nous rend plus forts. La solidarité n’a pas de couleur, mais elle a un coeur et ce soir, nos coeurs battent au même rythme », a d’ailleurs déclaré Pierre Lapointe, coanimateur de la soirée avec Ariane Moffatt.
L’événement unique s’est ouvert aux abords de l’amphithéâtre de Trois-Rivières dans une rétrospective de moments marquants des Fêtes nationales de 1974 à aujourd’hui. Accompagnée de la musique de l’Orchestre Métropolitain, l’ouverture a vite fait vibrer les téléspectateurs et téléspectatrices.
Le conte de Fred Pellerin représentait bien l’état dans lequel le Québec se trouve actuellement, soit une phase de changement vers une plus grande ouverture et bienveillance. « Nous sommes issus d'un monde qui allait à la vitesse du son et qui a frappé un mur géant, microscopique. Le sens-tu toi too, le vertige étrange, comme si ce monde-là était devenu un ancien monde. On serait peut-être dans un passage. Le sentiment qu’on aurait peut-être passé la fin du monde […]. Là, on peut revendiquer quelque chose de différent […], quelque chose […] de beaucoup plus lumineux. […] Ça s’appelle le débutdumondisme, c’est une conviction profonde que ça commence, c’est la certitude que c’est parti », a-t-il raconté avec douceur.
Au commencement du monde était donc la première pièce de ce grand spectacle. Chanté par le conteur, mais aussi Corneille, Patrice Michaud, Richard Séguin et les Soeurs Boulay, le tout démarrait comme un baume pour apaiser les coeurs.
La thématique d’un monde nouveau s’est ensuite poursuivie tout au long de la soirée en incorporant bien entendu tous les plus grands succès québécois, des classiques aux nouveaux hits des dernières années, interprétés par la quarantaine d’artistes invités. Des discours engagés ont aussi été entendus, notamment par le poète, auteur et slameur David Goudreault, par la comédienne Christine Beaulieu avec le récit de nos rivières et leurs noms autochtones ainsi que par le musicien Gregory Charles pour un nouveau monde qu’il imagine « comme un irrésistible refrain dont le rythme et les harmonies sont universels et dont la mélodie, simple et belle, rappelle les origines parfois lointaines et multicolores des humains qui parcourent ses forêts, qui naviguent ses lacs, qui s’animent dans ses villes ».
Parmi les moments forts de la soirée, on note d’abord l’instant où la fête a bel et bien démarré, soit avec Louis-Jean Cormier et sa superbe chanson Tout le monde en même temps. Il a été rejoint par Luce Dufault, Gregory Charles au piano et Roch Voisine, avant que ce dernier ne prenne la relève avec la fameuse Bobépine. Le tout a pris une tournure des plus modernes avec Ciel de FouKi, qu’on est allé rejoindre sur le toit de l’amphithéâtre, pour mieux revenir à la nostalgie totale avec Je danse dans ma tête, où Marie-Mai s’en est donné à coeur joie en compagnie de danseurs.
Mais que serait la Fête nationale sans Beau Dommage? C’est bien ce que pensaient Pierre Lapointe et Ariane Moffatt avant de laisser la place à Marie Michèle Desrosiers et Michel Rivard. Les deux membres de l’illustre groupe ont enchaîné pour notre plus grand bonheur Amène pas ta gang, Le géant Beaupré, J'ai oublié le jour puis Le blues de la métropole.
Il ne faudrait pas non plus oublier la bière qui coule souvent à flots durant la Fête nationale. Prendre un verre de bière mon minou, Deux autres bières, D’la bière au ciel, Rideau, Shooter de fort, Jonquière, Arrête de boire étaient donc de mise pour un numéro festif, un verre à la main.
Le segment pour féliciter les plus jeunes d’avoir su traverser la crise avec autant de maturité que les adultes était également beau à voir grâce à la touchante Lili par Vincent Vallières et Complots d’enfants où la voix de Félix Leclerc a résonné. Même constat pour la performance où Marie-Mai, Coeur de Pirate et Ariane Moffatt se sont unies pour chanter chacune un de leurs succès. On ne peut pas non plus passer à côté de l’arrangement autour de Je joue de la guitare avec Émile Bilodeau, Patrice Michaud, Roch Voisine, Vincent Vallières et Paul Piché. Ce dernier a livré Y’a pas grand chose dans l’ciel à soir au rythme des explosions de feux d’artifice multicolores.
Pour ce qui est de notre fibre sentimentale, elle s’est enflammée lors de prestations comme Aimons-nous, interprétée avec coeur par Mélissa Bédard, ou encore Le nouveau départ, pièce instrumentale fort émouvante de la pianiste Alexandra Stréliski. Diane Dufresne nous a quant à elle donné des frissons avec Mais vivre aux côtés de l'Orchestre symphonique de Montréal, de l'Orchestre Métropolitain et de l'Orchestre de l'Estuaire.
On a également beaucoup apprécié l’hommage rendu aux artistes et artisans qui nous ont quittés : André Cartier, Yves Létourneau, Ghyslain Tremblay, Hubert Gagnon, Claude Lafortune et Renée Claude. Tous ne seront pas oubliés, car ils ont à leur manière marqué le Québec et son imaginaire.
Reste que c’est la musicienne et chanteuse inuk Elisapie qui a volé notre coeur en fin de spectacle. Son discours sur la richesse de la diversité représentait le point culminant de cette grande fête qui se doit d’inclure toutes les communautés qui font du Québec ce qu’il est.
« Et peut-être, on pourra rêver d’un monde uni, mais il faudra faire attention et prendre soin de cette unité tous les jours, toutes les heures. Il ne faudra plus jamais laisser tomber personne en cours de route; les plus visibles, les nouveaux, les plus fragiles, les différents, les moins jeunes, les moins riches, les éloignés, les écorchés, ceux qui n’arrivent plus à respirer ou celles pas encore disparues. C'est dans notre multitude que naît notre richesse », a scandé avec force l’artiste.
Les souhaits pour un nouveau monde meilleur de Fred Pellerin, Ariane Moffatt et Pierre Lapointe sont venus appuyer les propos de la chanteuse et nous lancer la réflexion : « Ce monde-là, il sera ce qu’on en fera. Ça nous appartient de mettre ce qu’on a de mieux dedans. […] Et toi, tu mets quoi dedans? »
Une réponse qui ne vient pas seule, mais bien en collectivité. C’est donc autour du chanteur Richard Séguin et Quand on ne saura plus chanter que se sont réunis tous les artistes qui ont participé au spectacle pour offrir un dernier moment magique au public. Une fin significative qui témoigne du message propagé à travers tous les différents numéros de la Fête nationale, soit Tout le Québec à l’unisson.
Pour voir ou revoir le Grand spectacle de la Fête nationale, c’est ici.