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Le savoureux «Bon jus» d’Arnaud Soly
Crédit Najim Chaoui

Le 7 avril 2020, Arnaud Soly devait vivre le stress de la première médiatique de son déjà très attendu premier one man show, intitulé Stand up (désormais trouvable sur Crave).

Seulement, remémorez-vous où vous étiez, à pareille date, il y a cinq ans. La planète quasi tout entière composait surtout avec la tension d’un coronavirus sournois qui allait finalement nous confiner à domicile pour un bon moment.

Ne lui faisons pas l’honneur de le nommer encore!

Arnaud Soly, lui, s’était tourné vers les réseaux sociaux pour se garder le muscle comique actif et entretenir le lien avec ses fans. Avec un grand, très grand succès.

La tournée Stand up n’a pas souffert du report de représentations et de l’annulation de la grand-messe glamour que constitue le coutumier lancement montréalais avec avalanche de critiques et communiqué de presse au ton triomphal émis le lendemain.

Soly a finalement écoulé plus de 70 000 billets de ce premier spectacle, et semble bien parti pour réitérer la réussite avec Bon jus, son nouvel effort qu’il dévoilait devant collègues et amis à l’Espace St-Denis, mercredi. Car Bon jus avait déjà trouvé 25 000 preneurs avant Noël. L’homme a du même coup confirmé qu’effectivement, le glam, très peu pour lui: aucun tapis rouge ne précédait sa prestation, mercredi, même si les invités de prestige ne manquaient pas.

Arnaud Soly à la première de son deuxième spectacle, Bon jus, à l’Espace St-Denis, le 12 mars 2025 / Crédit : Najim Chaoui

Or, cette fois, critiques il y aura. Sûrement très positives, devine-t-on.

Parce qu’Arnaud Soly est bien plus que «le gars de la flûte dans le nez» et «le gars qui s’est fait péter dans la face par Christine Morency» (des souvenirs qu’il rappelle lui-même en cours de route).

L’artiste ne réinvente absolument rien. Même que ç’avait été mentionné lors du passage de l’humoriste à Tout le monde en parle, récemment: le style Arnaud Soly, sur scène, est beaucoup moins burlesque que ses capsules virtuelles le laissent entendre. Arnaud Soly donne dans le monologue traditionnel et dans le sujet très accessible.

Même qu’on s’étonne à quelques reprises de l’entendre soulever des clichés et lieux communs déjà bien défrichés. Mais la vedette de l’heure est en pleine possession de ses moyens. Un texte finement ciselé et actuel (avec de petites touches de «niaiseux» typiquement Soly), des observations pertinentes qui trouvent écho chez un public clairement «vendu» d’avance, une énergie communicative, la recette Soly est simple et concluante.

Bon jus se veut davantage léger qu’engagé; le principal intéressé verbalise d’ailleurs clairement qu’il se tient loin de toute polémique.

Et on lui pardonnera certaines thématiques éculées, parce qu’Arnaud Soly les amène bien et intelligemment.

Le fil conducteur de Bon jus n’a sans doute pas été difficile à trouver: Soly puise dans sa réalité de jeune papa de deux fillettes pour ensuite, plus largement, ouvrir sur ses horizons de mi-trentenaire aux préoccupations terre-à-terre.

Il passe par l’éducation des enfants pour se rendre aux codes de la cour d’école, à son amour du gangsta rap, à une visite à la cabane à sucre avec des amis français et à la violence des réseaux sociaux. Mais, toujours, il revient à la famille, que ça soit en rebondissant sur la sexualité dans son couple ou sur sa vasectomie.

Arnaud Soly à la première de son deuxième spectacle, Bon jus, à l’Espace St-Denis, le 12 mars 2025 / Crédit : Najim Chaoui

Un excellent running gag, explicatif du titre Bon jus et lui aussi lié au statut de chef de clan d’Arnaud Soly, revient souvent – et efficacement, et fièrement! – dans l’enchaînement et offre le point culminant à ces 80 minutes drôlement bien tassées, sans la moindre longueur ou blague inutile.

Arnaud Soly maîtrise admirablement bien l’art du rythme, comme celui du mouvement spontané placé juste au bon moment pour causer la surprise et appuyer un effet, et du crowdwork (dialogue avec le public) bien dosé.

On a particulièrement aimé, de Bon jus, le regard lucide sur les travers de la vie des parents, comme ce besoin de surveillance constante des mioches, jour et nuit, syndrome de mort subite du nourrisson oblige, cette savante analyse d’éléments de contes pour tout-petits (Les trois petits cochons pour expliquer la crise du logement, Blanche Neige pour illustrer le consentement), l’analogie entre le jeu du Roi de la montagne et les fortunés de la société, la lecture de certains commentaires déplacés publiés sous la première photo du nouveau-né d’Arnaud et sa conjointe…

En 2023, au Gala les Olivier, Arnaud Soly, avec sa comparse Virginie Fortin, avait offert un percutant et controversé numéro raillant les humoristes des années 1990 qui «jouaient au St-Denis 300 fois par an». Ironiquement, c’est lui aussi au St-Denis (passé de «Théâtre» à «Espace» depuis) qu’Arnaud Soly inaugurait son nouveau matériel, mercredi (pantalons de cuir et blagues racistes en moins).

Arnaud Soly à la première de son deuxième spectacle, Bon jus, à l’Espace St-Denis, le 12 mars 2025 / Crédit : Najim Chaoui

Et, à l’instar d’autres talents de son âge –  comme Simon Gouache, par exemple – , Arnaud Soly s’impose désormais comme l’un des chefs de file de la nouvelle garde d’humoristes de stand up d’ici. Ceux-ci n’imitent plus d’accents comme les Mat et Pat de jadis, mais savent tourner les aléas de la vie à leur avantage pour partager un bon moment de détente.

Et un peu (ou pas) de Bon jus

Arnaud Soly présentera Bon jus en tournée partout au Québec dans la prochaine année.

Consultez arnaudsoly.com pour toutes les dates.

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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