Boucar Diouf figurait parmi les trois invités de La vraie nature ce dimanche. En compagnie de Mariloup Wolfe et Sébastien Benoit, l’artiste aux multiples chapeaux s’est confié à l’animateur Jean-Philippe Dion. Toutefois, comme Boucar Diouf est né au Sénégal, on peut dire que le premier segment de l’émission où les invités parlent de leur enfance a présenté des histoires bien différentes.
Boucar Diouf habitait dans une case africaine avec son père (maintenant âgé de 92 ans), sa mère et leurs neuf enfants, en plus de la seconde femme de son père et leur progéniture. En tout, ils étaient 20 personnes sous le même toit et tous obéissaient au père, « un chef de meute, un mâle alpha ».
Boucar a indiqué que, malgré que son père était autoritaire, il était plus doux avec lui, car à sa naissance il avait hérité de la même condition à la jambe droite que son grand-père. Son père lui a donc donné le nom de son propre géniteur et a par la suite pensé que Boucar était en quelque sorte son incarnation. Il l’appelait même papa!
C’est pourquoi Boucar a choisi de venir faire ses études au Québec, pour s’éloigner de son père et devenir sa propre personne. « Pour moi, ç’a été la meilleure décision de toute ma vie », a-t-il dit sans ambages.
Installée à Rimouski où il a terminé son doctorat en océanographie, Boucar Diouf est devenu professeur à l’Université du Québec à Rimouski où il a enseigné la science à ses élèves qui l’ont adoré pour ses cours qui se transformaient souvent en spectacle d’humour; un fait un peu moins apprécié de son recteur. Néanmoins, cela l’a mené quelque part, puisque ses élèves l’ont inscrit à un concours de Juste pour rire où il a représenté l’Est du Québec.
Par la suite, sa carrière a connu l’ascension qu’on connaît. Reste que malgré l’amour et l’attachement des Québécois envers lui, Boucar Diouf avoue avoir dû faire ses preuves. Son accent et la manière dont il aborde l'humour n'ont pas tout de suite été acceptés. Ses premières apparitions à la télé ont été marquées par les commentaires des gens qui disaient ne rien comprendre de son accent. « Ça m’avait fessé, parce que moi, je ne changerais pas mon accent. Je suis un Africain qui roule ses »r» pis ça va être ça », a-t-il expliqué durant l’émission.
Plus encore, il a même été renvoyé à quatre reprises du Festival Juste pour rire, car on ne le trouvait pas assez drôle. « Ils me disaient : »On va engager quelqu’un pour puncher ton texte», mais moi je leur disais : »Non, pas besoin de quelqu’un pour puncher mon texte, je suis capable d’écrire de l’humour» », s’est remémoré avec émotions Boucar Diouf. Maintenant, il n’accepte plus leur invitation. « L'humour n'est pas une finalité pour moi. Même si l’humour disparaissait demain, je ferais autre chose ».
Jean-Philippe lui a alors posé une question qui a particulièrement bouleversé Boucar Diouf : « Qu’est-ce que tu as appris sur toi à travers ce que tu as vécu dans les dernières années? »
« Que j’étais un individu très complexé, beaucoup plus que je le pensais […], par son physique, par sa dentition, par tout. J’ai grandi dans le complexe, car je dis souvent que je suis parti avec une valise sur la tête. Elle était trop lourde pour moi. C’est mon père qui a mis trop de bagages là-dedans pour moi. C’est très lourd… beaucoup. Pour résumer, c’est à ça que les gens m’ont aidé, à les déposer par terre. J’ai rencontré une femme formidable qui m’a dit : «Ouvre la valise et on va regarder ensemble ce dont tu n’as pas besoin. Tasse-les, parce que sinon tu vas donner tous ces bagages trop lourds à nos enfants» ». Sa conjointe, Caroline Roy, faisait bien entendu référence aux enfants qu’ils ont eus ensemble, Joëllie et Anthony Diouf.
Cette recherche en lui a permis à Boucar Diouf de faire la paix avec son passé. « Je vieillis sereinement », a-t-il dit, tout en ajoutant que c’était ce que représentait le Québec pour lui.
Pour visionner l’épisode complet, c’est ici.
La vraie nature est diffusée sur les ondes de TVA les dimanches soirs.