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Mathieu Holubowski de La Voix, un artiste unique sur la scène québécoise – Entrevue HollywoodPQ
Mathieu Holubowski de La Voix un artiste unique sur la scène québécoise - Entrevue HollywoodPQ

Entrevue HollywoodPQ: Mathieu Holubowski de La Voix, un artiste unique sur la scène québécoise.

On précise « de La Voix » par pur soucis de convenances. Au fond, on sait bien que le nom Holubowski est, depuis quelques mois, devenu gage d’originalité dans le milieu de la musique au Québec.

On se souvient encore de sa première audition à l’aveugle et de son interprétation de la chanson Burn de Ray Lamontagne. Dès lors, on a su qu’on avait affaire à quelque chose de différent (c’est sans doute ce qui l’a mené à devenir le finaliste de l’équipe de Pierre Lapointe) et, il a beau avoir cédé la victoire à Kevin Bazinet, Mathieu Holubowski était loin de tirer sa révérence.

C’est dans les dernières semaines que Mathieu a solidifié son statut de pionnier en devenant le premier artiste issu de La Voix à signer un contrat de disques avec Audiogram (la maison qui représente Ariane Moffatt, Pierre Lapointe et Isabelle Boulay, entre autres). Il vient ainsi de glisser le pied du côté des grands. Avec la relance de son premier album, Ogen, Old Man, on sait déjà qu’il est dans notre paysage musical pour y rester.

Voici le résultat de notre entretient avec lui, lors de son plus récent concert au Divan orange de Montréal.

Mathieu Holubowski de La Voix, un artiste unique sur la scène québécoise - Entrevue HollywoodPQ

HollywoodPQ: Qu’est-ce qui t’a poussé à participer à La Voix?

Mathieu Holubowski: Disons que dans le monde musical auquel j’appartenais, ce n’est pas le genre de choses qu’on fait. Il y a beaucoup de préjugés par rapport à la télévision, mais particulièrement aux émissions télé qui ont un aspect musical. Je dois dire, d’avoir participé à La Voix, ce n’est pas la voie facile. C’est beaucoup de travail. C’est sûr que tu réussis à skipper pas mal des épreuves normales du parcours d’un musicien, mais ce n’est définitivement pas facile.

Au départ, ça ne me tentait pas trop et j’ai décidé d’y aller parce que je trouvais ça comique. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup voyager et essayer de nouvelles choses. Je me suis dit que ça serait un trip qui me ferait des choses à raconter. Au final, je suis entré là-dedans sans trop savoir ce que je faisais. Tout d’un coup ça a comme explosé… Je n’avais aucune idée que trois millions de personnes écoutaient ça! Ça a complètement chamboulé ma vie, mais ce n’était pas le but. Je ne pensais pas du tout me rendre en finale…

Quand j’ai choisi Burn de Ray Lamontagne c’était spécifiquement pour faire une tune que j’aime et pour faire connaître une tune que les gens ne connaissent pas, pour faire découvrir de la musique aux gens. Je me suis dit que soit les gens allaient me huer parce qu’ils n’aiment pas ça, soit ils allaient découvrir ce genre de musique et ça fait une genre de vague. Quand j’ai vu que ça avait un effet monstre, j’ai pris un peu plus conscience des choix de chansons et de ce que je disais en entrevue.

Réponse rapide à ta question, c’est que je me suis lancé là-dedans comme je me lance dans toute aventure; vraiment pour voir ce que je pourrais en ressortir. Toutes les aventures dans ma vie, je m’en suis sorti meilleur. J’ai appris, avec La Voix, à voir certains préjugés que j’avais, que beaucoup de gens ont encore…

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HPQ: Comme quoi?

Matt: Euh… Disons que là avec la nouvelle vague de gens qui vont à La Voix, j’ai des amis qui ont vu l’effet que ça a sur moi ou sur d’autres personnes qui appartiennent plus à la scène indie. Le consensus c’était que c’était une grosse machine qui va tout transformer en pop. Il y a beaucoup de préjugés de ce genre-là.

Le concept de « machine » c’est quelque chose que j’utilisais beaucoup moi-même et que je n’emploie plus suite à une conversation avec Stéphane Laporte où j’ai dis « la machine » et qu’il m’a repris en me demandant de quelle machine je parlais. « C’est quoi la machine? C’est moi, c’est Esther, les producteurs, les techniciens de son. Ce sont des gens intègres qui essaient de faire un show de variété qui va plaire à trois million de personnes qui ont des goûts musicaux différents. Ce n’est pas facile! »

J’ai finalement compris, après cette conversation-là, que tout le monde essaie de faire ses propres trucs avec sa propre intégrité. Kevin [Bazinet] fait de la pop, moi je fais du folk, Rosa [Laricchiuta] fait du rock. On a tous des styles différents et c’est correct. On existe tous dans nos propres mondes. L’idée que la musique folk et la musique plus de gauche ne peuvent pas exister dans un show commercial comme La Voix, je pense que c’est faux. Non seulement ça peut exister, mais ça devrait exister.

Maintenant que j’ai fait ce genre de show, je vois qu’ils sont surtout en train de nous offrir une plateforme pour prouver que notre style peut plaire aux masses. Dans le fond La Voix n’essaie pas de faire un moule. La personne qui gagne fait ce qu’elle aime et c’est tout.

Si tu entres à La Voix et tu arrives à sortir avec ton propre style, là tu es intègre. Si tu rentres et que tu te laisses changer, peut-être que ton intégrité n’était pas si solide que ça…

Mathieu Holubowski de La Voix, un artiste unique sur la scène québécoise - Entrevue HollywoodPQ

HPQ: L’avantage c’était donc de pouvoir présenter de nouvelles choses au public québécois?

Matt: Oui et non. J’apporte du nouveau, mais pas tant que ça. J’ai rétroactivement écouté des épisodes de La Voix quand j’ai su que j’allais participer. J’ai vu, dans les années précédentes, qu’il y a avait d’autres artistes qui étaient plus dans mon style comme Shiraz Adham. Ma mâchoire est tombée par terre quand je l’ai entendue la première fois. C’est là que je me suis dit qu’on pouvait essayer et exister dans ce monde-là.

HPQ: Quel effet ça fait de savoir que tu es le premier participant de La Voix a signer avec Audiogram?

Matt: Disons que je n’avais aucune attente en sortant de La Voix. J’ai passé les six derniers mois avec Esther Teman, ma gérante, à essayer de figurer comment bien se placer. On a eu plusieurs offres…

HPQ: Le contraire nous aurait étonné…

Matt: Bien, ça m’a étonné, mais en même temps ça ne m’étonnait pas parce que les surprises extraordinaires avec La Voix, ça arrivait tout le temps. Ce qui est cool, c’est que ça donne une possibilité à l’impossible. Je commence à croire de plus en plus que c’est possible de faire ces choses-là.

D’avoir signé avec Audiogram, pour moi, c’est exceptionnel. C’est, d’après moi, la meilleure boîte de production au Québec et c’est pour ça que je l’ai choisie. Dans le fond, c’est l’équipe qui m’a attiré. J’ai rencontré plusieurs boîtes et elles ont toutes des choses cool à t’offrir. Il y en a deux en particulier avec lesquelles j’ai eu de très bons rapports personnels avec les gens, mais au final, c’est Audiogram qui avait l’air le plus excité de travailler avec moi.

Le fait qu’ils veuillent, en plus, signer mon premier album, qui était beaucoup plus alternatif, j’étais vraiment heureux. Ils m’ont présenté l’offre et ils m’ont juste dit de faire ce que je voulais comme je voulais. Ils laissent vraiment l’artiste faire ce qu’il veut.

Être le premier à faire quelque chose… T’sais, écrire une chanson qui touche quelqu’un, ça c’est quelque chose qui a du mérite, mais être le premier à signer ça n’a pas de valeur artistique. C’est cool, je suis heureux, mais la récompense ce n’est pas d’être le premier à signer avec eux après La Voix. C’est 1) d’avoir signé avec Audiogram et 2) d’avoir signé avec une boîte qui va vraiment me permettre de me concentrer sur la musique et qui va me permettre de vivre de ça. Ça n’a jamais été une option avant…

HPQ: Ton premier album, Old Man, c’était complètement indépendant?

Matt: Oui. C’était réalisé par Connor qui va aussi s’occuper de mon prochain album. Je l’ai rencontré à un gig une fois et il m’a invité à visiter son studio. Moi je cherchais un studio low budget. Il a vraiment cru à mon projet et m’a fait un deal. On a passé des heures à créer l’atmosphère de Old Man, mais sinon c’est tout composé par moi et je joue tous les instruments sauf le drum sur une chanson où c’est lui qui joue.

HPQ: Alors là, tu commences à travailler sur ton prochain album. Ça s’enligne comment?

Matt: Je dirais qu’il est à peu près à moitié composé: le concept est là, le titre de l’album est là, le sujet des chansons est là. Il faut surtout écrire plus de chansons et de créer l’atmosphère musicale. Bien entendu, en jouant en trio c’est différent que quand je joue tout seul; j’ai accès à un univers musical plus grand. J’essaie donc de composer en conséquences.

Je veux surtout prendre le temps de bien faire les choses. On n’est pas pressés. On ne prévoit pas lancer quelque chose avant septembre prochain. On essaie de profiter de la visibilité de La Voix, mais si les gens nous oublie d’ici là, on va arriver avec un très bon album alors ça ne devrait pas trop déranger. On veut vraiment faire quelque chose de qualité.

HPQ: Tu es en tournée jusqu’à quand là?

Matt: On a six dates d’ici à la fin novembre. Après ça, je pars en voyage un peu en Amérique Centrale: Salvador, Nicaragua. Je vais faire du « sac à dos » pendant deux mois. C’est là que je trouve beaucoup de mes inspirations. T’sais, je suis seul au monde. J’ai une grande paix intérieure quand je voyage.

Après ça, ça va être quelques shows au printemps, quelques shows l’été prochain et on va se retirer un peu pour bien finaliser l’album.

HPQ: Toi qui aimes présenter des artistes, tu as des suggestions de découvertes à nous faire?

Matt: Ben Howard ce serait un top pour moi. Son premier album est hyper acoustique et son deuxième album est super éthéré… The Fear de Ben Howard

Taro de Alt J. C’est des styles qui ont pas rapport avec ce que je fais, acoustique, mais qui m’inspirent beaucoup. Ces des choses qui peuvent percer les frontières du folk.

Si vous êtes méga fans de Matt Holubowski (comme nous), on vous invite à le suivre sur Facebook, Twitter et Instagram et à vous procurer son premier album Ogen, Old Man disponible sur iTunes.

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Crédit photo: Claudie Saulnier (Clo photo) / Karine Paradis

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