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Entrevue Marc-André Grondin: Le Successeur, sa relation avec son père et la conciliation travail-famille!

HollywoodPQ a eu la chance de s'entretenir avec le sympathique et talentueux Marc-André Grondin en marge du lancement du film Le Successeur, dans lequel il interprète Ellias, le nouveau directeur artistique d'une célèbre maison de Haute Couture française.

Suite au décès de son père, il devra se rendre au Québec pour régler la succession...

Pour avoir regardé le film réalisé par Xavier Legrand et qui débarque en salles dès aujourd'hui, 2 février, on peut vous assurer qu'il s'agit d'un projet captivant qui nous garde scotchés sur le bout de notre siège et qui nous fait passer par une grande gamme d'émotions.

HollywoodPQ: «Parle-moi de ton expérience sur ce film!»

Marc-André Grondin: «Malgré le fait que c'est un film très, très, très noir (...) et anxiogène, on a eu quand même vraiment du fun à le faire. Je pense qu'il fallait contrebalancer un peu la lourdeur de certaines scènes en niaisant un peu! Xavier, le réalisateur, est quand même super drôle (...) donc, on a eu bien du fun, mais ça a été un tournage quand même assez difficile. Tourner des nuits d'hiver à Repentigny, pas parce que c'est Repentigny (rires) juste parce qu'on est dans un petit quartier, il fait noir, on tourne de nuit, ça pèse. La nature des scènes, ça rend les journées plus difficiles. Ça a été beaucoup de questionnements. C'est un projet qui, sur papier, je savais que ça allait être dark, mais qu'au final est beaucoup plus noir... disons que la descente aux enfers est encore plus profonde que ce que je pensais! Il y a eu un abandon assez rapide dans le tournage où j'ai fait confiance au réalisateur et il m'a guidé là-dedans et j'avais très, très peu de retenue à un moment. Avec la fatigue et tout le poids de ce qu'on devait jouer, ça enlève les couches de protection que tu peux avoir comme acteur (...)»

HPQ: «Tu dis qu'il y a eu beaucoup de questionnements, qu'est-ce que c'était, ces questionnements-là?»

MAG: «Moi, je doute toujours en début de projet, de si je fais la bonne affaire, de si je suis le bon choix pour ça (...) Je n'ai vraiment pas envie d'auditionner, parce que j'haïs ça (...) mais, en même temps, quand tu auditionnes, tu te dis: Ils t'ont choisi parce qu'ils ont vu ce que ça peut être et c'est ça qu'ils veulent! Quand tu n'auditionnes pas, tu es engagé sur une promesse de performance qui n'est peut-être pas nécessairement finalement ce que le réalisateur veut. Quand ça commence, il est trop tard. Donc, j'ai toujours un petit doute. Sur IXE–13, j'en avais et c'est sain, mais là, j'en avais peut-être un plus grand, parce que c'est un projet qui est déstabilisant, parce que c'est demandant, parce que c'est un pari, c'est un huis clos, le 3/4 du film, je suis seul. Tu essaies de ne pas trop te répéter. Tu essaies de trouver des variantes dans une certaine forme de répétition (...) je pense qu'il y avait ce côté-là que j'ai peut-être douté plus longtemps dans le processus (...)»

HPQ: «En ayant écouté le film, est-ce qu'il y a des choses que tu vois après coup que tu changerais?»

MAG: «Toujours. Toujours. Il n'y a rien que j'ai fait que je referais exactement pareil, pareil! Il y a tout le temps des moments où je fais: Ah, avoir su, j'aurais fait ça! Ah, cette scène-là... (...) je suis content, je suis content de la proposition forte que le film est, je pense que c'est vraiment une proposition de cinéma qui génère des réactions, qui génère des émotions, qui surprend, qui te malmène, qui te donne l'impression qu'on est dans un drame et paf, on tombe dans le genre et paf, on t'amène dans quelque chose... est-ce que c'est de l'humour? On peut-tu rire? Oui. (...) On est dans la tragédie grecque, mais en même temps, dans un défilé de mode (...) c'est un film qui est une expression artistique qui n'est pas fait pour faire du box-office ou pour plaire à un public général. C'est vraiment un réalisateur, un artistique, qui a décidé de raconter une histoire comme lui il avait envie de la raconter (...) en le lisant, c'était là, en le faisant, on le sentait. Je suis content du résultat (...) moi, à la minute que le réalisateur est content, ma job est faite! Après ça, on espère que le public va embarquer (...)»

HPQ: «Et pensez-vous que le public va embarquer, justement?

MAG: «Moi, je ne le sais pas! Mais, il a quand même gagné un prix du public dans un festival, donc je me dis: Bien oui, tu sais, il y a des chances que du monde aime ça une ride anxiogène comme ça! (...) c'est sûr et certain que ce n'est pas un crowd pleaser, ce n'est pas C.R.A.Z.Y, ce n'est pas une chronique familiale, c'est une oeuvre qui est proche de la tragédie grecque. On a quelque chose de fort (...) c'est sûr et certain que quelqu'un va aller voir ce film-là et ne sera pas déçu de la réaction que ça va générer!»

HPQ: «Est-ce que ta famille et ta conjointe (Sarah-Jeanne Labrosse) ont eu la chance de voir le film ou pas encore?»

MAG: «Non, parce qu'elle tournait quand il est passé à CINEMANIA et ma mère s'est blessée donc elle ne pouvait pas venir. Mon frère n'était pas disponible, il travaillait. Finalement, il n'y a pas grand monde dans mon entourage qui l'a vu (rires) J'ai des amis qui sont venus, mais c'est tout! (...)»

HPQ: «Comment tu penses que ta conjointe va réagir en voyant le film?»

MAG: «C'est la seule qui sait ce qu'il y a dans le film! Personne le sait! Ça fait un an que j'essaie de préparer ma mère sans lui dire quoi que ce soit, à faire comme: Ce n'est pas un petit film de mode là, c'est quand même plus rushant que ça! Donc elle, elle le sait, je suis content qu'elle ne l'ai pas vu enceinte! Je me suis dit: Peut-être que j'aurais déclenché l'accouchement en plein milieu de la projection! Mais, j'ai quand même hâte qu'elle le voie pour avoir son avis. Elle, de toute façon, elle est tellement fan du fait que je porte des boucles d'oreilles, elle adore ça! (rires) elle me voit sur l'affiche et elle est comme: Ça te va tellement bien les boucles d'oreilles! Je ne me ferai pas percer les oreilles!»

HPQ: «Dans le film, vous abordez la relation entre un père et son fils. Toi, ça ressemblait à quoi, ta relation avec ton père?»

MAG: «Oh mon Dieu, bien plus relax! (rires) Incomparable avec le film, sinon ça serait rushant! Moi, j'ai eu une super belle relation avec mon père, on se voyait beaucoup, il a été super présent, dans les dernières années de sa vie il a été super présent aussi. Donc, à son décès, ça a été une tristesse... de tout ce qu'il va manquer et le fait qu'il est décédé jeune. Mais, je n'avais pas de regret par rapport à la relation que j'ai eue avec lui, absolument pas! Contrairement au film, mon père a eu un legs très positif dans ma vie, dans le sens que... autant dans ma vie personnelle, de qui je suis et qui je suis devenu, mais aussi, dans les années qui ont suivi son décès, j'ai rencontré plein de monde que ce soit à la radio, dans les médias, qui ont travaillé avec lui et tout le monde a tellement un souvenir positif de lui que c'est projeté beaucoup sur moi. Ces personnes-là, quand je les rencontre, bien ils m'aiment déjà, parce que je projette cette bonté-là que mon père avait (...) c'est là, que tu vois l'importance du lègue et à quel point c'est important de garder des bons rapports avec les gens, parce qu'ils vont peut-être tomber sur ton enfant un jour et ça va faire un allié de plus!»

HPQ: «Toi et (Sarah-Jeanne) venez d'avoir un deuxième enfant. Comment c'est de concilier travail et famille?»

MAG: «On trouve une façon de faire fonctionner ça! Je pense qu'il y a des moments plus stressants, plus rushant que d'autres, plus compliqués dans la gestion d'horaire, de lunch, de garderie, d'école, de tout ça, mais on s'en est vraiment bien tiré à date. Quand mon fils est né, on s'est quand même relayé, dans le sens où est-ce qu'elle terminait un projet et j'en commençais un, donc... On a eu une période où on travaillait les deux beaucoup, mais en règle générale c'est pas si pire! On a quand même été chanceux! Elle ne travaille pas en ce moment et moi je travaille un peu, mais c'est quand même plus relax! (...) Comme n'importe quels parents, on est fatigués et on se couche pas tard , mais je ne pense pas que c'est différent tant que ça! C'est sûr que si on faisait tout les deux des fictions en même temps, les horaires seraient tout le temps bien compliqués parce que c'est des journées de 16-17h des fois. On s'en sort bien!»

HPQ: «Qu'est-ce que tu aimerais accomplir prochainement?»

MAG: «Là, je produis pour la télé! J'aimerais ça que ça se passe bien et que les shows qu'on fait aient un succès, qu'on puisse en faire d'autres et j'aimerais ça produire du long-métrage aussi. Sinon, les choses que j'ai envie d'accomplir (...) je pense que c'est beaucoup en production, j'espère beaucoup réussir à solidifier la place qu'on a avec Fair-Play en fiction et comme acteur, il y a IXE–13 que j'ai eu beaucoup de plaisir à faire et j'espère qu'il va y avoir une autre saison de ça! (...) Je rêve de faire un western, peut-être un jour... sinon ce n'est pas grave! Je pense que j'ai eu la chance de vivre des affaires extraordinaires déjà et il y a du monde qui tuerait pour avoir la moitié de ce que j'ai vécu. Je suis très satisfait, donc même si je ne tournais plus du jour au lendemain, je trouverais ça plate, mais je n'arriverais pas à me plaindre!»

Nous remercions Marc-André Grondin pour sa belle générosité et cet entretien fort intéressant.

Ne ratez pas Le Successeur, en salles dès le 2 janvier!

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