Régis Labeaume a émis un discours bien différent qu’à son habitude ce samedi matin. Quelques heures seulement après le décès de son père, Maurice Labeaume, le maire de Québec a tenu à partager un texte extrêmement émouvant pour rendre hommage à celui qui est disparu des suites d’un cancer après plusieurs mois de souffrance.
À travers un message poétique et particulièrement touchant, Régis Labeaume (qui a lui-même combattu un cancer récemment) se remémore la vie de son père, mais aussi l’incroyable relation qu’ils ont développée quelque temps avant son départ.
« Maurice Labeaume est décédé, il y a quelques heures. Labeaume, comme dans mon père. J’ai de la peine. Je sais, trépasser, actuellement, c’est formidablement banal, en cette ère Covidienne. Sale temps pour les mourants. Il ne fera même pas partie de la statistique, la statistique-spectacle. Presque neuf mois, qu’il ne devait pas en dépasser trois. Il s’est battu comme un fou. Avec un espoir éperdu, celui de guérir. Saloperie de cancer. Y’en a marre depuis une couple d’années. […]
Lui et moi avons vécu un classique. Je l’ai découvert à 86 ans. Il est mort à 86 ans. Deux existences, un grand silence. Jusqu’à tout récemment. Que dire… Il était de son époque, et moi de la mienne. Un, conséquence de l’autre, ou vice versa. C’est bête, mais c’est comme ça. Je l’ai touché pour la première fois, il y a quelques mois. Et frôlé, peut-être caressé, il y a quelques jours. Pendant son inconscience. C’est moche, mais c’est comme ça.
[…] Ces derniers mois, on a rigolé, ensemble. Une totale nouveauté. Et quelques fois même, l’amorce d’une complicité. Ça m’a un peu chamboulé. J’y ai pensé, l’ai ruminé, et repensé… Mais c’est ça qui est ça. Qui sait ce que cela aurait pu donner, si on avait pu un peu discuter. Plus tôt, disons, à peine quelques années plus tôt.
Pas grave, on s’est aimé. Aimé différemment, mais aimé quand même. Juste qu’on aurait pu se le dire. Enfin… C’était pas obligé de se passer comme ça. Mais on s’en est pas si mal sortis, somme toute. Cela dit, c’est appris. C’est pas obligé de se répéter. […]
RIP p’pa. T’as été tellement courageux. Ta vie durant. Embrasse maman, et JC, de notre part. Tes trois survivants : l’Américain, le radio-Canadien et le bourgmestre. Mes frères et moi désirons exprimer notre profonde gratitude au personnel de l’aile des soins palliatifs de l’Hôpital Chauveau […] », peut-on lire sur la page Facebook du politicien.
Nous tenons à offrir nos plus sincères condoléances à Régis Labeaume, sa famille et tous les proches de Maurice Labeaume durant ces temps particulièrement difficiles.