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En attendant Noël: Un lancement sous le signe de la joie pour Isabelle Boulay [ENTREVUE]
Crédit: Audiogram

Plus tôt en octobre, on apprenait que nos Noëls allaient désormais être bercés par la douce voix incarnée d’Isabelle Boulay. En effet, la chanteuse lancera le 22 novembre prochain En attendant Noël, un album des Fêtes qui concrétise enfin son rêve. Cela faisait plus de 25 ans qu’Isabelle avait l’envie de proposer sa propre signature aux chansons qui marquent la saison d’hiver. C’est à l’époque de Starmania en 1995 qu’Isabelle a vécu son tout premier Noël loin de sa famille, à Paris, et se sont les classiques de Noël qui lui ont réchauffé le coeur durant cette période de solitude. Avec En attendant Noël, elle offre à son tour un baume contre la tristesse en nous transportant dans l’univers du rêve, là où elle crée et imagine sa musique toujours nostalgique et réconfortante à la fois. « Un album qui s’écoute comme on tourne les pages d’un livre », a dit elle-même Isabelle.

C’est ce mardi soir qu’Isabelle Boulay a lancé cet album chaleureux dans une salle intime du Mount Stephen au Centre-Ville de Montréal. Le décor avait tout pour mettre dans l’ambiance avec ses moulures de bois sculpté, son grand piano et son sapin de Noël scintillant, mais c’est toutefois la chanteuse en personne qui a su porter la soirée dans l’émotion en interprétant trois chansons tirées de l’album, Le sentier de neige, Même si tout autour change et White Christmas. Nous avons eu par la suite la chance de nous entretenir avec elle le temps de quelques minutes pour en savoir un peu plus sur ce projet qui a vu le jour en avril dernier.

Audrée Laurin

Comment le choix des chansons s’est-il fait?

« Il y avait des chansons dont j’étais certaine, mais je ne les avais pas encore essayées. Il y avait I’ll Be Home For Christmas qui était pour moi une évidence. Le Labrador de Claude Dubois qui n’est pas forcément une chanson de Noël, mais qui parle de l’esprit du Grand Nord, et comme moi, mon père travaillait souvent sur les chantiers du Labrador, il revenait pour la période des Fêtes. Donc, ce sont des chansons qui sont vraiment collées à moi, et après il y a une multitude de chansons de Noël que j’aime et je voulais avoir des chansons originales. J’en ai demandé une aux soeurs Boulay, une chanson qui parle de l’affiliation de l’héritage et des souvenirs, et il n’y avait pas des meilleures artisanes qu’elles parce que, pour moi, leurs chansons c’est comme de l’artisanat de luxe. […] On n’est pas de la même génération, on n’est pas parentes non plus, mais il y a une filiation en fait parce qu’on a grandi en Gaspésie, on a évolué un peu dans le même terreau, et donc, elles m’ont fait cette chanson merveilleuse qui s’appelle Même si tout autour change. Après, j’ai reçu de la part de Jacques Veneruso, avec qui je travaille déjà […]. Il a su que je faisais un disque de Noël, donc il m’a proposé aussi deux chansons et je suis tombée amoureuse de la chanson C’était Noël à Paris. Pour les autres chansons, je voulais vraiment reprendre des grands classiques. Il y a quatre chansons qui sont en anglais sur l’album et je voulais les garder dans leur état originel parce que je trouve qu’elles sont plus belles en anglais. Des fois, il y a des traductions heureuses et d’autres qui sont un peu distrayantes. Je ne voulais pas ça. Je voulais que les gens se sentent comme s’ils sont dans un cocon. Je voulais un disque qu’on puisse écouter avec nos proches et peut-être seul aussi parce que comme l’idée de l’album m’est venue la première fois où j’ai passé un Noël loin des miens […], je voulais un disque qui, je dirais, portait ce que je considère comme l’esprit de Noël. »

En parlant justement de l’esprit de Noël, votre père a eu un accident le 24 décembre 1980. Est-ce que cet événement a eu une incidence sur la production de l’album?

« En fait, ce qui a eu une incidence sur l’entité du disque, c’est justement la force des souvenirs d’enfant qui sont reliés à Noël. Il y a eu surtout des moments heureux, de grandes réjouissances, de rassemblements. Mes parents étaient des gens très hospitaliers et qui aimaient recevoir. Mon père, à partir du moment où il a eu cet accident-là, a beaucoup changé, est devenu beaucoup plus reclus. C’était devenu douloureux pour lui, la période de Noël, parce que probablement que quand Noël arrivait, ça lui remettait en face de ce qu’il avait perdu. Mon père, c’était un homme qui avait une superbe, comme on dit, et là, il était affaibli. Mais même si mon père […] n’était pas toujours drôle parce que lui, il rentrait dans un état de grandes mélancolies, nous, on essayait de ne pas se faire atteindre par ça. Ma mère était vraiment bonne là-dedans, alors on s’amusait beaucoup, on se disait qu’il faut qu’on passe par dessus ça et qu’on se fasse notre Noël à nous autres. En fait, ça a vraiment créé un espace en moi qui est l’espace de la joie infinie des enfants, une joie inatteignable. Et ça, c’est resté une force dans ma vie, c’est-à-dire que même s’il y a autour de moi des gens tristes, je vais toujours avoir le réflexe de rester quand même dans ma joie […] et sinon de contribuer à les réconforter. »

Quel est votre plus beau souvenir du temps des fêtes?

« Je me souviens d’un Noël où on était vraiment nombreux. On s’était réveillés et on était petits, on avait trois, quatre, cinq ans, mes cousins, cousines. Et comme toute la famille était réunie, il y avait énormément de cadeaux étendus au pied du sapin et on n’arrêtait pas, comme tous les enfants, de se demander quand on allait pouvoir ouvrir nos cadeaux. Nos parents nous ont dit qu’on devait passer la nuit et attendre le matin de Noël pour les ouvrir. Évidemment, on s’est réveillés à quatre heures du matin et là, on est allés déballer tous les cadeaux, sans exception, sans regarder le nom. Nous autres on s’est dit : »On a le droit de déballer, on est le matin de Noël». Nos parents se sont levés et ils n’ont pas été capables de nous gronder parce que c’était tellement gros ce qu’on avait fait. Mais comment veux-tu? Ils se cachaient pour rire. C’est vraiment un beau souvenir! Sinon, avec mon frère et ma soeur aussi, ma mère cuisinait beaucoup. Elle faisait les biscuits de Noël, les fameux sablés, et elle mettait ça dans ma chambre. Ma chambre était immense, c’était à l’étage. D’un côté, il y avait des tiroirs secrets et l’autre côté, des armoires qu’on pouvait ouvrir avec des tablettes. Ma mère mettait les biscuits de Noël là pour qu’ils restent frais et qu’on puisse les garder jusqu’au temps du réveillon. Elle mettait des brillants vert et rouge dessus. Nous autres, on allait les gratter avec nos dents et on remettait les biscuits à leur place. On se disait qu’elle ne s’en rendrait pas compte. Un moment donné, elle faisait exprès, elle disait à mon père : »Je pense Raymond qu’il y a des souris qui sont venues dans l’armoire parce qu’il n’y a plus de brillants, les morceaux de sucre sont disparus des biscuits!» Mais elle nous voyait, on avait toute la bouche rouge et verte, et on pensait que personne ne nous avait vus. C’est ça en fait les souvenirs, c’est ça qui est le plus beau. »

En attendant Noël sera disponible ce vendredi et Isabelle nous a confirmé que l’album n’est que la pointe d’un projet plus grand, soit la production d’un spectacle.

C’est donc à suivre pour cet album qui est déjà pour nous un classique des Fêtes.

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