Aller au contenu
Christine Morency s’ouvre avec vulnérabilité sur son choix de ne pas être mère
Crédit: Serge Cloutier

Ce lundi, Christine Morency en a touché plus d’un lors d’un segment à l’émission de radio Véro et les fantastiques où elle a lu une lettre ouverte à l’enfant qu’elle n’aurait jamais. D’une grande bravoure et d’une authenticité inouïe, l’humoriste, qui anime présentement l’émission Corde raide, a évoqué les raisons qui l’ont conduite à ne pas vouloir un jour être mère.

Ce n’est pas une question facile, car comme Christine Morency le souligne, nous vivons dans une société qui s’attend à ce qu’une femme désire avoir un enfant. Le contraire est encore tabou et bien souvent critiqué.

« La pression est forte pour que tu aies des enfants quand t’es une femme. Même que des fois, t’as l’impression que si t’en n’as pas, par choix, tu es pas valable. C’est fou, hein? »

« Ça m'a pris du temps pis c'est un deuil à faire, mais j'ai réalisé que je veux pas d'enfants. J'ai pas ça, le don de soi », a ensuite ajouté l’humoriste.

La suite prend une tournure à la fois bouleversante et inspirante, car Christine Morency trace le portrait des femmes proches d’elle qui ont tout donné à leur enfant.

Sa mère monoparentale Francine, qui la consolait parfois toute une nuit à cause de la peur d’abandon qu’avait provoqué le départ de son père quand elle était toute petite.

Sa meilleure amie Romy, qui a eu son premier enfant à 20 ans après une grossesse extrêmement difficile. « Ç’a été super difficile parce qu'elle faisait de l'urticaire de grossesse. Son seul moyen de dormir pis de pas se gratter jusqu'au sang, c'était de dormir dans un bain d'eau frette CHAQUE nuit. Pendant neuf mois. »

Sont venus ensuite deux autres enfants, dont le petit dernier, Loïc, qui vit avec un trouble du spectre autiste. « C'est pas toujours facile, mais ce petit homme-là est extraordinaire, pis il a une famille exceptionnelle. »

Malgré tout, la vie de famille n’est pas simple.

« Depuis que ma meilleure amie est devenue maman, je l'ai vue s'oublier pour le bonheur de ses enfants. J'ai vu son couple souffrir de la routine, je l'ai vue se rendre malade d'inquiétude pour ses enfants, je l'ai vue être déçue de pas pouvoir me suivre dans une sortie parce que le budget est trop serré ce mois-ci. »

« Mais c'est aussi ça, le sacrifice d'être parent : s'oublier pour être un pilier », nuance-t-elle ensuite.

Ce sacrifice, Christine y a tout de même réfléchi, comme bien des femmes. Sauf que sa réflexion a été provoquée par un événement pour le moins important : elle est tombée enceinte.

Il y a quatre ans, l’humoriste souffrait d’un problème à l’utérus qui l’a menée à consulter un gynécologue qui lui a mentionné qu’il serait dur pour elle d’avoir un enfant. Chose qui a mis en colère Christine Morency.

« Je savais pas si je voulais des enfants, mais je voulais avoir le choix de décider. Fait que je me suis saoulée de peine et de colère, j'ai rappelé un ancien amant, on s'est donné pis je me suis pas protégée. Un mois plus tard, j'ai appris que j'étais enceinte. J'ai paniqué. C'était pas supposé être possible », l’entend-on dire avec peine sous le coup de l’émotion.

À l’aide de ses proches et de sa psychologue, elle a finalement décidé de ne pas le garder. Un choix crève-coeur, mais qui a changé la vie de l’humoriste.

« Tu m'as forcée à me poser les vraies questions, à réfléchir à ce que je voulais en tant que femme, en tant qu’adulte, pis à prendre des décisions. Un an plus tard, je me sortais d'un burn-out, je me lançais en humour et aujourd'hui les choses vont bien pour moi. Je suis heureuse. Vraiment. »

Sur le coup, certains penseront, tout comme l’a pensé à un moment Christine, que c’est un choix égoïste, mais après réflexion, c’est tout le contraire.

« Si je t'avais mis au monde à ce moment-là, j'aurais eu à m'occuper de toi dans un moment ou je n'arrivais même pas à m'occuper de moi-même. Parce que ce que je veux encore moins que d'être maman, c'est d'être une maman qui en veut à son enfant d'être né. Crois-moi, j'ai travaillé 10 ans avec le monde de la rue, pis cette souffrance-là, je l'ai vue en masse », finit-elle par dire en souhaitant ardemment à son enfant d’avoir la chance de se retrouver dans la bedaine d’une femme qui désire réellement être mère.

On lève notre chapeau à Christine Morency pour sa transparence et sa vulnérabilité qui a été saluée par une centaine de personnes déjà sur sa page Facebook.

Plus de contenu