Charlotte Legault est une artiste, une vraie de vraie. Élevée par un père designer, anciennement danseur, et une mère qui a peint et dessiné professionnellement plus jeune, mais qui continue d'user de ses pinceaux comme loisir, il n'est pas étonnant que la comédienne cumule les talents. Musique, chant, ballet et, évidemment, art dramatique sont tant de forces de la jeune femme de 26 ans que de raisons qui font qu'on ne s'explique pas comment, à force de se voir refuser des rôles, elle a pu envisager de quitter le métier.
Celle qui incarne Nadia dans District 31 avait en effet confié lors de son passage à Tout le monde en parle ce dimanche qu'elle a bien failli changer de domaine, constatant que ses plus de 450 auditions en carrière ne lui ouvraient pas les portes espérées (et méritées, si vous nous demandez notre avis!). Mais pourquoi a-t-il fallu tout ce temps avant qu'elle ne nous soit révélée à nous, le public?! « J’ai pas vraiment la réponse à cette question-là parce qu’il y a tellement de facteurs, nous répond-elle en entrevue. Quand on auditionne pour un rôle, premièrement il y a le physique, qui porte pour beaucoup, il y a la personnalité du personnage. Il y a une question d’énergie, une question de chimie aussi. » Et puis, ce n'est pas vraiment une question du temps que ça aura pris, mais d’où elle s'est rendue. « Il y avait une entrevue avec un coureur de la F1, un nouveau coureur de McLaren pis lui est considéré comme un petit vieux dans la F1 parce que, la première année qu’il a signé, il avait 25 ans, et la majorité signe à 18 ou 19 ans. Je me rappelle qu’on lui avait dit : ‘'Comment tu te sens par rapport à ça? Tu rentres à 25 ans, ça t’a pris pas mal plus de temps qu’un tel''. Il a dit : ‘'Ouais, ça a pris plus de temps, mais je suis quand même là.'' » Amen!
Ce véritable petit chemin de croix est maintenant du passé, Charlotte étant une des actrices les plus en vue en ce moment au Québec. Le rôle qu'elle incarne dans la série écrite par Luc Dionne aura été un tournant marquant dans sa carrière et une révélation pour le public, qui n'en peut plus de savoir ce qu'il adviendra de son personnage d'ici la fin de la saison, ce jeudi. Même en cumulant les entrevues, la comédienne n'a pas de difficulté à entretenir le mystère, elle qui est tenue dans le plus grand des secrets. Elle a d'ailleurs un excellent truc pour ne pas se faire avoir par les questions des téléspectateurs ou des journalistes : « Je me rappelle que les dernières semaines de tournage, j’ai juste lu le script un peu en diagonales pour savoir un peu ce qui se passait, mais je ne me suis pas concentrée sur les intrigues des autres pour être sûre de rien dévoiler! » Une bonne excuse pour ne pas nous dire si Jeff Morin (Luc Picard) est véritablement mort ou pas! « J’aime justement tenir le téléspectateur en haleine. Je le faisais émotivement dans la série, mais là je suis capable de le faire même en étant moi-même, donc c’est ça que je trouve cool. Des fois même, je m’amuse sur Facebook. Les gens vont dire : »Ah mon Dieu! Elle est saine et sauve!» et je suis comme : ‘'C’est vrai, elle est en vie… pour l’instant'' », ajoute celle qui s'amuse à être tout aussi énigmatique que son personnage.
Et ses réseaux sociaux, c'est toute une affaire. Non seulement elle les voit exploser depuis les derniers mois, passant de quelques centaines d'abonnés sur Instagram a plusieurs milliers, mais en plus, tout y est sujet à interprétation pour les fans de la série policière! Par plus tard qu'hier, Charlotte a annoncé qu'elle supprimerait son compte Facebook pour ne conserver que sa page officielle. Ça n'aura pas tardé à faire boule de neige, les téléspectateurs se demandant s'il fallait y lire qu'elle reviendra ou pas dans l'émission cet automne. Elle a mis les choses au clair quand on l'a rencontrée : « C’est pas une raison par rapport à District 31, c’est pas parce que j’ai eu une mauvaise expérience avec Facebook. Je dirais qu’au contraire, j’ai été très choyée. Toutes les personnes qui m’ont contactée l’ont fait vraiment respectueusement, ça a été des beaux messages, des beaux témoignages par rapport au rôle, par rapport à Tout le monde en parle… C’est juste une question de gestion de temps. Tous les tournages sont terminés, mais là je rentre en session d’auditions. Je veux aussi recommencer une formation en chant, en danse, juste pour aller me ressourcer pis voir quel genre de rôle j’aimerais jouer. » Disons qu'avec un horaire aussi chargé, on comprend bien que le Web puisse prendre le bord! Et sachant qu'une publication des plus anodines peut générer les théories de fans les plus éclatés, il vaut mieux réfléchir à deux fois à ce qu'on partage. « En ce moment, je suis plus à l’étape où j’ai une conseillère en réseaux sociaux. Elle est spécialisée là-dedans, elle est à New York. Elle m’aide plus à me guider avec quelles sortes d’images je peux créer sur les réseaux sociaux, qu’est-ce qui est fun… Nous, quand on est en tournage et même après, on ne peut pas trop en mettre par rapport au rôle ou aux productions parce que sinon on peut dévoiler quelque chose. Je me rappelle, à un moment donné j’avais mis une photo qui avait été prise en tournage, pis pourtant ça avait été pris, je pense, à la fin de la première saison ou au début de la saison deux, et quand je l’ai postée en janvier, les gens ont dit : »Ah ben c’est sûr qu’elle revient, elle a mis une photo!» », raconte celle qui aime cependant beaucoup la plateforme puisqu'elle lui permet de se rapprocher de son public.
Forte de son succès, celle qui devait au départ ne jouer que dans un épisode de District 31 n'oublie pas pour autant que c'est un métier sans garantie qu'elle exerce. La possibilité de retomber dans l'ombre ne l'effraie pas, elle qui sait qu'elle devra constamment se renouveler pour rester dans le domaine. « Je prends pas non plus le public pour acquis, je me dis qu’au contraire, faut que je continue à travailler pour les divertir et les surprendre. C’est comme une relation amoureuse : ça demande du travail, ça demande de temps, ça demande de l’amour, explique Charlotte avec une belle analogie. Même que là, le public m’aime bien, mais je pourrais dans deux ans faire un rôle hyper méchant, manipulateur, une mère contrôlante, accaparante, qui va faire que le public m’aimera pu ou qu’il va avoir du fun à me haïr. »
Tous n'ont cependant pas la chance de voir le résultat de leurs années d'effort. Marie-Ève Beaulieu faisait récemment une sortie pour confier que, ne trouvant pas de rôle, elle tentait d'obtenir un poste dans un restaurant ou un café. « C’est sûr que ça me fait de la peine, réagit l'interprète d'Amélie Bérubé. On est tellement nombreux dans l’Union des Artistes, il y a un grand nombre de personnes qui ne travaillent pas. Malheureusement, il y a de moins en moins de productions qu’avant, donc c’est sûr que la tarte est de plus en plus petite. [...] Je ne sais pas ça serait quoi la solution à adopter, j’aimerais ça que tout le monde puisse en bénéficier, j’aimerais ça que tout le monde soit sur la sellette, j’aimerais ça que tout le monde puisse s’épanouir et s’accomplir dans ce domaine-là. » « Il y a deux étapes difficiles dans le métier : percer et rester », ajoute-t-elle.
Charlotte en serait donc, maintenant qu'elle a percé, à l'étape de rester. À voir comment le public s'est accroché à elle, c'est à croire que c'est au moins à moitié gagné! Et pourtant, la perfectionniste dit avoir « tout le temps » envie de modifier son jeu en regardant l'émission après coup : « j’aime me pousser plus loin et j’ai la possibilité de le faire avec ce rôle-là. [Amélie] a tellement de secrets, elle est tellement imprévisible. Les situations font qu’on nous permet de jouer un drame, mais en plus à travers l’humour, donc j’ai vraiment l’impression de jouer plein de rôles à travers un rôle. » Et le propre de la quotidienne encourage probablement ce style de jeu. Normalement, quand un acteur ou une actrice embarque dans une série, elle est déjà entièrement écrite, ou au moins, la saison l'est. Avec District 31, tout se fait une semaine à la fois. « C’est très rare que Luc m’ait donné des feeds par rapport au personnage d’avance parce qu'il aime justement que les acteurs aussi aient la surprise », raconte-t-elle. Ainsi, Patrick Labbé ne savait pas que Laurent Cloutier serait en fin de compte du bon côté dans l'affaire du meurtre de Nadine. Au final, les comédiens de la série se retrouvent bien souvent à être aussi surpris que les téléspectateurs par la tournure des événements. « Je pense que c’est ça qui est l’fun, ça nous met aussi un peu sur le qui-vive et c’est ce qui nous permet des fois de jouer dans des zones d’inconfort », analyse Charlotte, qui admet qu'elle aurait peut-être joué certaines scènes autrement si elle avait su ce qui s'en venait, mais qui assure que ça fait partie du plaisir de la série d'intrigues : « je pense que c’est peut-être aussi pour ça que le téléspectateur est surpris après. On les a amenés à un endroit X, pis finalement avec l’histoire on s’en va complètement ailleurs. Ils s’attendent pas ça, donc ils commencent à faire leurs théories, à douter pis à paniquer. »
Les tournages de la deuxième saison sont terminés et on est en pleine saison d'auditions, une période que ne redoute certainement pas Charlotte, véritable olympienne en la matière. La grande question pour certaines productions sera de savoir si l'actrice sera de la troisième saison de District 31 ou pas, ses disponibilités étant bien différentes dans le premier cas. Et nous aussi, on veut le savoir, mais malheureusement, elle ne peut nous répondre pour le moment. « Honnêtement, j’ai aucune idée. J’ai rien de signé, je n’ai pas été contactée ou rien », nous avoue-t-elle, confirmant du même coup que ça ne veut rien dire pour son personnage. Décidement, notre Miss BBQ nationale est muette comme la tombe d'un lieutenant du district!
Psst : La situation amoureuse d'Amélie est restée mystérieuse bien longtemps... et Charlotte est bien partie pour imiter son personnage sur cet aspect de sa vie! « Quand je vais avoir quelque chose à annoncer [à ce sujet], je l’annoncerai haut et fort! Je viendrai vous voir, vous serez les premiers! », lance-t-elle en rigolant.
À lire aussi:
Kimberly Laferrière: « C'est un des personnages les plus complexes que j'ai eu à jouer dans ma vie »