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Annie-Soleil Proteau fait un adieu émouvant à son beau-père

Annie-Soleil Proteau vit une épreuve difficile aux côtés de son amoureux, Pascal Bérubé. Le patriarche de la famille Bérubé, Yves-Alban, s’est éteint samedi dans le CHSLD qui était devenu sa maison. Le beau-père d’Annie-Soleil était atteint de la maladie d’Alzheimer, une condition qui a progressé péniblement sous leurs yeux.

« C’était la première fois où je mettais les pieds dans un CHSLD. Il était là, attaché dans son fauteuil à roulettes, avec une pile de National Geographic des années 50. Il déchirait les pages, parce qu’il ne savait plus comment les lire. Quand j’ai connu mon beau-père, les trous dans sa tête s’agrandissaient. Le CHSLD devenait sa maison. Ses souvenirs devenaient des fantômes. J’ai vu le cœur de ma belle-maman, déjà abîmé, se crever un peu plus chaque jour. Voir son Yves-Alban vieillir si tristement, entre les murs beiges d’une chambre qui n’était pas la leur, entouré de malades, dépendant du personnel extrêmement dévoué mais parfois épuisé par le système, ça la tuait elle aussi… C’était d’une cruauté infinie. Sa mémoire, qu’il avait transmise avec passion à ses milliers d’étudiants, s’envolait. J’ai vu mon amoureux, Pascal, qui est pourtant un tough à certains égards, être dévasté que son père ne le reconnaisse plus, ravagé par la guerre que son corps menait. Un jour, toute la famille s’était réunie au chevet d’Yves-Alban. Son frère aîné, Florent, est entré dans la chambre. J’étais juste à côté d’Alban. J’ai vu ses yeux se changer en feu de joie. Son sourire illuminer son visage émacié. Sa mémoire redevenir tellement vivante… Il a crié : «Florent !!!» Son cœur avait gardé un peu de sa tête. J’ai pleuré. Il n’y a pas de justice dans la maudite maladie. Mais j’ai compris que dans chacun des sourires d’Alban, il y avait ses trois petits bonhommes blonds. Il y avait sa fille à la crinière de feu. Il y avait sa Janine, son grand amour. Samedi, mon beau-père est mort. Dans sa main, il tenait la photo de Janine. Sa Ti-Nine. Jusqu’à son dernier souffle, il la tenait près de son cœur. Il est parti la rejoindre maintenant. Sa guerre est finie. Adieu, Yves-Alban. Je sais que tu étais un bon monsieur. Un homme de cœur, un homme de connaissance, un homme fidèle. C’est comme ça que tout le monde parle de toi. J’espère que tu te reposes maintenant. Toi qui savais tout… Et un peu plus. *À vous qui avez des proches en CHSLD… Soyez forts. Un sourire, un bec, prendre leur main… Ça compte beaucoup. Et à vous qui travaillez en CHSLD, je vous admire tellement. Merci. XX »

En cette période des Fêtes, il est important de se rappeler que la manière dont nous accompagnons nos aînés fait une véritable différence sur leur qualité de vie. Nous aimerions exprimer toutes nos sympathies à Annie-Soleil Proteau ainsi qu’à toute la famille Bérubé.

 

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Crédit photo : Karine Paradis

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