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Alexe Gaudreault dénonce les agressions sexuelles qu’elle a subies dans un texte bouleversant
Crédit: Facebook Alexe Gaudreault

Inspirée par la nouvelle vague de dénonciations sur les réseaux sociaux au Québec depuis le début du mois de juillet, l’ancienne candidate de La Voix Alexe Gaudreault a choisi de partager quelques-unes des histoires qu’elle a vécues avec vulnérabilité, mais surtout une grande force. « C’est mon tour de briser le silence. J’espère que mon témoignage aidera comme vos histoires m’ont aidé », a-t-elle d’ailleurs écrit.

Le contenu qui suit pourrait choquer certaines personnes, nous préférons vous en aviser, tout comme l’a fait Alexe Gaudreault en partageant son message.

« J'ai le cœur et l'estomac à l'envers depuis trois jours […]. Il est présentement 3h10 et je n'arrive pas à dormir, mon chum et mon chien font paisiblement dodo à côté et j'espère qu'après avoir sorti cette bombe, j'arriverai à dormir enfin un peu mieux. Hier encore, je ne me sentais pas prête à le faire et je me disais c'est OK si tu le fais jamais. Vos témoignages m'ont donné de la force et m'ont fait réaliser que je n'avais plus à porter ce fardeau », indique-t-elle.

Elle ajoute ensuite : « Je ne dévoilerai aucun nom parce que je ne suis pas en mesure psychologiquement de vivre avec le backlash judiciaire qui pourrait en découler. Oui, croyez-le ou non certaines victimes ont reçu des mises en demeure de leurs agresseurs suite à leurs dénonciations. »

Outre les représailles qui peuvent venir suite à une dénonciation vient d’abord un long cheminement pour comprendre les événements. « J'ai encore beaucoup de difficulté à défaire la honte que j'ai si bien tissée au fil des années. »

Aussi difficile soit-il de s’avouer à soi-même ce qui est arrivé, ça l’est tout autant de l’avouer à ses proches. « Ma mère lira ce texte en même temps que vous. Je n'ai jamais eu le courage de lui dire même si je suis énormément proche d'elle. Je m'excuse maman. »

C’est donc avec beaucoup d’émotions qu’Alexe Gaudreault revient sur les événements survenus lors de la soirée d’anniversaire de ses 18 ans. Comme bien des gens à cet âge, elle a voulu célébrer ce passage à l’âge adulte entourée de ses amis dans un bar. Toutefois, rien ne lui avait laissé croire qu’elle allait vivre sa première agression sexuelle.

Toujours amoureuse de son ancien amoureux présent à ce moment, Alexe Gaudreault s’est « complètement saoulée » cette soirée-là. C’est plus tard qu’elle aurait croisé son agresseur, une simple connaissance, alors qu’elle était des plus vulnérables.

« Je suis passée par la ruelle parce que je pensais être malade. C'est flou, mais je me souviens avoir croisé le gars en question dans la ruelle. Je le connaissais de vue, je savais qu'il était bon ami avec une fille que je trouvais gentille.

Il m'a demandé où je m'en allais et je lui ai dit que je m'en allais au Vox pour le last call, il m'a dit qu'il allait faire le trajet avec moi. Je me souviens être saoule au point où il m'aidait à me tenir debout.

Je me suis ramassée dans sa chambre d'hôtel crasse à deux minutes du bar où je voulais initialement aller. Je me suis complètement effondré sur son lit et il m'a touchée sexuellement. Je voulais me lever pour me réfugier dans la salle de bain, mais j'étais trop saoule pour bouger, je me souviens avoir essayé de marmonner, il m'a dit : “Ben non, fais-toi en pas, t'es correct”.

J'ai perdu conscience, je ne sais toujours pas à ce jour ce qui m'est arrivé durant ma perte de conscience. »

Au lendemain des événements, Alexe Gaudreault ne réalise pas ce qui s’est produit, elle quitte la chambre rapidement en oubliant derrière l’appareil photo de sa mère qu’elle est revenue chercher plus tard la même journée.

« Je me suis tellement tapé longtemps sur la tête à cause de ce foutu appareil photo. Imaginez, avoir une éducation sexuelle tellement déficiente que je m'en faisais plus pour un Kodak que pour l'agression sexuelle que je venais de subir », peut-on alors lire dans le récit d’Alexe Gaudreault.

Reste qu’elle s’est rendue et son agresseur ne semblait pas éprouver aucun remords. Il l’a plutôt complimentée. « Je suis restée cinq minutes, j'ai fait comme si de rien n'était, après deux minutes de small talk et de surplace malaisant, il m'a dit que j'étais attachante et charmante. J'ai figé, je suis partie encore une fois sans l'appareil photo, j'étais zoned out totalement, j'étais mal à l'aise et j'avais le cœur qui battait fort dans mes oreilles. »

« J'avais 18 ans, lui, fin vingtaine, début trentaine.

J'étais au début de ma vie sexuelle, j'avais eu seulement un chum. L'agression a teinté ma vie sexuelle au complet. J'ai accepté des situations vraiment toxiques par la suite et j'ai eu une image personnelle vraiment dysfonctionnelle qui m'a conduite à enchaîner des expériences et des relations malsaines », a finalement conclu la chanteuse.

Son histoire nous fend le coeur littéralement, mais il n’est que le début d’un problème trop souvent répété, normalisé. En effet, Alexe Gaudreaut poursuit sa dénonciation avec cinq autres récits tout aussi révoltants.

Que ce soit d’empêcher une femme de sortir du transport en commun ou de la menacer de publier des photos intimes d’elle prise à son insu, ce sont des cas d’agression sexuelle, a tenu à souligner la chanteuse.

« Je ne peux honnêtement même pas mettre un chiffre sur le nombre de fois où je me suis fait suivre en sortant du métro, les moments où j'ai senti que ma sécurité était compromise en marchant vers ma maison, le nombre de fois où j'ai fait semblant de parler au téléphone, où j'ai changé de côté de rue en voyant des hommes. »

« Nos histoires sont valides, ce n'est pas à nous de porter la honte. En tant que société, on banalise plusieurs comportements vraiment toxiques et traumatisants. Il faut que ça cesse! Comme le disait si bien Laurence Nerbonne l'année dernière : “toutes les femmes en moi sont fatiguées”. Y'en a marre. »

On ne pourrait mieux dire.

Bravo à Alexe Gaudreault pour son important témoignage.

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