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Geneviève Borne nous explique les origines de sa passion pour Londres
Crédit: Stéphane Audet

Cette semaine, on a eu l’occasion de faire un petit séjour dans la ville de Québec afin d’assister à l’inauguration de l’exposition Ici Londres, qui sera présentée jusqu’au 10 mars 2019 au Musée de la civilisation de Québec. Divisée par quartier, l’expo nous fait découvrir les visages et mouvements marquants de la capitale anglaise depuis les années 1950 jusqu’à aujourd’hui, englobant à la fois les arts plastiques, la mode, la musique et le cinéma. Avec la nouvelle application Mon MCQ, on peut explorer encore davantage puisque chansons, entrevues et toutes sortes d’autres contenus complémentaires apparaîtront sur votre téléphone intelligent en scannant certains items, sans compter que la douce voix de Geneviève Borne, passionnée de la ville britannique et et porte-parole de l’exposition, vous conduira tout au long de votre visite.

Est-ce que Londres t’inspire en tant que capitale culturelle?

Tellement! Et depuis l’adolescence. Quand j’étais ado, je tripais très fort sur le mouvement new wave et sur le mouvement punk, tout ça. Je m’amusais beaucoup avec mes looks. J’aimais tout ce qui sortait de l’Angleterre et de Londres tout particulièrement, fait que je m’habillais vraiment comme mes idoles londoniennes. Je tripais sur The Cure, Depeche Mode, je tripais sur Bowie, très fort. J’ai vraiment adopté un look à l’anglaise dès l’adolescence.

Est-ce que c’est comme ça qu’est née ta passion pour Londres, avant même d’y aller?

Oui, exactement. J’étais ado, pis je voulais juste aller danser, parce que la musique était tellement bonne dans les endroits où j’allais, c’était du new wave qui jouait pis du post-punk pis de la musique alternative. Et donc, je rêvais depuis toujours d’aller à Londres. […] Et je suis allée plus tard; je suis allée à Londres pour la première fois en 1995, quand j’étais animatrice à MusiquePlus [NDLR : elle avait alors 27 ans]. Je suis allée finalement pour interviewer Iron Maiden, parce que j’animais Solide Rock à MusiquePlus (entre autres émissions). Coup de foudre total pour la ville, j’ai tellement aimé ça, fait que je suis restée plus longtemps pour visiter pis triper. Depuis ce temps-là, je suis retournée chaque année, des fois deux fois par année. L’année dernière, j’ai publié le livre 300 raisons d’aimer Londres. Pour faire le livre, je me suis installée, je me suis loué un appartement, j’ai passé deux mois et demi à Londres pour vraiment avoir le temps de vivre le quotidien et de découvrir des petits trésors. J’ai beaucoup aimé ça.

Geneviève Borne à Londres en 1995. Courtoisie Geneviève Borne

Ça continue de t’inspirer comme aux premiers jours?

Tellement! Je suis retournée il y a un mois. Chaque fois que j’y vais… tout me plaît! L’architecture est belle, les gens sont élégants, ils ont du style, la musique est extraordinaire… Je suis même une fan de James Bond! Ce que j’aime, c’est le côté punk, mais le côté aristocrate aussi. Il y a des traditions, mais en même temps il y a de l’audace. Et leur accent est tellement beau!

Pourquoi as-tu accepté d’être porte-parole de l’exposition Ici Londres?

Ça fait déjà deux ans que [les organisateurs de l’exposition] m’en ont parlé. C’est une expo qui se prépare depuis un bon moment. Ils m’ont dt qu’ils ont pensé à moi dès le début pour être la porte-parole. Moi, parler de Londres, ça me plaît! Et je suis une fille de Québec, je viens de Québec et je reviens ici tout le temps, comme à chaque mois. J’ai encore de la famille et des amis ici. J’habite à Montréal, mais je suis tout le temps rendue ici. […] À chaque fois que je reviens à Québec, je suis sous le charme. C’est mes racines. Mon arrière-grand-père était maire de la ville de Québec pendant 15 ans, Lucien Borne. J’ai une super photo de mon arrière-grand-père avec Winston Churchill. Tu vois, c’est Londres et Québec dans la même photo. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, mon arrière-grand-père avait accueilli Chruchill, Roosevelt, qui était le président américain, et Mackenzie King, qui était le premier ministre du Canada. Tu vois, ça m’habitait même à l’enfance, parce que j’ai grandi avec cette photo-là à la maison.

Pour toi, c’est donc un peu comme un héritage? Est-ce que c’est la suite logique d’être porte-parole d’Ici Londres?

D’être porte-parole d’une exposition sur Londres, pour moi ça rassemble tellement de choses que j’aime, surtout que cette expo-là parle d’art sous toutes ses formes : la peinture, la sculpture, l’art graphique, la musique, la mode. C’est vraiment tripant. J’ai même fourni quelque chose dans l’exposition, ma photo avec Paul McCartney. C’est une photo qui a été prise à New York en 2012 dans les coulisses du concert pour les victimes de l’ouragan Sandy. C’était un grand concert bénéfice pis je faisais des entrevues avec les artistes qui faisaient le spectacle. J’adore cette photo-là parce qu’on a été pris en photo sans le savoir, je trouve que c’est encore plus tripant. Et quand tu la scanne, la photo, dans l’application de réalité augmentée, tu vois un extrait d’entrevue que j’ai faite avec lui, pas au même moment, mais c’est une entrevue durant laquelle il parle du défi d’interpréter certaines chansons des Beatles en spectacle parce qu’il y a beaucoup de chansons des Beatles qui ont été créées en studio en sachant qu’ils n’allaient même pas les faire en spectacle parce qu’ils ont arrêté rapidement de faire des shows, de faire des tournées. Donc ils pouvaient faire des enregistrements très complexes, sachant qu’ils joueraient pas live. Mais là lui, il décide en solo, 50 ans plus tard, de les faire, et il fait comme : « Oh my God, comment je vais jouer ça? » C’est un grand, grand défi.

MJ KIM (courtoisie Geneviève Borne)

Et toi, tu as eu le défi de faire la narration de l’exposition. Toi qui connaît si bien Londres, as-tu appris quelque chose?

J’ai appris beaucoup de choses parce que c’est une expo qui est quand même pointue. Il y a des artistes que je connaissais moins, des mouvements que je connaissais moins, donc c’est génial parce que j’ai pu apprendre des choses où préciser certaines connaissances que j’avais. Par exemple, j’entendais parler des Young British Artists, mais c’était qui? Ou bien les Swinging Sixties, on en entend parler, mais ça représentait quoi exactement? L’invention de la mini-jupe, comment ça s’est passé exactement?

As-tu un coup de cœur dans l’expo, à l’exception bien sûre de ta photo avec Paul McCartney?

J’ai un coup de cœur. Le t-Shirt de Johnny Rotten. Vivienne Westwood, une dame extraordinaire, c’est elle qui a créé le look des Sex Pistols. Dans le fond, c’est un peu pré-fabriqué, malgré la rébellion et tout ça, c’était quand même créé par une designer. Son chum, Michael McLaren, c’était le manager des Sex Pistols, alors ils ont toute créé leur image et puis ils ont marketé vraiment, c’était des champions de l’image. J’aime beaucoup le mouvement punk, j’aime beaucoup l’imagerie, j’aime beaucoup à la fois les vêtements, mais aussi l’affichage, le do it yourself. C’était très éclaté, c’est comme si tout le monde pouvait s’exprimer.

Constance Cazzaniga

Tu dis que tu es une fille de Québec, on a eu une visite guidée plus tôt qui nous a montré à quel point la vieille ville a été influencée par l’architecture britannique. Est-ce que tu penses que les similitudes entre Londres et Québec, c’est quelque chose qui explique pourquoi tu te sens comme chez toi dans la capitale anglaise?

Je pense que oui, et je pense que c’était quelque chose qui est inconscient. Parce que, comme c’est une ville très francophone, on pense moins à faire le lien avec Londres, mais quand on se replonge dans l’histoire de Québec et la très forte présence britannique, qu’on comprend un peu plus l’architecture et tout ça, comme David Mendel nous l’expliquait. Alors là, tu te rends compte : « OK, c’est pour ça que je me sens à la maison à Londres. Ça ressemble à chez moi. » Ça ressemble à chez nous. Même le tempérament des gens, même les habitudes culinaires. On n’est pas déroutés, on n’est pas déstabilisés.

 

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