«On était conscientes, les six, que ça allait choquer, mais à ce point-là ? Non.»
Depuis l’annonce par Crave de la diffusion de l’émission Vie$ de rêve, une docu-réalité mettant en vedette le quotidien autant personnel que professionnel de six femmes du Québec, le projet suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.
Lors d’un événement soulignant le lancement de Vie$ de rêve, au cinquième étage du luxueux centre commercial Holt Renfrew à Montréal. Nous nous sommes rendus sur place pour échanger avec certaines de ces femmes et en apprendre davantage sur la série.
Que souhaites-tu montrer dans l’émission?
Isabelle: «Plein de choses en fait, je veux montrer que, malgré l’argent et tout, on est des personnes avec de belles valeurs. On est très familiaux, on a les mêmes amis depuis des années. Des fois, le monde a tendance à penser que l’argent va tout changer, mais non, on est super accessibles. On a gardé nos valeurs qu’on avait depuis longtemps. C’est une émission là-dessus, donc oui, j’ai filmé mon luxe, mais on a filmé de beaux moments de famille. On a montré des moments où, moi, j’adore le bien-être: je prends beaucoup soin de moi, je m’entraîne 4-5 fois par semaine, je mange bien. J’ai essayé de montrer un côté plus bien-être, d’essayer d’être une influence positive sur les gens […]. »
Sonia: «On va découvrir une femme. Toute ma mission de vie, c’est d’inspirer les femmes à vivre leur définition de leur vie de rêve. Pour moi, ce show-là, c’est une opportunité de montrer tellement de belles femmes dans différentes facettes. J’espère que les femmes vont pouvoir être inspirées par un moment, que ce soit un moment de famille, de travail ou d’amitié. Moi, je suis vraiment cette personne-là. Je suis la personne qui veut se réveiller le matin et donner de l’amour et de l’inspiration pour s’élever en tant que femme.»
Stéphanie: «Honnêtement, sans prétention, au départ je ne comprenais pas trop pourquoi ils m’avaient appelée, parce que je me disais que j’avais une vie normale. Mais on me disait souvent sur les réseaux: Tu as l’air d’avoir une vie de rêve, tu voyages beaucoup, tu as un chum qui semble t’aimer, tu as une belle famille. Moi, dans le fond, j’ai juste essayé d’être authentique et de montrer mon quotidien sans prétention. Je n’ai rien exagéré, je n’ai pas fait semblant. Après, on aime ou on n’aime pas, mais je n’ai pas essayé de jouer un rôle […] Je me disais que si je suis capable d’inspirer les gens juste avec ma vie, que je trouve standard à mes yeux, eh bien tant mieux.»
Tatiana: «Tatiana Londono, c’est une femme de famille, mère, épouse, amie, directrice de ma compagnie, je donne à la société et en même temps, un professeur. J’espère aider les gens, je veux montrer aux gens que s’ils ont des questions, ils peuvent juste m’envoyer un DM et je peux les aider, parce que c’était très facile pour moi et ça peut être facile pour n’importe qui, spécialement les femmes. Alors je pense que c’est très important d’avoir de l’indépendance…»
Pourquoi avoir voulu faire Vie$ de rêve?
Isabelle: «Au début, j’ai hésité. En fait, j’ai dit: Bien non, je ne me mets jamais de l’avant. J’affichais à peine sur les réseaux sociaux. Finalement, l’équipe est venue me rencontrer au bureau pour me convaincre que ce n’était pas un Real Housewives, qu’on allait me filmer au quotidien et que c’était une opportunité de montrer une autre facette de notre vie. Après avoir discuté avec quelques amis et avec Luc, qui m’encourageait, il m’a dit: C’est tout le temps moi qui suis de l’avant, tu es une femme encore plus extraordinaire que moi. Luc me voit vraiment sur un piédestal, donc il était fier que le monde apprenne à me connaître davantage et découvre ce côté-là. Il trouvait que ça allait permettre aux gens de mieux me découvrir […] En même temps, ça me sortait de ma zone de confort.»
Sonia: «Pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai toujours voulu trouver un projet qui allait mettre les femmes en valeur d’un côté positif, pas montrer des femmes en compétition, mais plutôt des femmes venant de différents milieux […] Je voulais vraiment mettre de l’avant le côté positif de la collaboration, la beauté de montrer un aspect familial […] Alors, si je peux être une personne qui, en montrant mon quotidien, inspire quelqu’un à se dire: OK, c’est possible, j’aurai accompli ma mission.»
Stéphanie: «Moi, j’ai vraiment voulu faire partie du projet pour, tout d’abord, inspirer les gens. C’était vraiment ça ma première réaction, parce que tout au long de ma vie, j’ai essayé plein de choses. J’ai eu un magazine, j’ai été dans le monde de la mode, j’ai touché à plein de domaines, et j’ai rencontré beaucoup de gens sur mon parcours qui me disaient: Ah, tu es chanceuse, tu as eu le courage de réaliser tes rêves, tu as eu le courage de te lancer en affaires. J’ai réalisé que ce qui retient souvent les gens, c’est la peur ou peut-être un manque de ressources ou de connaissances. Je me suis dit que si ça peut inspirer ou donner un coup de pouce aux gens pour qu’ils se disent: Moi aussi, je suis capable de réaliser mes rêves, eh bien, ça vaut la peine […]»
Tatiana: «Moi, j’ai fait ça pour ma compagnie, premièrement, ça c’est la vérité. Je suis une femme tellement occupée. J’ai fait ça pour mon ego, mais pour exposer ma compagnie au peuple québécois. C’est sûr que j’ai des clients québécois qui mettent leur confiance en moi, mais la majorité de mes clients sont des anglophones et des allophones […] Je voulais montrer ma compagnie au Québec. Ça fait 22 ans que je fais de l’immobilier et ma compagnie est ouverte depuis 17 ans. Deuxièmement, j’ai fait ça pour motiver les gens, pour montrer aux gens que toi, aujourd’hui, si tu veux, tu peux faire un million de dollars toi-même […]. »
Comment as-tu trouvé la réaction du public suite à ton passage à Tout le monde en parle?
Isabelle: « C’est sûr qu’on est deux qui sommes plus souvent mamans à la maison, alors oui, ça a fait beaucoup jaser. Mais, si les gens nous connaissaient davantage, je ne pense pas qu’il y aurait tout ça. Est-ce que ça aurait été mal vu pour des hommes? Luc, mon mari, s’expose quand même un peu plus que moi sur les réseaux sociaux, puis quand il a une nouvelle Ferrari, il prend le temps de la montrer. Avant, il y avait beaucoup de commentaires négatifs, mais maintenant, je dirais qu’il y en a beaucoup moins. Peut-être que les gens sont habitués ou commencent à comprendre un peu son background. Il vient quand même d’un milieu défavorisé. Donc, les gens le voient plus comme un exemple plus que de faire du bitchage. Je pense que les gens ne sont pas prêts à entendre quelqu’un dire: Moi, j’ai du succès, je fais de l’argent. En même temps, le message qu’on veut passer, c’est d’avoir du succès […]»
Sonia: «Ça m’a un peu [surprise]. Je viens du marché américain, right, alors pour nous, ce que j’ai vu de Tout le monde en parle, c’était vraiment cinq femmes qui se soutenaient, qui envoyaient des messages positifs. On a parlé de nos familles, on a dit que le succès, ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de comment tu vois ta vie. On a aussi parlé de redonner […]. Ce que j’ai reçu sur mes comptes, que ce soit Instagram, de mes amis ou de ma famille, c’était tout du positif, jusqu’à ce que je sois allée sur Facebook et que je vois le compte de Tout le monde en parle. J’ai passé environ 30 secondes et j’ai commencé à voir tous les commentaires négatifs du style: Pour qui elles se prennent? C’est quoi ça? Et je me suis dit: Wow, vous n’avez même pas encore vu un seul épisode! […] Les réseaux sociaux, il y a toujours du bon et du moins bon, mais oui, j’étais très surprise par l’ampleur des commentaires du marché québécois […]»
Stéphanie: «Ce serait mentir de dire que ça ne m’a pas affectée, parce que je suis quelqu’un de très sensible et mon problème, c’est que j’ai toujours accordé beaucoup trop d’importance à ce que les gens pensaient. J’essaie de changer ça avec le temps. Par contre, j’étais vraiment consciente que ça allait choquer, dans le sens où filmer des « bébelles », parler d’argent au Québec, on sait à quel point c’est tabou. On était conscientes, les six, que ça allait choquer, mais à ce point-là ? Non.»
Tatiana: «C’est un honneur d’être invitée à cette émission […] mais je pense que l’audience de Tout le monde en parle n’est pas la même que celle de Vie$ de rêve […], la gang de Tout le monde en parle, c’est le vieux Québec, alors ça va prendre du temps et ça va prendre plus d’émissions comme ça pour changer le monde […]»
Vie$ de rêve a été comparée à la franchise Real Housewives qui est extrêmement populaire et lucrative aux États-Unis, penses-tu que le Québec est prêt pour ça?
Isabelle: «Je ne pense pas, non, que le Québec est prêt. On l’a vu après Tout le monde en parle, ça fait une semaine que ça brasse. Mais je reçois beaucoup plus de commentaires positifs [que négatifs]. Les gens prennent la peine de m’écrire de très belles choses. Par contre, sur les réseaux sociaux autres que les miens, on voit la haine envers nous parce qu’on a fait une émission sur le luxe. Je pense qu’on n’est vraiment pas rendu là. Par contre, je ne peux pas comparer Vie$ de rêve avec Real Housewives, parce que moi, personnellement, jamais je n’aurais fait une émission où il y a du drama et du bitchage. Parler contre les gens, c’est zéro dans mes valeurs […]»
Sonia: «Justement, j’espère que non, parce que ce n’est vraiment pas des Real Housewives. Moi, je trouve que c’est le moment de montrer des femmes qui, grâce à leur amitié, grâce à qui elles sont, peuvent se soutenir. Ça ne m’intéresse pas du tout; je n’écoute pas cette franchise, ce n’est pas quelque chose qui me parle […] Je trouve que c’est le temps d’avoir un beau message de femmes. C’est sûr que ce show-là va faire réagir, les gens vont en parler, se poser des questions et tout ça, mais j’espère qu’ils vont y trouver du positif et qu’ils vont se remettre en question.»
Stéphanie: «Zéro, je considère que le Québec est loin d’être prêt. Je trouve ça un peu hypocrite, parce qu’on consomme énormément de Selling Sunset, les Real Housewives, tous les haters en ce moment, ils consomment… serait mentir de dire que ça ne nous intéresse pas. Mais quand ça devient nos voisins, on dirait que ce n’est plus acceptable. C’est comme si c’était correct quand c’est loin, parce que tu n’as pas à te comparer, parce que de toute façon, ce n’est pas dans le même pays, parce que tu t’imagines que c’est plus facile là-bas, qu’il y a plus d’argent là-bas… On dirait que c’est trop près, qu’il y a une proximité dérangeante.»
Tatiana: «Ça n’a rien à voir avec un Real Housewives québécois. Aux États-Unis, il y a beaucoup de drame dans les Real Housewives, les filles se chicanent entre elles, mais pour nous, pendant le tournage de l’émission, on n’est pas ensemble. Ce sont des petits morceaux de notre vie, alors tu es comme un petit oiseau qui entre dans nos vies, qui regarde et qui sort […] Je pense que pour la deuxième saison, s’il y en a une, il faut développer les caractères un petit peu plus. Ce n’est pas comme Real Housewives, on ne se connaît pas, il y a seulement un épisode où on est toutes ensemble, et elles sont toujours un plaisir, les filles […] J’ai rencontré de bonnes amies maintenant.»