La réalisatrice Lyne Charlebois poursuit Gilbert Rozon au civil pour 1,7 million de dollars, rapporte Le Devoir. Elle accuse l’ancien propriétaire de Juste pour rire de l’avoir piégée pour ensuite la violer à la résidence de ce dernier, en 1982.
Rappelons que Gilbert Rozon avait été acquitté en décembre dernier des accusations d’attentat à la pudeur et de viol qui pesaient contre lui. Le magnat de l’humour déchu avait été dénoncé en 2017 par de nombreuses femmes lors du mouvement #MeToo. Le procès d’octobre dernier, qui faisait suite à la seule plainte retenue, celle d’Annick Charrette, avait fait énormément de bruit et son acquittement en a fait réagir plusieurs.
Lyne Charlebois est la deuxième femme à poursuivre Rozon au civil. La réalisatrice, que l’on connaît entre autres pour son excellent long métrage Borderline, se joint à la comédienne Patricia Tulasne qui, elle aussi, poursuit Gilbert Rozon pour viol. Lyne Charlebois faisait également partie des neuf femmes ayant dénoncé Rozon en 2017.
Lyne Charlebois raconte dans sa requête que tout a commencé en 1982, alors qu’elle n’avait que 24 ans et qu’elle s’est rendue au bureau de Gilbert Rozon pour un rendez-vous d’affaires afin de discuter d’un potentiel contrat de photographie pour le festival La Grande Virée, prédécesseur de Juste pour rire. Rozon lui aurait proposé de se rencontrer plutôt en fin de journée, autour d’un verre, et serait arrivé au domicile de Mme Charlebois pour souper avec elle et son conjoint.
Une fois le repas terminé, Gilbert Rozon et Lyne Charlebois auraient quitté le domicile de cette dernière afin d’aller parler affaires, mais à mi-chemin, Rozon aurait affirmé vouloir passer chez lui afin de changer de chemise. « [Mme Charlebois] ne s'imaginait pas qu'il en profiterait pour la violer », précise-t-on dans la requête, selon ce que rapporte Le Devoir.
Lyne Charlebois soutient avoir eu la peur de sa vie, croyant même qu’elle se ferait tuer ce soir-là. Dans sa requête, elle affirme qu’elle est finalement rentrée chez elle et qu’elle a raconté l’histoire à son conjoint de l’équipe, qui a voulu aller s’en prendre à Rozon. La réalisatrice l’en aurait empêché.
« [Gilbert Rozon] a agi avec préméditation et un mépris total [...] son comportement mérite la dénonciation la plus claire qui soit », rapporte la requête déposée jeudi au Palais de justice de Montréal, citée par Le Devoir.
Toujours dans sa requête, Mme Charlebois affirme avoir essayé de dénoncer Rozon pour la première fois 16 ans plus tard, en 1998, quand l’homme d’affaires avait été accusé d'agression sexuelle, mais que les policiers lui avaient fait comprendre que son cas était trop vieux.
Lyne Charlebois affirme que sa carrière a écopé des faits allégués, comme elle aurait refusé un contrat qui lui aurait rapporté près de 400 000$, soit la réalisation de la série des Mecs comiques, 3X rien.
Rappelons que Gilbert Rozon poursuit quant à lui Julie Snyder et Pénélope McQuade en diffamation pour 450 000$, après qu’elles ont réitéré leurs dénonciations contre lui à La semaine des 4 Julie, cet automne.