Sexe et confidences avec Mona de Grenoble
Marie-Josee R RoyIl y a les gentilles drag queens qui lisent des contes aux bambins dans les bibliothèques. Et à l’opposé, il y a Mona de Grenoble, la drag qui ne fait «pas un show de drag!!!» (c’est elle qui le dit), qui sacre aux deux mots et qui se brandit le troufion aux quinze premières minutes de son spectacle De la poudre aux yeux (elle garde sa robe, soyez rassurés), dont la première avait lieu à l’Olympia de Montréal, mardi soir.
À l’inverse de ce que plusieurs journalistes ont écrit dans les dernières semaines, non, De la poudre aux yeux ne s’adresse pas aux 7 à 77 ans, à moins que vous ayez envie de passer la nuit suivante à expliquer quantité de choses de la vie à vos progénitures. Soyez avisés.
Mona-le-pastiche-de-matante-saoule (ça tombe bien, les partys de Noël s’en viennent), l’autoproclamée «version trash de Sol et Gobelet», avait donc installé ses quartiers dans le Village gai, mardi. On se serait crus dans le kitsch exagéré d’une parodie de tapis rouge d’Occupation double ou dans le boudoir d’une richarde outremontaise d’une autre époque dépourvue de goût, avec marches de podium veloutées (elle qui déteste les escaliers), petits palmiers de plastique, luminaire en forme de couronne et statue de mâle viril (aux «talents» insoupçonnés) quelques pas plus loin.
La souveraine exhibait son plus beau look démodé des années 1960, crinière rouge bombée, hautes bottes blanches, courte tunique rose tachetée de noir. Prête à lever son verre (ou 12 verres, c’est selon), à crier ses quatre vérités à qui veut les entendre et à pourfendre les clichés du genre de ceux qui «reviennent transformés» d’un voyage ou de ces femmes qui se prétendent «un peu sorcières».
Pas de première partie à De la poudre aux yeux. Il n’y a, bien sûr, que Mona de Grenoble dans l’univers de Mona de Grenoble.
Peu à dire… mais!
Soyons francs, Mona de Grenoble est diablement divertissante comme personnage, mais elle n’a pas grand-chose à dire sur scène. Sa prestation prend d’ailleurs un peu de temps à décoller, notre hôtesse étirant le temps en jasant avec son parterre et en répétant que, non, elle n’est pas une «vraie» drag queen («J’ai l’uniforme, mais je ne fais pas la job qui vient avec!»).
Il est beaucoup question, pendant 90 minutes, de boisson et de sexe. Oui, oui. Ça vous étonne? Pas qu’on soit particulièrement prudes, mais si vous espériez découvrir la nature profonde de la gagnante de Big Brother Célébrités 2023, comprendre l’humain sous la perruque et derrière le maquillage, ou vous insurger du traitement de certains médias envers les drags, rebroussez chemin.
N’empêche, on apprend dans De la poudre aux yeux que les parents de Mona sont «fuckés» tellement ils sont ouverts (faut entendre ce qu’elle leur a balancé lors de son coming out, quand elle leur a présenté son premier copain), et qu’elle leur a fait croire, au début de sa carrière, qu’elle était éducatrice en garderie. Sa participation à l’émission 50 façons de tuer sa mère, à UnisTV, lui fournit aussi un bon fond de matière.
Pour le reste, disons que dame de Grenoble ne donne pas tellement dans l’introspection ou la dénonciation.
«J’ai une personnalité qui est un peu party», annonce l’intéressée, son inséparable verre de vin blanc à la main, avant de plonger dans le vif de son propos. Joli pléonasme.
Grosso modo, Mona – qui porte assez d’épaisseurs de bas-culottes, affirme-t-elle, pour «pogner une mycose du sac» –, parle des pronoms (il, elle, iel), d’identité de genre, compare les orientations sexuelles aux gammes de croustilles sur le marché, explique que son franc-parler lui vient de ses tantes et se moque de sa famille. Elle semble partager avec Richard Martineau une certaine aversion pour les wokes.
Et sa taloche à son amie Josée Boudreault est presque violente.
À celui qui lui a hurlé avec homophobie qu’elle était dégueulasse en baissant sa vitre de voiture, Mona concède qu’elle aurait peut-être dû s’abstenir de «ch*er entre deux chars» dans une commande à l’auto.
Ah, et le prépuce lui chauffe, ces temps-ci; elle s’est récemment trempée dans un «monsieur pas clair»…
Pas pour les chérubins, qu’on disait.
Seule dans son créneau
Or, le peu que Mona (alias Alexandre Aussant, son interprète) dit, elle l’exprime avec une telle grivoiserie et un tel aplomb qu’elle rencontrera toujours un public intéressé à l’écouter dans les salles du Québec. Quelques drag queens ont acquis le statut de vedette dans l’espace public ces dernières années, et toutes ont leur petit côté irrévérencieux, mais dans ce créneau aussi salace, cru et impertinent, Mona de Grenoble règne en impératrice. Et faudra s’y prendre tôt pour «l’acotter», en termes de blagues de c*l.
Son segment final sur «l’envahissement» du monde par les drags queens tombe à point, mais ne comptez pas sur Mona pour devenir la porte-parole de ses semblables. La coquine termine sa tirade format coq-à-l’âne en résumant avec force énergie toutes les raisons qui font d’elle un «vrai de vrai» gars.
Vous l’aurez compris, ça se passe beaucoup en bas de la ceinture.
Et Mona de Grenoble a déjà vendu les 25 000 billets qui prouvent que sa langue (entre autres excroissances de sa personne) bien pendue plait à un vaste public (de 18 ans et plus).
Mona de Grenoble présente son One Mona show en tournée partout au Québec. Consultez son site web (monadegrenoble.com) pour toutes les dates.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.