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Ricardo Trogi: «Les gens vont être surpris de voir à quel point c’est la même os*ie d’affaire!»
Crédit: Bertrand Calmeau / Courtoisie production

L’un des plaisirs de visionnement du film 1995, nouvel opus de la série autobiographique du réalisateur Ricardo Trogi (après 1981, 1987 et 1991) réside dans la redécouverte de l’émission culte La course destination monde.

Car «l’authentique» Ricardo Trogi, dans la mi-vingtaine au milieu des années 1990, a vraiment participé à ce concours télévisé ayant marqué toute une génération.

La course destination monde était une sorte de téléréalité de haut calibre avant son temps, dans lequel de jeunes apprentis cinéastes arpentaient la planète pour réaliser de minis courts métrages dans différents pays, ensuite évalués à l’écran par des professionnels du septième art. Michel Désautels et Pierre Therrien en avaient été animateurs.

Reconstituée de toutes pièces

Dans 1995, un Ricardo Trogi (toujours incarné par Jean-Carl Boucher) de 24 ans, rempli d’ambition, aspirant à faire carrière dans les communications, vit le rêve d’être sélectionné pour La course.

L’émission est simplement renommée ainsi dans l’histoire, car la production de 1995 n’a pas obtenu les droits d’utilisation du titre et des véritables images de la vraie Course destination monde, ceux-ci se trouvant au cœur d’un litige administratif.

«C’est une compagnie mondiale qui a les droits. On a fait ce qu’on pouvait», mentionne à Hollywood PQ la productrice Marie-Claude Poulin, de Sphère Média, laissant ainsi entendre qu’il serait très étonnant que Radio-Canada rediffuse un jour, sur l’une de ses plateformes, les saisons antérieures de La course destination monde.

Une scène recréant La course destination monde dans le film 1995, avec Mickaël Gouin, Olivier Aubin, Myriam Gaboury et Maude Bouchard / Crédit : Bertrand Calmeau / Courtoisie production

Or, Ricardo Trogi a conservé dans ses archives personnelles les épisodes de La course destination monde dont il était participant. Et il a minutieusement recomposé les séquences qu’on y voit pour 1995. Les commentaires des juges (Michel Coulombe, Manon Barbeau, Jean-Michel Vidal, Michelle Rossignol, Louise Racicot, etc) et de l’animateur Pierre Therrien ont été scrupuleusement recopiés textuellement. Le réalisateur a demandé l’autorisation de chacun pour les représenter dans son long métrage, leur a fait lire son scénario.

«En bons intellos, ils l’ont tous lu au complet», ricane-t-il en entretien.

Même les autres concurrents qui affrontaient Ricardo Trogi dans l’aventure ont été contactés. Tous ont accepté de bon gré de se voir imités à la caméra, à une condition: que tous les faits soient respectés. Que le même reportage qu’ils évaluaient à l’époque à la télévision dans le cadre du concours, soit de nouveau montré avec exactitude dans 1995.

Et Trogi n’a pas manqué à sa promesse. L’intrigue de 1995 s’articule autour d’un court métrage réalisé en Égypte et jalonné de mille péripéties, intitulé Le son de l’ignorance, portant sur l’excision. Et Trogi a refait le film dans son film avec le plus grand souci du détail.

«Quand 1995 va être sorti depuis un moment, je vais peut-être mettre le vrai film sur YouTube, avec les vrais commentaires des vrais juges, et les gens vont être surpris de voir à quel point c’est la même os*ie d’affaire! J’ai refait les mêmes cadrages, tout est pareil», lance le cinéaste.

Acteurs ressemblants

Le comédien Mickaël Gouin est absolument parfait dans la peau de l’hôte Pierre Therrien, adoptant le débit posé et la dégaine relax de son sujet. Ricardo Trogi n’a même pas eu besoin de faire passer d’audition à l’acteur pour lui attribuer le rôle, il savait d’emblée que Gouin serait «le» Pierre Therrien idéal. En fait, à peu près tous les personnages de juges ont été attribués d’emblée à leurs interprètes.

Le journaliste, réalisateur et humoriste François Parenteau, ex-Zapartiste, candidat à La course destination monde en même temps que Ricardo Trogi, est aussi présent sporadiquement dans 1995, sous les traits de Guillaume Gauthier. Les deux créateurs sont demeurés des amis proches depuis.

«Ç’a vraiment été un coup de foudre amical dans ma cohorte.Tu le sais rapidement autour d’une table, après deux ou trois niaiseries: lui, il est con pour vrai! (rires) Ça serait mon ami en os*ie! (rires). Lui aussi m’aimait bien…», souligne Ricardo Trogi.

Jean-Carl Boucher (alias Ricardo Trogi) et Guillaume Gauthier (alias François Parenteau) dans une scène du film 1995 / Crédit : Bertrand Calmeau / Courtoisie production

L’après-Course…

Pour l’instant, Ricardo Trogi ne sait pas s’il mitonnera une suite à 1995, qui pourrait exposer des pans de ses années de réalisateur établi.

En guise d’amuse-bouche, sachez qu’après sa «formation» à La course destination monde, Ricardo Trogi a fait de la réalisation de documentaires et de magazines à Radio-Canada, avant d’aller s’éclater un an et demi à MusiquePlus, à l’ère des Véronique Cloutier, Geneviève Borne, Philippe Fehmiu et Claude Rajotte.

«Une très belle année! C’était écoeurant, c’était super. C’était une atmosphère de secondaire 5, tous les vendredis, tous les jours! Tout le monde était célibataire, ou presque. Qu’est-ce qu’on fait à soir? On avait des tickets gratuits pour des spectacles. Je suis content de ne pas l’avoir fait 15 ans, mais d’être allé me planter le nez là un an ou deux, ça a été vraiment chouette!», se remémore celui qui, peu après, en 1999, a entamé l’écriture de son premier long métrage, la comédie Québec-Montréal, tournée en 2001.

Il nous en a par la suite offert une dizaine (dont, outre sa série autobiographique, Horloge biologique, Le mirage et Le guide de la famille parfaite), ainsi qu’une dizaine de séries télé (dont Les beaux malaises, Les Simone, La Maison-Bleue, Les mecs et Lakay Nou, dont il dirige présentement la deuxième saison).

Ricardo Trogi lors d’une édition du gala Québec Cinéma / Crédit : Serge Cloutier

Radio-Canada avait présenté La course destination monde de 1988 à 1999, mettant ainsi à l’épreuve la créativité et la débrouillardise de plusieurs talents naissants qui sont aujourd’hui toujours prolifiques dans les milieux artistiques et médiatiques, comme réalisateurs (Denis Villeneuve, Philippe Falardeau, Robin Aubert, Yves Christian Fournier, le documentariste Hugo Latulippe…), animateurs (Patrick Masbourian) et même humoristes (Guy Nantel).

Le concept a connu d’autres titres (La Course des Amériques, La Course Amérique-Afrique, La Course Europe-Asie) avant de se rebaptiser La course destination monde au début des années 1990. En 2011-2012, la chaîne Évasion avait présenté une nouvelle mouture de La course… rebaptisée La course Évasion autour du monde, animée par François Bugingo (avant les révélations concernant ce dernier, sorties dans La Presse en 2015).

Le film 1995 prend l’affiche le 31 juillet!

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