
«Ça fait 30 ans que je fais ce métier-là, et je pense que je ne suis l’humoriste préféré de personne…»
Avouons qu’on a déjà vu mieux comme pitch de vente pour un artiste sur scène! En fait, de tout Perizzolo le dramatiste, nouveau spectacle de Martin Perizzolo, après Nous (2017) et Vieux garçon (2019), émane une petite déprime.
Est-ce vraiment une déprime, en fait, ou une sorte de résignation désabusée aux inévitables fatalités de l’existence, façon Les Voisins, de Meunier, par exemple?
Toujours est-il que Martin Perizzolo accepte et affirme sa propre lourdeur dans Perizzolo le dramatiste. «Ma vie est un drame», décrète-t-il sans ambages et quasi sans émotion.

Cela dit, rassurez-vous: le Lion d’Or, qui accueillait la première médiatique de Perizzolo le dramatiste, jeudi dernier, croulait vraiment de rire aux analyses philosophico-tragi-comiques du posé et pince-sans-rire Perizz, qui semble plus que jamais en possession de ses moyens avec cette nouvelle cuvée.
Et avec raison, parce que celui-ci propose un matériel très solide, authentique (en ce sens qu’il reflète parfaitement la personnalité de celui qui le récite, du moins, le présume-t-on allègrement) et différent.
Déjà, avant même que sa prestation commence, depuis l’arrière-scène, alors que la salle est plongée dans le noir, Martin Perizzolo babille sur les gens qui voudraient peut-être le saluer après la représentation. Ouais, bon, ne vous sentez pas obligés, finit par cracher Martin, en tournant graduellement de moins en moins autour du pot. Après tout, sa soirée de travail aura été longue…
Puis, s’amorce et se déploie Perizzolo le dramatiste, dans une enfilade de sujets qui ne sont pas nécessairement jojo. Or, ironiquement, notre dramatiste les dédramatise joyeusement en les faisant siens. Ici, l’anecdote est courte et ouvre presque toujours sur une réflexion et une perspective plus large, que le comédien des Beaux malaises pimente de son cynisme aussi implacable que rigolo.

L’immigration qu’on conçoit mal, ses doutes sur la capacité des personnes décédées à nous guider à partir «d’en haut» (après tout, comment son oncle André, plombier de son état professionnel, pourrait contribuer à lui éviter une fraude bancaire, lui qui ne répertoriait ses finances que dans un petit livret?), les bobos de santé de sa maman (ses parents ont atteint l’âge du «terrible 80»), les «causes» (Suicide Action l’a récemment contacté; pour une fois que c’était eux qui l’appelaient!), les microplastiques et les wokes qui vont raccourcir la vie des X et des Y, les beaux-parents qui vont nécessairement vous haïr…
Alors, à quoi bon?, semble se demander à voix haute le Poudy du L’Gros Show. Mais Perizz nous allège et nous relativise les petites tares fatigantes d’une observation d’esprit finement trouvée. Et il le fait, ô joie, en une heure quinze bien tassée, longueur parfaite pour son style.
À lui seul, son fantasme de ce que devrait être une fin du monde idéale vaut le prix d’un billet pour Perizzolo le dramatiste.

À retenir du comique involontaire que semble vouloir incarner Martin Perizzolo dans Perizzolo le dramatiste (dont l’affiche évoque justement une tragédie théâtrale clownesque): la vie est saprément difficile, mais mieux vaut en rire (jaune) qu’en pleurer.
Martin Perizzolo présente Perizzolo le dramatiste en tournée partout au Québec. Consultez son site Web (martinperizzolo.com) pour toutes les dates.