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Maripier Morin: « Ça prend des couilles en béton pour faire tout ce que j’ai fait en dedans de six épisodes »
Crédit: Benoit Vermette

On découvre une Maripier Morin à la fois forte – parce qu’elle ose et pas qu’un peu – et vulnérable – parce qu’elle se dévoile dans toute son entièreté – dans la docusérie Mais pourquoi?, qui prendra les ondes de Z à compter du 30 octobre. En explorant les sujets parfois tabous que sont le fitness, la parentalité à tout prix, la nudité, l’argent, la religion et le monde des jeux vidéo, l’animatrice a eu l’idée de gagner une compétition de bikini, de faire congeler ses ovules, de danser nue, de dévoiler son salaire, de joindre une communauté religieuse et de servir de modèle pour faire du motion capture. On s’est entretenus avec elle pour savoir ce qui lui est passé par la tête pour relever tous ces défis personnels devant une caméra. Spoiler : c’est probablement un merveilleux mélange de beaucoup de courage et d’un peu de douce innocence.

On voit ton ex-mari, Brandon Prust, dans l’épisode sur la parentalité. As-tu pensé à le couper au montage?

« Ça a fait partie des réflexions, sauf qu’en même temps, Bébé à tout prix, c’est le premier [épisode] qu’on a tourné, donc y’a un an. Je pense que, si on l’avait enlevé, ça aurait eu l’air qu’on voulait justement pas aller là, et la réalité de ce que je vivais à ce moment-là, c’était ça. C’est pour ça qu’on a décidé de le garder et, d’un côté, d’assumer l’exercice, de faire les choses pleinement et entièrement. »

Dans ce même épisode, tu dis que tu as déjà voulu avoir cinq enfants. Qu’est-ce qui a changé?

« C’était une blague! Mais oui, plus jeune je disais que je voulais plein d’enfants parce que je venais de familles tellement nombreuses. Mon père, ils sont 12; ma mère, ils sont six; moi, j’ai deux frères, 37 cousins et cousines juste du bord de mon père… C’est sûr que moi, dans ce que j’ai vécu et dans ce que je connais, c’est des familles très, très nombreuses. Mais à un moment donné, la vie étant ce qu’elle est, tu vieillis. Quand t’es jeune, on te dit que tu vas te trouver un chum, tu vas te marier, tu vas avoir des bébés. T’sais, c’est ça l’espèce de suite logique. C’est comme dans les contes de fées, c’est toujours la même affaire. Mais jamais tu te poses la question à toi en tant que femme : »Moi, ça fait-tu mon affaire, ça? C’est-tu de ça que j’ai envie?» Pour moi, c’est arrivé sur le tard. J’ai fait : »Qu’est-ce que moi je veux? C’est quoi mon désir profond? Qu’est-ce qui va me rendre heureuse?» Et c’est là qu’à un moment donné, j’ai fait : »Ah, mais je le sais pas si j’en veux finalement, des enfants». »

On revient du visionnement de presse et tu as eu une réaction vive en voyant pour la première fois (dans une salle avec des journalistes) la scène où on te voit danser pratiquement nue. Comment penses-tu que le public va réagir à ça?

« Je ne le sais pas… »

Est-ce que ça t’inquiète?

« Oui, ça m’inquiète. Mais j’espère que les gens vont aller au-delà de ce que moi j’ai fait et vont se poser des questions. J’espère que toute la série en fait va ouvrir des conversations, que ce soit sur la nudité, que ce soit sur l’argent, que ce soit sur la parentalité, la religion… C’est vraiment des sujets, je trouve, qu’on n’aborde pas ou peu dans des soupers, en famille, dans un couple. C’est des affaires qu’on se dit : »Non, on parle pas de ça!» […] J’espère que les gens vont parler de l’hypersexualisation des jeunes filles, de notre rapport au corps humain, au corps de la femme, au corps de l’homme, de la nudité versus la prostitution… C’est tout ça [la nudité]. Je trouve que c’est tellement riche, j’espère que les gens vont pas s’arrêter au fait que moi j’ai dansé, mais aux motifs de pourquoi j’ai dansé. J’espère que les gens vont comprendre la quête plus que l’action. »

Tu viens d’une famille très catholique. Est-ce que tes parents ont approuvé cette démarche-là?

« Y’ont pas le choix! Ma mère est bonne, je trouve, dans le sens où elle comprend vraiment la démarche. Mon père, je suis sa fille, sa seule fille. C’est sûr que lui… je pense pas qu’il va le regarder. Je ne pense pas que mon père va être capable. Mais je pense que mes parents saluent beaucoup mon courage dans cette démarche-là. De dire : »Je vais au bout au bout des choses, je me lance, je me mouille, je le fais». J’ai l’goût de dire que ça prend des couilles en béton pour faire tout ce que j’ai fait en dedans de six épisodes, ou un peu de naïveté et d’insouciance, ou un mélange des deux. Je sais que mes parents sont très fiers de ce projet-là, fait que j’espère que les gens seront pas trop rough sur les réseaux sociaux (rires). »

As-tu eu l’impression par moments que tu jouais ta carrière?

« Pas que je jouais ma carrière, parce que, je veux dire, c’est pas comme si je faisais une téléréalité pis que j’étais exploitée ou que j’étais dans un contexte où je ne contrôle pas le montage. Au contraire, ce show-là, je l’ai conceptualisé, j’ai fait partie de toutes les décisions. Les expériences sont mes propositions : d’aller danser, c’est moi qui voulais faire ça; congeler mes ovules, c’est moi qui voulais faire ça; dévoiler mon salaire aussi, c’est pas la production qui a dit : »Voici ce qu’on veut faire». C’est parti de moi et après ça nous autres on a proposé ça à Z. Après ça, moi j’ai réalisé que j’étais une c*liss de folle d’avoir fait tout ça (rires)! À toutes les fois que je le faisais, je me disais : »Je peux pas en vouloir à personne, c’est mon idée de marde!» […] Je dirais que je n’ai pas eu peur pour ma carrière. Cependant, je pense que ça va faire jaser pas mal. »

La religion est un sujet très tabou. Des personnalités publiques qui dévoilent leur foi à la télé, on ne voit jamais ça au Québec. Toi, le fais-tu dans l’épisode dédié à la religion?

« Je suis catholique. Je la cherche ma foi. Je prie beaucoup, à plein de moments dans la journée, mais je prie pas à Jésus, je prie pas à Dieu. T’sais, moi, quand mon grand-père est décédé, c’est comme si c’était devenu mon ange gardien et la personne à qui je m’adresse. Mais après ça, je trouverais ça triste que notre vie n’ait pas de sens. Croire en quelque chose de plus grand que nous autres, que ce soit à Dieu ou à l’univers ou à une force supérieure, je trouve qu’il y a quelque chose de rassurant là-dedans. Pour moi, ça a été un peu ça aussi ma conclusion : j’espère qu’il y a quelque chose de plus grand que nous, qui est là pour les bons moments, les moins bons moments pis qui nous appuie. Moi, ça me fait du bien. Mais t’sais, après ça, j’ai parlé avec un athée pis ça se défend très bien ce qu’il endosse. C’est vrai que si tu penses seulement avec la science, c’est de l’*sti de bullshit la religion. Je parlais avec la musulmane et je me disais que c’est vrai que ça fait du sens. Je parlais avec l’athée et je me disais que c’est vrai que ça fait du sens (rires). Chacun a sa réalité à lui, je trouve ça le fun de les montrer. »

Es-tu encore quelqu’un qui va à l’église tous les dimanches, comme quand tu étais plus jeune?

« Non, vraiment pas. Des fois, c’est un moment de recueillement, au-delà d’aller prier. Moi, dans l’Évangile, je ne crois pas à tout. Je suis pas sûre de Jésus pis de toute la patente, l’eau en vin et tout ça. Je pense que ça a peut-être été romancé, mais y’a une partie de moi – c’est peut-être la nostalgie due au fait que j’ai grandi là-dedans – qui a le goût d’y croire. »

Penses-tu que l’argent est plus tabou que la religion?

« Dans un souper, tu parles de religion, y’a personne qui va se choquer. Tu parles d’argent… eh cr*ss! Je pense que les gens sont plus ouverts au dialogue et à l’échange quand on parle de religion que quand on parle d’argent. En tout cas, y’a pas de malaise. Essaye ça avec tes amis, pose les deux questions : combien t’as fait cette année et c’est quoi ta religion? Tu vas avoir des réponses très, très, très différentes. »

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