L’exposition d’une vie pour Diane Dufresne: Comme si vous y étiez!
Marie-Josee R RoyL’année 2024 est saillante pour la grande Diane Dufresne. Elle y célébrera ses 80 ans, le 30 septembre. Elle y a aussi commémoré, il y a quelques jours, à la mi-août, les 40 ans de son grandiose spectacle Magie rose, au Stade olympique.
Point d’orgue de ces symboliques anniversaires, l’installation biographique Aujourd’hui, hier et pour toujours, inaugurée mardi à Arsenal Art Contemporain, dans Griffintown, à Montréal, constitue l’exposition d’une vie pour la chanteuse et ses admirateurs, une cerise délicieuse sur le gâteau d’une carrière déjà ô combien goûteux.
Sur 15 000 pieds carrés, Aujourd’hui, hier et pour toujours exhibe œuvres d’art, costumes, photos, vidéos, notes manuscrites (d’une élégante main d’écriture), articles de journaux et magazines et autres archives et artefacts témoignant du riche parcours de la diva la plus extravagante du Québec.
Un carrousel tournoyant ses robes les plus flyées designées par des créateurs de renom comme Michel Robidas ou Marie Saint-Pierre (une trentaine de tenues sont en fait dispersées tout au long du trajet), un long vidéoclip immersif à 180 degrés ressuscitant quelques-uns de ses moments de scène iconiques, un étalage de ses disques, une salle consacrée à ses sculptures, sa statue du défunt Musée Grévin, une voiture Bentley offerte par Yvon Deschamps et, ici et là, des mises en scène représentatives de l’univers Dufresne, balançoire en forme de cercueil fleuri ou mannequin au piano et ses ballons : l’artiste multidisciplinaires n’aurait pu espérer plus magnifique album-souvenir pour graver son héritage dans le temps.
Diane Dufresne n’était toutefois pas très attendrie de se replonger ainsi dans le temps devant les journalistes, mardi. La dame a plutôt rappelé à plusieurs reprises que son émotion, à elle, c’est le public qui la lui crée.
«Ça m’émeut toujours de voir le public. Je suis émue, quand le public est ému…»
«C’est comme quand on a été en amour. Quand ce n’est plus là, qu’est-ce que ça nous fait? On ne peut pas toujours rester là-dessus. Ça appartient au public. Les robes, tout ça, ça ne m’appartient pas; ça appartient au public», a complété Diane Dufresne, qualifiant le projet de «grande dose d’amour».
Cette reine de notre show-business n’a pas non plus manqué de fréquemment souligner l’apport de son conjoint, Richard Langevin, idéateur, commissaire et directeur artistique de l’exposition. Ce beau rendez-vous à l’Arsenal, a expliqué ce dernier, arrive aujourd’hui après 27 ans de voiturage de housses, de boîtes et d’archives, dont certaines ont échappé à un violent incendie dans leur appartement en 1994. C’était dans le quartier Petite-Bourgogne ou Griffintown, le couple n’en est plus trop certain. Diane Dufresne, elle, s’étonne que les mites n’aient pas grignoté ces joyaux de son passé. Madame Dufresne a rencontré Monsieur Langevin à 50 ans, il y a donc 30 ans, et depuis, l’amoureux n’a jamais vidé son bureau des trésors de sa muse plus géante que nature.
De son œuvre en général, que devrait-on – et plus particulièrement les jeunes femmes – retenir?, a demandé Hollywood PQ à Diane Dufresne en fin de conférence de presse.
«Il faut faire bien attention aux bons défauts qu’on a. Moi, je criais trop fort. J’avais le caractère que j’avais. Je disais ce que je pensais. J’étais aussi très timide. Mais la timidité emmenait ailleurs…»
«Et j’écrivais. Ce qui est important, c’est de toujours créer. Il faut être en état de créativité, pas de performance. J’ai toujours voulu toucher les tabous. Il faut être une bonne personne et ne pas oublier son âme», a avancé l’auteure-compositrice, qui doit lancer un nouvel album le 11 octobre.
Le producteur de l’exposition, Paul Dupont-Hébert, de la maison de production Tandem, qui met sur pied ce genre de concept immersif depuis cinq ans (jusqu’ici consacrés à des artistes visuels comme Van Gogh, Monet, Dali ou Picasso) aspirait depuis longtemps à en façonner un autour d’une vedette locale. Le choix de Diane Dufresne, dont le legs éclaté touche à sensiblement tous les créneaux, s’est imposé d’emblée pour cette première tentative.
«C’est l’exposition d’une vie, d’une époque, d’un pays. On a beaucoup de grands, mais on n’a pas beaucoup de grandes, malheureusement. Les femmes sont rares. Diane Dufresne est notre plus grande diva. Diane Dufresne, c’est la folie, son amitié avec les arts, les designers, son amitié avec l’extravagance et la folie, avec l’audace… Elle ose tout le temps, surprend, va toujours plus loin. Elle n’a pas peur et brasse les cages tout le temps», a souligné Paul Dupont-Hébert, qui espère vivement organiser d’autres expositions du genre sur d’autres personnalités québécoises éventuellement.
Hâtez-vous de profiter de l’événement: Aujourd’hui, hier et pour toujours, l’exposition immersive sur Diane Dufresne, n’est en place à Arsenal Art Contemporain que jusqu’au 13 octobre. Elle pourrait toutefois être prolongée si le succès est au rendez-vous.