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Les organismes de lutte contre le VIH/sida fâchés contre District 31

L’affaire concernant Vincent Nantel (Frédérick Bouffard) dans les derniers épisodes de District 31 crée une nouvelle controverse, quelques mois après qu’on ait reproché à l’émission son manque de représentation de la diversité, notamment des personnes de confession musulmane. Dans la quotidienne, un homme s’est présenté au poste de police jeudi dernier, estimant que sa conjointe des deux dernières années lui avait transmis le sida.

Photo de District 31.
Facebook District 31

Or, la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le VIH/sida (COCQ-SIDA) considère que District 31 n’a pas traité ces enjeux de manière appropriée. La Coalition, qui s’est dite « déçue » et qui « demande qu'un avis rectifiant les faits soit publié le plus tôt possible », blâme entre autres les passages concernant la criminalisation de non-divulgation. « La Cour suprême est claire : ce ne sont pas toutes les relations sexuelles sans divulgation préalable du statut sérologique qui sont criminelles. Pourtant, c'est ce qui est mentionné – voire martelé – dans ces épisodes », peut-on lire dans la déclaration partagée hier sur Facebook. Une autre grave erreur soulevée par la Coalition touche au secret professionnel qui a été levé dans l’épisode de lundi soir, alors que la Cour suprême n’a jamais confirmé une telle obligation.

Mais outre ces informations erronées qui sont transmises à la population à travers l’oeuvre de fiction diffusée sur les ondes d’ICI Radio-Canada, le problème réside surtout dans la manière dont sont présentées les personnes atteintes du VIH/sida. En effet, elles y sont décrites comme une menace pour la santé et la sécurité publiques, le personnage d’Hélène Bourgeois-Leclerc allant même jusqu’à dresser un parallèle entre la suspecte et une tueuse en série.

« Ce passage nous a donné l'impression de retourner vingt ans en arrière, à une époque où nos connaissances sur l'épidémie du VIH et les comportements des personnes séropositives n'étaient que spéculations. Il y a cependant belle lurette que la science a démontré que les personnes avec un diagnostic positif au VIH savent mettre en place des mesures pour protéger leur(s) partenaire(s), notamment le port du condom. À notre avis, toute cette intrigue sensationnaliste ne contribue en rien à améliorer la perception des personnes vivant avec le VIH auprès du grand public. Vivement que Aetios Production s'empresse de corriger le tir. Quant à notre diffuseur public, il peut et doit faire mieux », a conclu la COCQ-SIDA.

L’auteur Luc Dionne n’a pas répondu à la controverse jusqu’à maintenant, mais le premier directeur relations publiques et promotion de Radio-Canada, Marc Pichette, a indiqué au Huffington Post Québec qu’ « On ne peut exiger d’une émission dramatique, et encore moins de personnages de fiction, d’aborder de tels sujets en explorant toutes leurs nuances. Il y a manifestement matière à débat, mais celui-ci trouvera mieux sa place dans une émission d’information ». N’empêche, la stigmatisation des personnes séropositives est un phénomène tristement bien réel, qui ne devrait certainement pas être encouragé par le diffuseur public.

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