On aimerait vraiment vous dire qu’on a un coup de cœur pour La dérape, la nouvelle série du Club Illico, mais après avoir visionné les trois premiers épisodes, soit le tiers de cette première saison, on n’est franchement pas certains d’embarquer dans cette histoire qui met en vedette Camille Felton dans le rôle de Julia, une adolescente de retour au Québec après un événement tragique et qui se passionnera pour le karting. Pourtant, la plateforme qui nous a donné Victor Lessard et Blue Moon a tendance à nous présenter des productions qui séduisent le public très rapidement, nous compris.
Premier constat : on n’est pas le public cible, c’est clair. D’abord, parce qu’on a le sentiment qu’il s’agit d’une série destinée à un public jeunesse (malgré qu’on sache garder nos cœurs d’enfants). Mais surtout, parce qu’on s’est longuement questionnés sur l’intérêt de suivre le milieu du karting. Il nous semble qu’il y a tellement de mondes inconnus à explorer qu’on a du mal à saisir pourquoi se pencher sur cet univers si spécifique. Unité 9 se concentre sur le milieu carcéral pour femmes, Cheval-Serpent s’intéresse aux danseurs nus, Fugueuse nous transporte chez les proxénètes, District 31 visite les bureaux d’enquêteurs et Ruptures ceux des avocats. Ce ne sont que des exemples de séries où il nous paraît évident qu’il y a quelque chose de mystérieux que le grand public a envie de percer. Mais le karting, vraiment? Eh ben!
S’il nous a paru évident que la série ne s’adressait pas à nous, on a quand même été capables d’en saisir les qualités. En tête de liste, il y a le scénario, qui est très bien construit. Ça sera probablement un peu long pour certains, qui déploreront peut-être le manque d’action, mais dans notre cas, c’est certainement la subtilité des dialogues et du développement de l’histoire qui nous a le plus plu. L’événement tragique dont il est question dans le synopsis se devine assez bien en visionnant simplement la bande-annonce : le frère de Julia, Thomas, est décédé des suites d’un accident de course. On aurait pu nous garrocher l’information dans les premières minutes, mais on l’a plutôt glissée ci et là, attisant une certaine curiosité et surtout, rendant le tout beaucoup plus réaliste et humain.
Autre point fort : le jeu des acteurs. Sébastien Delorme évolue dans n’importe quel personnage comme un poisson dans l’eau et la brochette de jeunes comédiens, incluant notamment Romane Denis, Ludivine Reding et Samuel Gauthier, est très bien choisie puisqu’ils débordent tous plus de talent les uns que les autres. Par contre, de ce qu’on a pu voir, le personnage de Maxime Gibeault manque de nuances et il était difficile d’évaluer les performances de l’acteur quand on lui demande sans cesse de jouer pour ainsi dire la même émotion. Matt St-Pierre, celui qu’il incarne, est constamment en mode agressif. C’est un peu le cas de son père également, interprété par un Guy Jodoin auquel on réussit difficilement à coller le rôle vu et revu de l’entraîneur rude qui terrorise un tantinet les adolescents du coin. Disons qu’entre Rick St-Pierre et Rick Vallières (Stéphane Crête dans Tactik), il n’y a qu’une histoire plus dramatique. En fait, autant on adore la finesse du scénario, autant on a vu un manque de subtilité dans la définition de ces deux personnages.
Il faut mentionner que La dérape joue avec certains stéréotypes pour mieux les détruire. C’est certain qu’une série qui met en vedette une fille dans un univers typiquement masculin passe en soit un certain message sur les rôles genrés, rappelant qu’hommes et femmes ont droit d’avoir les intérêts qui leur plaisent, quoi qu’en dise la norme. La nouveauté, écrite par Christian Laurence qui la coréalise en compagnie de Richard Lacombe, vient aussi combler un manque dans le paysage télévisuel québécois, où peu de séries de fiction tournant autour du sport sont produites actuellement. Les fans d’adrénaline y trouveront probablement leur compte!
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