Le public, la classe politique et la communauté artistique se sont joints hier pour faire un dernier adieu à la grande dame du théâtre d’ici, Janine Sutto. Plusieurs sont ceux qui ont pris la parole à l’église St-Germain d’Outremont avant le début de la cérémonie, dont Bernard Landry, Louise Turcot, Martin Francke, Pauline Marois et Julie Snyder, dont les propos ont été rapportés dans le Huffington Post.
C’est un très bel hommage qu’a rendu la productrice, se remémorant d’une anecdote en apparence banale, mais qui représente très bien le caractère toujours vif de madame Sutto. Elle souligne également son attitude toujours très libre et sans préjugés en plus, bien sûr, de son indéniable talent pour le jeu.
« La dernière fois que j'ai vu Janine Sutto, c'était après un enregistrement du Banquier. On avait fini assez tard, on avait bu du vin […] Et on l'avait raccompagnée chez elle... et elle avait perdu ses clés! On s'était retrouvées aux petites heures du matin, à essayer de réveiller le concierge, et à avoir des fous rires dans la voiture. Elle était vraiment sur le party, elle n'était pas fatiguée! On lui demandait si elle voulait venir coucher chez nous, et elle disait : »Non, non, moi j'aime ça, les choses imprévues...» On était un petit peu pompettes, et François Flamand, le gérant de Patrick Huard, qui était notre chauffeur, n'en pouvait plus, il disait qu'il avait l'impression d'avoir trois ados dans son auto! Elle nous rendait adolescentes! Elle était toute pimpante, fofolle comme elle seule pouvait l'être, anticonformiste... Elle avait le goût de veiller tard et d'avoir du plaisir. C'est un souvenir assez récent.
Et je l'ai tellement souvent interviewée, pour le théâtre, le cinéma, je l'ai souvent rencontrée dans ma vie. Elle était de toutes les premières au théâtre. Elle était très drôle, très comique, malgré tout ce qu'elle a pu vivre dans sa vie. Elle n'avait pas de préjugés. Elle pouvait jouer dans des grands classiques comme dans des vaudevilles, ou des émissions extrêmement grand public, le théâtre avec un grand T, ou le cinéma avec un grand C, et le cinéma avec un petit C, aussi, le cinéma coquin! Ça, c'était Janine, d'être capable de faire des 180 degrés. Elle était acceptée par tous les publics, tous les milieux, elle était vraiment respectée. Son apport était aussi, je pense, d'avoir un certain détachement par rapport à ce métier-là, de se dire : »Moi, je fais ce que je veux, jugez-moi, jugez-moi pas...» Elle avait un côté »Je m'en fous, c'est là que je m'en vais, je fais à ma tête». Elle n'était pas snobée par les élites, et elle ne snobait pas le grand public. »
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Crédit photo : Courtoisie d’ICI Radio-Canada
Source: Huffington Post