Guylaine Tremblay avait interprété Rose Ouimet dans la première mouture de la comédie musicale Belles-Sœurs, en 2010. L’aventure avait été longue et riche, avait duré plus de trois ans et avait même mené la troupe à Paris, où «nos» Belles-Sœurs ne s’étaient attiré qu’éloges et confettis.
Comblée par cette expérience, l’actrice n’aurait jamais cru qu’elle aurait le bonheur de rejouer le percutant texte de Michel Tremblay, qui se transmet de génération en génération depuis près de 60 ans. Belle surprise, voilà qu’on la retrouve aujourd’hui au cinéma dans ces mêmes Belles-Sœurs, cette fois dans la peau de l’aigrie Thérèse Dubuc, toujours sous la direction du metteur en scène et réalisateur René-Richard Cyr, que Guylaine Tremblay adore. Et c’est, de mémoire, la «cinquième ou sixième fois», dit-elle, qu’elle déclame les mots de Michel Tremblay sur les planches (Encore une fois, si vous permettez, Enfant insignifiant!, Albertine en cinq temps…)
«Tremblay, c’est comme si on venait chez nous. C’est comme si ma mère, ma grand-mère, mes tantes résonnaient dans chaque réplique! Jouer du Tremblay, c’est inexplicable, le bonheur que ça donne. J’espère que les nouveaux arrivants et les immigrants vont aller voir le film. Parce que c’est la même chose pour eux; ce sont nos mères et nos grands-mères, mais c’est universel!», a résumé Guylaine Tremblay à notre journaliste.
2 personnages en 1
Précision : dans l’histoire originale des Belles-Sœurs, Thérèse Dubuc, responsable de sa belle-mère en chaise roulante, incarne le sacrifice et l’abnégation à la table de Germaine Lauzon (maintenant personnifiée par Geneviève Schmidt), tandis qu’un autre personnage, Marie-Ange Brouillette, rage de jalousie en collant les timbres remportés par sa voisine.
Or, dans la version grand écran des Belles-Sœurs – qui a déjà explosé au box-office selon la firme Cinéac, chargée de compiler les recettes aux guichets – , Marie-Ange Brouillette n’existe pas, et le scénario de René-Richard Cyr a attribué les vilains défauts de la dame à Thérèse Dubuc.
Guylaine Tremblay hérite donc d’une partition particulièrement touffue, dans laquelle sa Madame Dubuc maudit son destin, maltraite sa pauvre belle-mère âgée et malade (Véronique Le Flaguais, qui s’exprime en onomatopées pour la cause!) et entraîne ses amies dans un vol sans scrupules qui causera tout un boucan. Et ce, en plus d’avoir dû danser sous le parrainage du duo Team White pour les numéros musicaux, ce dont elle n’a pas du tout l’habitude!
«On s’est fait brasser, ma petite fille! Mais j’ai tout aimé. Je n’ai rien pris comme une difficulté. J’ai surtout apprécié la chance de pouvoir jouer ça! Avec René-Richard Cyr, je suis tellement en confiance…», nous a-t-elle lancé en s’esclaffant.
«Je t’avoue que la scène de la chaise roulante dans l’escalier, quand il m’a dit que j’allais faire débouler Véronique Le Flaguais, je me suis dit: OH MY GOD! (rires). Et j’ai adoré danser. Ce n’était pas juste une petite stepette à gauche et à droite; ce serait mal connaître Team White! (rires) Ils ont été fabuleux!»
Quant à sa Thérèse Dubuc au premier abord détestable, Guylaine Tremblay éprouve à son endroit une grande sympathie et comprend son mal-être.
«Elle n’est pas contente de sa vie, elle est malheureuse, envieuse, elle se plaint tout le temps pour avoir de l’attention, pour faire pitié, parce que c’est donc dur, avec sa belle-mère… C’est sa façon d’exister, parce qu’elle ne sait pas comment être heureuse! Certains diront qu’elle est méchante, mais c’est parce qu’elle est malheureuse. Il faut le dire: elle a une vie de m*rde!»