Marie-Mai en pleine et totale liberté – Entrevue HollywoodPQ pour la sortie de son album M
Karine ParadisJour M. La recette du bonheur? Marie-Mai l’a trouvée avec M, son plus récent album. Et elle s’appelle la liberté! Pas de pression, pas d’attente, Marie-Mai et son complice de toujours, Fred St-Gelais, ont écrit une à une les chansons de M sans se soucier de contrainte de temps ou du produit final. En pleine et totale liberté: « l’inspiration était partout » nous a dit Marie-Mai, les yeux brillants. Le résultat est plus que convainquant, M est l’un des meilleurs albums de l’auteure-compositrice-interprète. Si ce n’est LE meilleur. Mmmmm!
Folle journée? Lundi, entre une, deux entrevues, et une répet à l’émission de Pénélope Mcquade, on a piqué une jasette à Marie-Mai. Ok, on doit vous avouer qu’on a jasé vraiment longtemps! Entre voyage à Vegas, vent dans les cheveux, une tribu aux liens tissés serrés, Marie-Mai nous a parlé de son nouveau bébé qui volait maintenant de ses propres ailes (et sur iTunes à ce qui paraît). Pour la première fois en 11 ans, Marie-Mai n’a pas de plan pour l’année à venir. Rien dans sa boule de crystal miroir. Avant de prendre une pause à l’automne prochain, elle est bien déterminée à en mettre plein la vue au Québec tout entier! Et ça ne fait que commencer avec son cinquième album M!
Voici la première partie de notre entrevue avec Marie-Mai (cliquez pour lire la partie deux: Marie-Mai et l’urgence de vivre à fond). On vous avait dit qu’on avait jasé longtemps…
Marie-Mai en pleine et totale liberté
Aujourd’hui tu lances ton album M et hier tu n’étais pas capable de dormir, est-ce que ta conscience t’a dit de dormir finalement?
Elle m’a dit de dormir… plus tard que prévu (rires)! Je me suis endormie, il était peut-être 2h du matin! Ce matin, j’étais à Salut, Bonjour! alors je devais me lever à 7h. Ce n’est pas si pire, 4 heures, je survis!
Si on compare tes cinq albums, Miroir est sûrement celui qui était le plus personnel et M celui qui parle le plus des autres. Qu’est-ce que tu trouves plus simple: parler de toi ou la vie de ton entourage?
Ce sont deux défis complètement différents. Parler de soi, c’est difficile, car tu sens que tu t’exposes vraiment et tu dis: « OMG! Les gens vont vraiment voir comment je me sens, que ça soit par rapport à ma relation avec Fred ou mon passé quand je parlais d’intimidation! » C’est un peu comme une thérapie. Travailler sur des chansons moins personnelles (oui, il y en a quand même sur M), c’est intéressant parce que tu peux changer de chapeau et te mettre à étudier les autres, être à leur écoute. Sortir du « Moi je vis ça comme ça! » et essayer de s’impregner du bonheur, de la peine des autres, essayer de les comprendre et de mettre en paroles leurs émotions. Pour moi, ça a été magique de faire ça!
« Je pense que c’est important d’embrasser le changement et de ne pas avoir peur. »
Alors que sur Miroir tes fans s’identifiaient à Différents, on dirait que sur M, ils se retrouvent dans On change! Est-ce que tu sais d’avance quelle chanson sera un coup de cœur pour tes fans?
On ne sait jamais! Je me souviens, quand on a écrit On change, ça me parlait beaucoup. Souvent, les gens me disent « Ne change pas! » et c’est le plus beau des compliments que je puisse recevoir. Change pas, ça veut dire « je t’aime exactement comme tu es et reste comme ça », mais à quelque part, on change tous quand même. Si je regarde qui j’étais en 2003 quand j’avais 18 ans et maintenant ou j’approche les 30 ans, il y a un moooonde qui sépare qui j’étais et qui je suis maintenant. C’est sûr que certains aspects de ma personnalité vont rester identiques, mais tu vas quand même passer de la jeune femme qui se cherche à celle de 30 ans qui est plus assumée, en contrôle et en confiance. Je pense que c’est important d’embrasser le changement et de ne pas avoir peur.
Pourquoi mes fans s’identifient à On change? Si on regarde les jeunes: à l’adolescence, à chaque jour tu es différent, tu te remets en question, tu trouves ta personnalité et apprends à te connaître. Et même mes fans plus vieux vont se reconnaître, car on passe tous par-là!
Chaque album est précis et conséquent avec ta personnalité à l’époque où tu l’as écris: quel était ton état d’esprit quand tu as écrit M?
Libre!!! Totalement. On faisait cet album-là sans se dire qu’on allait faire un album. Ça, ça change beaucoup de choses, parce quand tu entres en studio et que tu te dis: « Ok! On doit absolument faire un disque! » il y a assurément une pression, et ce, même si tu te dis « Ben non, y’en avait pas de pression! » Oui, c’est sûr qu’il y en a parce que tu veux que ton album soit bon, meilleur que celui d’avant. Mais quand tu écris pour le fun, en te disant que tu vas seulement écrire deux ou trois chansons, et que finalement tu en fais 20 et choisis les 12 meilleures, c’est comme si tu n’essayais pas de rentrer dans un cadre préétabli. On n’avait pas de vue d’ensemble, on vivait le moment présent. Si on écrivait une chanson dans un hôtel, c’était à l’hôtel, dans un camion, chez-moi, au studio… l’inspiration était partout. Je ne me suis jamais sentie aussi libre dans mon écriture. De faire tout ce que j’ai envie, et ce, même si on a toujours eu du fun en studio et que chaque album me ressemble énormément. M, on l’a fait pour nous et ç’a été extrêmement libérateur.
« Je trouvais ça dégoûtant qu’en 2014, on soit encore obligé de cacher qui on aime! »
Écrire en voyage, notamment pendant tes vacances aux USA, à Las Vegas, ça a dû augmenter le sentiment de liberté!
Ben oui (sourire)! Il faisait beau, chaud, on avait une décapotable, les fenêtres baissées, le vent dans les cheveux: il y avait un désir de vivre le moment présent. Et ça s’entend dans Rien à perdre: une chanson super légère, ensoleillée, à la limite on peut sentir le sable et la canicule! Aimer comme toi aussi on l’a écrite en voyage à Vegas. Ce sont deux chansons totalement différentes, mais on était en vacances avec David (son bon ami et coiffeur) et son chum: David me disait que lorsqu’il était dans des endroits publiques, lui et sont chum se sentaient mal de se démontrer leur amour et il me répétait « Même si les gens ne me dévisagent pas particulièrement, on sent qu’ils nous fixent et nous regardent, parce que ce n’est pas tout le monde qui comprend ça! » Je trouvais ça dégoûtant qu’en 2014, on soit encore obligé de cacher qui on aime! Il n’y a jamais personne qui devrait faire ça. Aimer comme toi, je l’ai écrite pour eux, et je sais que j’ai des fans, filles et gars, jeunes et moins jeunes, qui sont homosexuels ou qui le découvrent. Et surtout, quand tu es jeune, tu te demandes toujours « Est-ce que je suis normal? Je vis des émotions et je ne les comprends pas! » et je voulais qu’ils aient une chanson qui puisse les réconforter et surtout qu’ils sentent qu’ils ne sont pas seuls au monde, que quelqu’un les comprend et que c’est extrêmement normal d’aimer qui on veut. De se sentir libre avec qui on est.
On t’a entendu chanter en espagnol à L’ADISQ avec Boogat, ça ne te tentait pas d’immortaliser ta voix et le moment sur CD en t’essayant en espagnol sur Ne m’écoute pas?
J’ai essayé!!! On avait fait une phrase et j’avais demandé à Boogat qu’on puisse l’essayer en espagnol, mais on dirait que le « Ne m’écoute pas » dans le refrain était plus fort que tout! De l’avoir incorporé lui en espagnol et moi, ça faisait encore plus comme nos deux univers personnels, mais mélangés ensemble. Et je ne veux pas avoir la prétention de dire que je parle espagnol! Comme c’était sur mon album, je tenais à chanter en français et prendre ses influences à lui, mais si je retravaille avec lui sur son album par exemple, là ça va être intéressant.
Tu dis que tu veux toujours que tes prestations soient meilleures que les précédentes, plus marquantes, t’améliorer et surprendre toujours plus les gens… Jusqu’à quel point te mets-tu de la pression?
Je m’en mets pas mal (rires)! Mais c’est bien comme ça. Je pense que c’est important de ne pas prendre pour acquis ce qu’on a, parce que ça pourrait être facile de se dire « Regarde, je vais juste faire une prestation ben relaxe ce soir et je ne me casserai pas la tête! » Non, ça vaut la peine d’essayer de sortir de sa zone de confort, de faire les choses différemment parce qu’après ça mes fans m’en parlent et me disent à quel point c’était cool. Il faut prendre des risques.
« Si un jour les radios cessaient de jouer ma musique, je sens que mes fans seraient là à mes côtés quand même et ÇA c’est un lien particulier. »
Tu dis dans le livre de Josélito Michaud, La gloire démystifiée: 31 destins et 200 clichés volés, que ta gloire à toi, c’est d’avoir su trouver ton public et de l’avoir compris.
J’ai toujours fait ce que j’ai fait par passion, par amour pour la musique, pour mon métier, mais en premier lieu par amour pour mes fans. Ce lien-là particulier, je l’ai eu dès le jour un. Et ÇA c’est rare que ça arrive dans une vie, de sentir que les gens te comprennent exactement comme tu es, t’aiment et t’acceptent, malgré les albums, les styles et les looks différents. J’ai l’impression qu’ils me laissent aller, je me sens libre avec eux. Je les comprends et j’ai l’impression qu’ils me comprennent aussi. Et surtout, je n’ai pas un lien de chanteuse versus fan avec eux, j’ai l’impression qu’on est vraiment une tribu, on est une gang, on est uni. Si un jour les radios cessaient de jouer ma musique, je sens que mes fans seraient là à mes côtés quand même et ÇA c’est un lien particulier.
Ça été annoncé que tu prenais une pause à l’automne prochaine… donc enceinte ou pas, tu prends une pause tout de même?
Oui! Je ne vois pas ça comme une année sabbatique. Je vois ça comme: ne pas avoir de plan établi, pas de tournée, pas de projets… s’il y a quelque chose d’intéressant, c’est sûr que je ne fermerai pas la porte. Mais pour la première fois en 11 ans, je ne sais pas ce qui s’en vient! Et c’est correct. J’ai tellement mis l’accent sur ma carrière pendant les 11 dernières années, et je pense que c’était nécessaire, de faire des sacrifices, et ne faire que ça…. Maintenant, je pense que c’est aussi nécessaire d’être un peu chez-moi, remplir mon frigidaire, faire du ménage, être avec mon chum, et de mettre l’accent sur ma vie privée. Je veux que ma vie personnelle soit aussi florissante que ma vie professionnelle. Mais en même temps, je ne veux pas que les gens pensent que je vais disparaître, non, je vais être encore là, sur les réseaux sociaux par exemple, et je vais encore avoir des projets… c’est juste que je vais être plus zen!
Tes fans attendaient de pied ferme le vidéoclip de Conscience… et tu ne les déçois pas! Le clip est FOU. (50 000 views en deux jours et ça continue de monter!)
Ce que je trouve cool, c’est que Bernard Nadeau, le réalisateur, a vraiment trouvé une façon originale de monter le bien et le mal. Parce que ça aurait été facile et un peu cliché de montrer une bonne en blanc et une méchante en noir. Mais quand tu regardes Conscience, ce n’est pas SI évident que ça: parfois la blanche a l’air en furie et la noire est plus douce dans ses expressions. Dans le fond, dans la vie, ce qui est bien et mal, ce n’est pas si défini que ça. Tout n’est pas blanc ou noir. À chaque fois qu’on a travaillé ensemble Bernard et moi, j’ai toujours joué des personnages: dans C’est moi, j’étais une femme bionique sur ma table d’opération, dans Emmène-moi j’étais une astronaute et dans Conscience, je suis l’ange et le démon. Bernard me pousse sans cesse à me dépasser et après un tournage de 20 heures, en voyant le résultat, je me dis: « Ayoye! Ça a tellement valu la peine de souffrir, même si je ne sens plus mes genoux et mes bras! »
C’était comment tourner sous l’eau pour Conscience?
C’était dur! C’était la dernière scène de la journée et on tournait dans une piscine avec du chlore… normalement, quand tu fais des scènes sous l’eau, tu ne fais pas ça dans une piscine avec du chlore, ce n’est pas une bonne idée (rires)! Deux heures sous l’eau, avec des breaks ici et là… le lendemain, j’avais les yeux rouges, ROUGES! Je me souviens, j’avais un shooting photo et j’avais les yeux plugués sur le Clear Eyes! Mais ça vaut la peine quand tu vois le résultat et que tu te dis: « C’est pour ÇA que j’ai souffert! »
Tu as aussi lancé le vidéoclip de Tourner et là, c’est complètement différent, il n’y a plus de jeu de rôle et c’est la folie du moment présent captée au Centre Bell!
Tant qu’à sortir plus qu’une vidéos, aussi bien qu’ils soient à l’opposé! Pour moi, la chanson Tourner, c’est une tune de spectacle. Jean Lamoureux a fait la captation et Jean-René Grimard a fait le montage. J’ai de la chance de tourner avec quelqu’un comme Jean, qui a une vision artistique et avec qui j’ai travaillé avec Star Académie, La Voix et mes numéros à l’ADISQ, c’est un partner de feu: je suis contente qu’il ait capté l’essence de mon show. Pour moi, mon spectacle ce sont mes fans et dans le clip c’est ça qu’on retrouve! On voulait miser là-dessus et que mes fans trippent en se disant: « Check! Je me vois là! » et qu’ils se cherchent dans la foule. Oui c’est la prestation et ce que moi je donne sur scène, mais c’est surtout ce que MOI je vois quand JE suis sur scène.
Tu as parlé de la sortie d’un possible DVD de ton spectacle Miroir… une date de prévue?
Pour l’instant, on est encore en train de regarder les possibilités, savoir si ça sera un DVD, si ça sort bientôt, si on le travaille pour la télévision. On a plusieurs opportunités, mais c’est sûr que les gens pourront voir le produit fini.
C’est très rare qu’une captation est faite avec des caméras cinéma! Ça donne vraiment un résultat différent et c’est tout un privilège. Il y a U2 qui a fait ça aussi auparavant, filmer en entier son show avec ce type de caméra!
On souhaite vraiment à MM d’être plus zen… mais pas tout de suite! Après sa tournée des festivals cet été… quoique, zen et rock, c’est un bon mix! Avec M, Marie-Mai nous prouve que ça vaut vraiment la peine de sortir de sa zone de confort et faire les choses différemment dans la vie: faire les choses à la Marie-Mai, bref! L’une des grandes forces de l’auteure-compositrice-interprète!
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Crédit photo et entrevue: Karine Paradis