Amnesia Rockfest 2015: Mononc’ Serge change de formule.
Pour ceux qui l’ignoreraient encore malgré ses 20 ans de carrière, Serge Robert est un gars très articulé et plutôt posé dans la vie. Très loin de l’attitude provocatrice de son alter-égo dit Mononc’ Serge, on ne peut s’empêcher de contempler la distance qui sépare l’homme du personnage à qui l’on doit les hits Les patates et Maman Dion… entre autres.
Fort généreux, Mononc’ a passé une bonne demie heure à nous jaser, juste avant son passage sur la scène Budweiser du Amnesia Rockfest. Il y est allé de quelques révélations:
HollywoodPQ: Tu fais un album aux deux ans depuis 20 ans. Tu es très productif! Tu prends ça où?
Mononc’ Serge: Ça dépend des périodes. J’ai l’air productif parce qu’au début j’ai sorti beaucoup d’albums en très peu de temps. Entre la sortie de mon premier et mon troisième album, il y a moins d’un an. Évidemment, ça augmente beaucoup ma moyenne. Des fois, je travaille des chansons en parallèle et il y en a plus qu’il n’en faut pour un disque.
Le cas de mon dernier album (il vient tout juste de lancer son 12e album, ), parce que comme au début je faisais des chroniques à la radio ce qui m’obligeait à produire des chansons d’actualité sur une base régulière. Je me suis rendu compte en le faisant que ça m’allait bien de faire ça. C’est désagréable de travailler sous pression, mais ce qui est agréable, c’est le résultat. Je m’y suis remis pour mon dernier album parce qu’à l’automne 2015, j’ai eu une proposition pour participer régulièrement à l’émission Ce show avec Mike Ward à MusiquePlus. Je trouvais que c’était une drôle d’invitation parce qu’au départ, ils m’avaient invité pour que je sois là une fois par semaine pour que je chante une chanson de mon répertoire régulier. Je me suis dit que les gens allaient se lasser. Je leur ai proposé de me remettre à l’écriture de chansons d’actualité pour qu’il y ait un petit piment de nouveauté.
Au mois de décembre, l’émission a pris fin et en janvier j’ai continué la démarche sur une base plus personnelle. J’ai enregistré des chansons chez moi, je me suis filmé en train de les chanter, et puis j’ai fais des capsules vidéo que j’ai présentées sur Internet. Suite à la diffusion de la première capsule, le journal Voir a décidé de relayer le contenu. Donc, à partir de l’hiver, j’ai fait ça en collaboration avec Voir plutôt qu’avec MusiquePlus.
Donc, toutes ces chansons-là, à l’exception de deux tunes, ce sont des chansons qui ont été produites dans le cadres de chroniques de chansons d’actualité.
Tu es un habitué du Rockfest. Ça fait combien de fois que tu es en show dans le cadre du festival?
Bonne question… Sur dix ans, ça doit faire cinq ou six fois…
De ta première participation à ta plus récente, qu’est-ce qui a changé?
Tout a changé, tout! C’est devenu monstrueusement gros! Des petits festivals comme était le Rockfest au début, il y en a tout le temps partout. Ça dure une ou deux éditions et après ça meurt. Un truc comme le Rockfest c’est exceptionnel et je pèse mes mots. Et dans un bled aussi petit que Montebello! C’est vraiment phénoménal.
Moi je n’étais pas là au tout début du festival. Ma première apparition c’était en 2008, si je ne m’abuse, et c’était beaucoup plus petit. On jouait sur un terrain de balle devant des estrades qui ont été démolies depuis. Je me souviens, l’électricité avait lâché après ma première tune. J’avais fais une tune a capella, pas de micro, devant le millier de personnes qu’il y avait là.
C’est un festival, donc, qui a connu une croissance absolument démentielle. Les dernières années, je suis venu avec les sportifs, le même show que je présente ce soir, en 2012 et déjà c’était monstrueusement gros par rapport à 2011 ou 2010, quand j’étais venu avec Anonymus. L’année passée, c’était encore plus gros. On dirait que ce n’est pas le même festival tellement ça grossit.
En terme de festival, c’est vraiment différent…
Ouais, des festivals de fouérreux, de gens qui arrivent avec leur tente, qui passent deux/trois jours là, qui se pètent la face pis qui écoutent de la musique rock, il y en a très peu. Je pense que ça fait très mal à Woodstock en Beauce qui est un même genre d’événement. Ce n’était pas le cas au début. Ça avait plus l’air d’un petit festival régional.
Forcément, un artiste ne vas pas au Rockfest pour les mêmes raisons qu’il irait aux Francofolies ou au Festival de Jazz. Pourquoi Mononc’ Serge vient au Rockfest?
Moi, quand on m’invite à chanter quelque part, a priori j’ai le goût d’y aller. C’est pas la même foule, mais j’ai envie de jouer, j’ai envie d’être écouté, j’aime ça faire des spectacles. C’est ma vie. On m’invite au Rockfest, oui je vais venir. Évidemment, il y a des conditions. Je gagne ma vie avec ça. Mon agent négocie des prix…
Mais tu ne ferais pas ton difficile sur ce festival-là…
Bien, il y a un truc… Depuis quelques années, j’essaie d’imposer un virage plus acoustique. J’enfonce le clou avec le dernier album. Jouer dans des festivals comme ici, pour moi… comment dire? J’aime ça la scène underground, mais c’est une scène dont je cherche à m’éloigner un peu. C’est pour ça que j’arrête mon show rock. Les deux dernières ont lieu ce soir et demain. Moi, ces dernières années, le volet chanson, j’essaie de le mettre de l’avant. Il y a moyen de présenter des shows comme ça au Rockfest aussi!
Je suis assez bien intégré à la scène underground au Québec. J’ai l’impression d’avoir beaucoup joué sur la scène underground, d’avoir fait ce que j’avais à faire, et là ma job dans ce créneau-là c’est de conserver mes acquis si on veut. Si je m’en vais du côté de la chanson, là j’ai de l'expansion à aller chercher. Pis il y a quelque chose par rapport à mon art aussi qui est plus naturellement porté vers la chanson que vers le rock. Mes chansons sont axées sur les paroles, sur le propos, tandis que dans la musique rock, le propos est souvent au second plan par rapport à la musique. Tout ça est relatif! Relativement, la chanson est une forme qui permet au propos d’être compris plus facilement. Surtout avec des chansons sur des thèmes d’actualité comme j’ai fais récemment, le centre d’intérêt de ces chansons-là c’est quand même les paroles. Je trouve que c’est une formule qui est mieux servie par la chanson.
Voilà ce qui conclut notre couverture de la 10e édition du Amnesia Rockfest. On vous invite à jeter un œil à notre revue Instagram de la fin de semaine, notre , ainsi qu’à nos couvertures des performances de The Offspring, Linkin Park et Capitaine Révolte.
Crédit photo: Claudie Saulnier (Clo photo)