ANEB Québec est un organisme qui œuvre depuis 30 ans afin de comprendre, prévenir et traiter les troubles alimentaires en venant en aide à ceux qui en sont atteints ainsi qu'à leurs proches. Dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires, nous nous sommes entretenus avec la comédienne Catherine Brunet, co-porte-parole d'ANEB, qui nous jase, entre autres, de diversité corporelle.
Il faut savoir que c’est en 2011 qu'elle a commencé à s'impliquer ainsi pour la cause des troubles alimentaires auprès de l’organisme. Pour elle, c'est important d'utiliser sa tribune pour faire passer un message : « Je suis chanceuse dans la vie sur plein de points et je pense que c'est important de pouvoir redonner. [...] Je pense que dans la vie en général, on devrait s'intéresser à des causes, en défendre, donner de notre temps, de nos sous, peu importe. [...] Donc , je trouve ça important de le faire et de pouvoir sensibiliser les gens aux troubles alimentaires parce qu'en plus, j'ai une tribune du fait que je suis un peu connue. »
Lorsqu'elle était adolescente, l'image – très homogène – des femmes et de la beauté présentée dans les médias la dérangeait et aujourd'hui, grâce à son rôle de porte-parole, elle est heureuse de pouvoir participer à cette importante discussion : « De voir tout le temps les mêmes corps, les mêmes corps super minces. On ne parlait pas beaucoup de diversité il y a 10 ans; en tout cas, on en parlait moins. C'est ça qui m'a donné le goût de m'impliquer avec ANEB et d'aborder les troubles alimentaires, mais aussi de parler de ce qui fait qu'on développe ces troubles, comme l'image que la société renvoie des femmes, mais aussi des hommes. »
Parce que si on associe souvent les femmes aux troubles alimentaires, Catherine tient à souligner que les hommes aussi peuvent être touchés : « Et je parle des filles, mais même chose pour les gars; pour ceux qui sont super musclés, tout le monde va dire : «Wow t'es dont ben bon, t'es super beau, t'es super musclé», alors que ça peut être associé à un trouble alimentaire. La bigorexie, c'est un trouble alimentaire, qu'on retrouve surtout chez les garçons. » Elle explique alors que pour obtenir le corps musclé de leurs rêves, les personnes atteintes de bigorexie vont aller jusqu'à consommer des produits douteux leur permettant de gagner rapidement de la masse musculaire et peuvent développer une relation malsaine avec la nourriture.
Une autre croyance erronée qu'elle aimerait démanteler : l'idée selon laquelle le poids et la santé sont intimement liés. « De dire que les gens avec plus de poids ne sont pas en santé, ce n'est pas vrai. C'est complètement faux comme croyance. C'est important de se renseigner avant de parler et de dire des choses comme ça. »
À titre d'exemple, elle explique que dans le passé, elle a vécu une importante perte de poids qui, même si elle était associée à des événements difficiles, était considérée de facto comme « positive » par les autres. Elle a d'ailleurs trouvé particulièrement difficile d'être complimentée ainsi pour une perte de poids qui, pour elle, était en fait la manifestation d'une détresse psychologique : « J'avais perdu beaucoup de poids et j'étais super malheureuse. Ce n'était pas une bonne période dans ma vie et les gens me complimentaient beaucoup sur mon poids et là je me disais : «Ben, okay, fait que ça veut dire que quand j'étais heureuse, mais que j'avais 20 livres de plus, j'étais moins belle que maintenant». Dans nos actions de tous les jours, il faut arrêter de valoriser la perte de poids et de dévaloriser une prise de poids. »
En fait, elle propose, comme le suggère l'initiative de la semaine Le poids? Sans commentaire!, de prendre l'habitude de ne pas commenter le poids des autres, que ce soit pour critiquer, évidemment, mais même pour complimenter. « Il faut arrêter de mettre l'emphase sur le poids des gens en général pour que ça perde de son importance. »
Elle croit toutefois que la discussion concernant la diversité corporelle est bien enclenchée : « Je pense qu'on est sur la bonne voie, dans le sens qu'on est déjà ouverts à avoir la discussion et à montrer des corps différents, comparativement à il y a 10 ans alors que seules les silhouettes filiformes étaient à la mode. Mais je pense qu'on a encore du chemin à faire avec ce qu'on appelle la diversité. » En effet, elle explique que, sous prétexte d'offrir une certaine « diversité corporelle », les compagnies vont parfois faire appel à des femmes considérées « taille plus » dans leurs publicités, mais qu'en regardant bien, on constate rapidement qu'elles correspondent toutes à un certain standard de beauté féminine : « Ça va toujours être des femmes avec des bonnes hanches, des beaux gros seins, mais une taille fine et très photoshopée. »
Et outre les médias traditionnels, à l'époque actuelle, il faut aussi considérer les réseaux sociaux et leur influence sur notre vision de la beauté. Si plusieurs se sont tournés vers ces nouvelles plateformes pour trouver des modèles de beauté alternatifs qui leur ressemblent davantage, il ne faut pas non plus diminuer les autres – ces personnes aux corps minces qui correspondent à un idéal de beauté plus conventionnel actuellement – pour se remonter. « C'est bien que les réseaux sociaux puissent promouvoir la diversité, de pouvoir justement avoir ce côté positif et inclusif là [...], mais il faut faire attention de ne pas tomber dans le négatif. [...] Pour moi, le plus important, c’est d'être inclusif pour vrai », explique Catherine. Être réellement inclusif, c'est donc de reconnaître que tous les corps ont la même valeur et méritent le même respect. Dans tous les cas, Catherine nous rappelle que personne ne gagne à se comparer : « Il faut être extrêmement vigilants avec les réseaux sociaux et se rappeler que ce n'est pas la réalité. »
En cette semaine de sensibilisation aux troubles alimentaires, ANEB a choisi de souligner le thème du rétablissement avec le slogan Se rétablir d’un trouble alimentaire une pièce à la fois : « C'est important de dire aux gens qui ont des troubles alimentaires, qui pensent avoir un trouble alimentaire ou dont quelqu'un dans l'entourage est touché, que c'est possible de se rétablir; que c'est difficile et que c'est beaucoup d'étapes, mais que c'est vraiment possible et qu'il y a de l'aide disponible, dont ANEB.»
De par son rôle de porte-parole d'ANEB, mais aussi à cause de la visibilité que lui procure son métier de comédienne, Catherine reçoit parfois des témoignages touchants de jeunes : « Chaque fois que quelqu'un m'écrit, ça me touche parce que je me dis tant mieux si j'ai pu aider moindrement quelqu'un à faire les premiers pas vers le rétablissement d'un trouble alimentaire. [...] C'est sur que des fois j'aimerais ça aider plus, sauf que je réfère toujours aux professionnels qui peuvent les aider pour vrai. »
Elle a d'ailleurs tenu à mentionner que de l'aide est disponible – et gratuite – sur le site d'ANEB Québec et qu'il y a même un volet « ados » qui permet notamment aux jeunes de clavarder avec des intervenants. Une ligne d'écoute est aussi disponible au 1-800-630-0907 et au 514-630-0907.
Ainsi, que ce soit pour obtenir de l'aide ou poser les questions qui vous tracassent, n'hésitez pas à contacter les ressources comme ANEB.
Pour conclure, si vous désirez joindre l’utile à l’agréable, sachez que la Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires coïncide avec la Poutine Week et, donc, 1$ est remis à Anorexie et boulimie Québec (ANEB) pour chaque poutine vendue jusqu’à demain. Faire une bonne action n’aura jamais goûté aussi bon!