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«Ça change toute» de Mélanie Couture: Pour sortir avec vos chums de filles
Crédit Salomé Bengoufa-Maltais/Pomme Grenade

Le premier one-woman-show de Mélanie Couture, Pure Couture (2019), avait le propos joyeusement salace, salé, osé, imaginez le terme que vous voulez référant à tout ce qui tourne dans le bas de la ceinture et au-dessus des genoux. Pure Couture n’était pas pour les enfants de chœur!

Qu’en est-il de Ça change toute, son deuxième effort, dont la première avait lieu à l’Olympia de Montréal, mercredi soir? Disons simplement que Mélanie Couture continue de loger – fièrement, sans malaise – à la même enseigne. Une enseigne grivoise, qui hurle fort «16 ans et plus» en néons voyants.

«Je suis consciente que je parle plus de mes organes génitaux que de mes géniteurs, dans la vie», confirme d’ailleurs Mélanie, une fois son texte bien entamé.

Elle semble bien déterminée à prouver qu’elle n’a peur de rien et, surtout, d’aucun mot.

Mention spéciale à l’expression «fourche», d’ailleurs, qui pourrait charger un peu de temps supplémentaire à la fin de Ça change toute tant elle est récurrente.

Aux gens qui auraient envie de juger les femmes grosses qui se lèvent la nuit pour manger du gâteau, Mélanie Couture leur envoie un «f*ck you» bien senti.

«Qui se lève la nuit pour manger du chou kale…?»

Qui d’autre qu’elle pour s’inquiéter des menstruations des personnages féminins dans les films de zombies? Pour dénoncer que «l’orgasme du point G, c’est comme le porc effiloché, faut en revenir»? Ou pour s’insurger (très intelligemment, au demeurant) de manque de sexologues (son ancienne profession) dans les écoles?

Cela dit, l’épicé extra piment extra chauffant de Mélanie Couture ne sort pas de nulle part. C’est en parlant de l’éducation de ses garçons (elle a un «droit acquis» sur l’aîné de 22 ans, rencontré en même temps que le papa, et est «propriétaire» de son plus jeune depuis 8 ans), de son insomnie, de sa difficulté à prendre des bains vu sa corpulence, de la confiance en soi, des cours de formation personnelle et sociale et des profs d’arts plastiques, et alouette, que Mélanie ouvre son robinet à vulgarités. Autrement dit, des choses qui font partie de n’importe quelle vie.

Mais dans chacune de ces choses, sur la planète Mélanie Couture, il y a de l’obscénité à tirer.

Même au Céramic Café, le vase vulve est à l’honneur.

Mélanie Couture à la première de son spectacle Ça change toute, à l’Olympia de Montréal, le mercredi 9 avril 2025 / Crédit : Salomé Bengoufa-Maltais / Pomme Grenade

Rendons à Couture ce qui revient à Couture: son regard libidineux est très singulier. Il y a bien eu des Cathy Gauthier avant elle pour paver cette voie décomplexée dans les salles québécoises, mais façon Mélanie Couture, la luxure atteint des sommets peut-être encore jamais touchés.

Néanmoins, Ça change toute ouvre une parenthèse davantage intime sur la personne qu’est Mélanie Couture, une parenthèse qu’on aurait souhaité plus importante.

Oui, cette fois, l’humoriste raconte des parcelles de sa famille dans ce qui constitue l’un des meilleurs segments du spectacle. Dommage que celui-ci soit plutôt court et qu’il bifurque sans trop d’élégance, sans trop de lien, sur… les variations de types d’éternuements.  Pas inintéressant, mais il est dommage d’interrompre brusquement la matière plus profonde pour retourner sans crier gare dans une trivialité déjà maintes fois explorée.

Comme si Mélanie Couture avait peur de réellement s’ouvrir et de se laisser aller à vraiment parler d’elle-même. Un défi à contempler en vue d’un troisième spectacle?

La portion des photos d’elle-même et de son petit garçon, qu’elle rebaptise selon son inspiration du moment, est un excellent filon. Et sa longue analyse toute personnelle de la pornographie – pour qui aime ce genre d’humour – fait mouche au parterre.

Vous aurez compris qu’une prestation de Mélanie Couture est une sorte d’écho à une chanson de Marie-Chantal Toupin où les chums de filles sortent en ville, dans une soirée de pitounes au centre-ville sans faire de bêtises (succès souvenir). Tout adulte aux oreilles pas trop chastes pourra y prendre son pied, bien sûr, mais avouons que Miss Couture doit causer un tabac dans les enterrements de vie de jeunes filles.

Nadine Massie: en demi-teinte

Mélanie Couture avait confié à sa pote Nadine Massie le soin de réchauffer sa salle en lever de rideau.

Peu sûre d’elle au début de son monologue, Massie a gagné en confiance lorsqu’est venu le temps d’attaquer le corps de son propos: sa nouvelle vie de maman monoparentale, avec un crochet pas du tout mauvais sur la littérature érotique, puis sur un rancart amoureux ayant viré en ghosting.

Un numéro inégal, mais néanmoins prometteur, livré par une artiste au potentiel apparent, qui doit simplement se muscler l’assurance pour vraiment avoir les deux mains sur son volant.

Mélanie Couture présente Ça change toute en tournée partout au Québec.

Consultez son site (melaniecouture.com) pour toutes les dates.

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