Ce mardi matin, bien des gens ont été surpris de retrouver leur Instagram bourré de carrés noirs. Il s’agissait d’un mouvement collectif baptisé le Blackout Tuesday pour dénoncer le racisme et la brutalité policière. Plus encore, ce mouvement avait pour but de pousser les personnes qui ne sont pas Noires à s’informer, réfléchir et prendre action contre le racisme systémique. Pour ce faire, il était demandé qu’aucune publication n’étant pas lien avec la cause ne soit publiée pour donner toute la place aux personnes et aux intervenants noirs qui désiraient prendre parole et ainsi amplifier leurs voix.
Reste que le carré noir que bien des personnes ont partagé avec le #BlackoutTuesday empêchait le message de se rendre. Plutôt que de nous informer, notre Instagram ne nous renvoyait rien d’autre que notre propre ignorance sur le sujet, malgré la bonne intention derrière le geste.
Un fait qu’a remarqué Karine Vanasse, qui a par la suite retiré son propre carré noir pour le remplacer par une publication dans laquelle elle explique sa décision et sa démarche en toute humilité.
« J'avais mis un carreÌ noir moi aussi hier, ça semblait trouver son sens dans le fait de me taire pour mieux entendre et faire de la place aux comptes de la communauteÌ noire… mais la reÌaliteÌ, c'est que c'est la journeÌe ouÌ€ j'ai eÌteÌ la moins bousculeÌe des derniers jours parce que les images qui provoquaient un inconfort et de l'indignation ne se rendaient plus aussi facilement aÌ€ moi. Je suis alleÌe chercher l'information ailleurs, mais Instagram a la capaciteÌ et l'avantage de pouvoir provoquer rapidement une eÌmotion avec un post, et dans mon cas, c'est par cette route que mon humaniteÌ se fait réveiller avec le plus grand choc. C'est souvent pour moi le moteur d'aller ensuite chercher l'information suppleÌmentaire », a-t-elle d’abord écrit.
Mais la comédienne ne s’arrête pas là. Elle admet que le mutisme que lui renvoyait son Instagram était de sa faute, car elle ne suit pas assez de gens de la communauté noire. Une prise de conscience frappante : « En voulant leur laisser de la place, je me suis rendu compte de la »couleur» de mon feed instagram. Ça aura eÌteÌ efficace pour ça. »
Tout comme nous, elle espère que ce mouvement ne s’éteindra pas d’ici à quelques jours et que la prise de conscience qu’elle a vécue a également été partagée par toutes les autres personnes non Noires qui auront soutenu la cause ce mardi : « Alors que les comptes qui ont suivi le Blackout Tuesday hier reprendront, je l'espeÌ€re, leurs activiteÌs aujourd'hui pour partager l'information, les images et les mots qui les font reÌagir et les touchent, je continuerai de mon coÌ‚teÌ aÌ€ partager ce qui encourage et stimule une plus grande compassion pour moi en souhaitant que ça ait le meÌ‚me effet sur vous ».
Car oui, le racisme et l’injustice aux États-Unis, mais aussi dans le monde entier, sont fâchants, tristes et poignants. Être confrontés à cette réalité qui nous est pour la plupart inconnue nous rend inconfortables, voire impuissants. Ce sont des sentiments nécessaires qui ne doivent surtout pas être ignorés, mais plutôt explorés pour mieux être en mesure de comprendre le problème et d’agir pour y mettre fin. C’est ce que nous demande de faire Karine Vanasse.
« Souvent, le sentiment de compassion prend de l'expansion quand on est confronteÌs aÌ€ l'inconfort de ce qu'on voit, quand on se laisse habiter par la profonde tristesse et indignation de voir des eÌ‚tres humains exprimer autant de deÌsespoir face aÌ€ l'injustice qu'ils vivent avec un mince filet d'espoir de voir les choses changer reÌellement. Alors, vous vous connaissez, franchissez le pas qui vous rend inconfortable de franchir. Regardez ce qui vous bouscule et que vous auriez peut-eÌ‚tre preÌfeÌreÌ ne pas voir. Assurons-nous de rester eÌveilleÌs, interpelleÌs, aÌ€ l'eÌcoute, preÌ‚ts aÌ€ se remettre en question. »
Des mots qui résonnent profondément en nous, et on l’espère, en vous.
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