Arnaud Soly est un nom qui ne vous dit rien? Attendez un peu pour voir. L’humoriste de la relève gagne en popularité tant sur le web qu’en stand up. Vous avez pu voir passer sa reprise de Despacito en flûte nasale, ses vidéos en collaboration avec Vice, ses blagues chantées ou encore sa websérie Arnaud est dans le champ, mais vous avez maintenant l’occasion de le voir dans son premier spectacle solo, une belle heure intitulée Presque Adulte et présentée dans le cadre du Zoofest. On a assisté à la première représentation et on en a profité pour s’entretenir un moment avec celui que vous avez peut-être d’abord connu comme barman de La Rockette, à Montréal.
Son travail dans les bars, qu’il a fait pendant un gros huit ans, n’est pas seulement sujet à une partie de son show. C’est aussi marqué dans son parcours qui l’a amené à faire de l’humour. C’est qu’il s’agit d’un milieu où on est proche des gens, tout comme la comédie, et ça, c’est sans doute une des choses qui drive le plus Arnaud. Pendant ses années derrière le bar, l’humoriste voyait plusieurs de ses amis et connaissances entrer à l’École nationale de l’humour. Adib Alkhalidey, Julien Lacroix, Virginie Fortin, Mehdi Bousaidan : des artistes qui perçaient dans le monde de l’humour et qu’il connaissait de sa troupe d’impro ou de son entourage.
« C’est plein de gens que je respectais beaucoup. J’allais vois leurs shows pis ça me travaillait [de faire de l’humour à son tour]. À un moment donné, j’étais malheureux. J’aimais le bar, mais de manière éphémère, et ça me grugeait vraiment. Je suis un excessif, fait que je me défonçais », confie-t-il. En même temps, il faisait son bacc en arts visuels et, encore là, adorait le contact qu’il avait avec les autres étudiants. Par contre, dès qu’il a fini ses études et qu’il s’est mis à peindre seul chez lui, l’ambiance n’était plus la même. « Je me suis dit : le bar, ça te scrappe, la peinture, ça te déprime, essaye de faire de la scène. Dès que j’ai commencé, j’ai fais : »Est*, j’arrête pas» », se souvient-il. Il s’est alors inscrit dans un cours d’écriture à l’École nationale de l’humour.
C’est aussi à ce moment-là que ses vidéos en ligne ont été repérées par une équipe de Radio-Canada et qu’il a été recruté pour l’émission culturelle On dira ce qu’on voudra, avec Rebecca Makonnen. Après ça, toutes les portes se sont ouvertes! Il m’a même confié s’être fait approché pour OD+ en direct, mais a refusé l’offre pour se concentrer au stand up et à ses autres projets. À 27 ans, Arnaud Soly a finalement trouvé sa voie, et c’est sans doute pour ça que le spectacle qu’il présente se concentre sur cette drôle de période qu’est la vingtaine, particulièrement pour les milléniaux, parce qu’on se retrouve coincé entre ce qu’on est trop jeune pour faire et ce qu’on est trop vieux pour continuer de faire.
Mais comment est-il arrivé à ce thème-ci comme sujet central de son spectacle? « Quand j’ai décidé de soumettre ma candidature pour le Zoofest, cet hiver, me raconte l’humoriste, j’ai regardé qu’est-ce que j’avais comme matériel. Ça faisait comme un an que je faisais de la scène, fait que j’étais comme : »C’est quoi mes numéros? C’est ça les thèmes.» Pis là je voyais déjà comme une petite tangente dans les idées : les cours de conduite, magasiner des rideaux… C’est vraiment ça que je vis, c’est moi qui se dit : »Arrête d’avoir peur, laisse-toi être un adulte», mais en même temps je veux pas être un adulte. En brainstormant avec un ami qui m’aide à écrire des fois, Thomas Levac [sans relation avec Katherine Levac], qui est l’auteur d’Adib Alkhalidey, on a trouvé cette affaire-là d’adulte, presque adulte, pas adulte. De là, j’ai écrit des transitions pour unifier la narration. »
Au final, c’est donc sa propre vie, ses inquiétudes et son parcours qui transparaissent dans son spectacle. On en a profité pour lui demander s’il ressentait davantage un deuil d’une certaine jeunesse ou une excitation par rapport à ce qui s’en vient. « Je suis plus excité qu’autre chose de vieillir. J’essaye de prendre la vie de manière positive, même si je ne sais pas je vais être où dans 10 ans. L’idée d’avoir une famille et tout ça, autant ça m’excite si je suis bien entouré, autant j’associe ça à une perte de liberté. Je suis en couple depuis six ans, c’est sûr qu’on y pense. Je dirais qu’en général, je suis vraiment excité de vieillir, mais y’a une partie de moi qui est comme »Est-ce que c’est terminé cette insouciance-là et cette jeunesse-là?» Peut-être que ça l’est, pis tant mieux, mais peut-être qu’elle va revenir à l’occasion », dit-il après une petite hésitation.
Le spectacle d’humour d’Arnaud Soly a visé juste. Une salle hilare, des blagues qui rejoignent le public et auxquelles on peut s’identifier, c’est certainement des éléments gagnants. L’humoriste est sorti de scène heureux, mais avec une certaine inquiétude : « Ça a passé f*cking vite. Je suis sorti de scène et j’ai fait comme : »F*ck, j’ai pas fait une heure.» J’avais tellement de fun pis j’étais tellement content d’être là que j’ai demandé si j’avais vraiment fait une heure. » Bien sûr, il avait bel et bien fait son numéro au complet, mais ça lui a paru tellement rapide qu’il a cru en avoir fait la moitié… disons que c’est bon signe!
Arnaud Soly adore les collaborations et c’est pourquoi il participera également au Gala de l’absurde le 16 juillet et au Word up battle spécial humorsite du 15 juillet, en plus d’avoir fait le Show malade mental le 11 juillet et de donner six représentations solos. « En humour, on est vraiment seul, seul, seul. Sur scène, tu es toujours avec le public, mais ça reste un métier solitaire; on écrit seul et tout. Quand t’es invité dans des shows comme ça, c’est le fun. Avant mon show, j’étais tout seul dans ma loge pis je tournais en rond. C’est stressant, alors que des shows de groupe on se dit : »Hey, on fait ça, gang!» C’est aussi pour le défi créatif d’arriver avec d’autres thèmes et de sortir de sa zone de confort [qu’il participe à ces autres spectacles] », explique-t-il.
On pourra voir Arnaud dans la prochaine saison des 5 prochains, dont les tournages sont commencés, et l’humoriste croit qu’on verra une facette différente de lui. « C’est sûr qu’on va me voir plus au naturel. T’sais, sur le web je suis souvent en personnage, avec mes perruques et tout ça. Là, c’est vraiment un Arnaud qui n’essaye pas nécessairement de faire rire, dans les entrevues en tout cas. Je suis quelqu’un d’assez sérieux dans la vie, j’aime rire, mais je suis assez introverti et réfléchi dans ma manière d’être, donc dans ce show-là je me pose plein de questions, je ne suis pas tout le temps crampant. Ça va montrer ce côté-là : le gars anxieux, qui doute, mais en même temps qui tripe », prévoit-il.
Son spectacle Presque Adulte est encore en représentation les 14, 15, 18 et 20 juillet. Vous pouvez vous procurer des billets ici. Pour consulter toute la programmation du Zoofest, qui se poursuit jusqu’au 30 juillet, c’est ici.
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Crédit photo: Kelly Jacob via le Facebook d'Arnaud Soly