Après le décès de Jean-Pierre Ferland, Claude Dubois transmet un message important
Marie-Josée R. Roy«Lorsque les personnes meurent, on glorifie la chose, et de leur vivant, on peine à les reconnaître…»
Ces paroles tristement vraies sont de Claude Dubois, rencontré lundi à la cérémonie de remise d’insignes de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, à l’Édifice Wilder, à Montréal. L’auteur-compositeur-interprète de 77 ans y a reçu le titre de Compagnon des arts et des lettres du Québec, voyant ainsi salué son «apport exceptionnel à l’essor et à la réputation d’excellence des arts et des lettres du Québec ici et à l’étranger», a souligné le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).
Un honneur que Claude Dubois apprécie. Parce que, cette célébration des arts et des lettres, soutient-il, plébiscite probablement les innombrables mots qu’il a écrits dans sa carrière, au-delà de la simple appellation de «chanteur» qu’on lui accole d’emblée.
«Ce sont les textes de chansons, la composition de la musique et, évidemment, l’interprétation…»
Donc, les lauriers, les distinctions, les récompenses, elles sont encore importantes pour un immortel comme Dubois, qui a quand même vu passer quelques saisons? Il s’agit là de moments précieux, certes, concède-t-il. Mais…
«Ça ne l’a jamais vraiment été! Je ne suis pas monsieur distinctions et prix. À part des Félix, évidemment; ça, j’en ai assez pour faire une allée de bowling! Mais, sinon, je ne donne pas beaucoup là-dedans…», rétorque-t-il.
«Ça fait un peu d’onguent sur le bobo. Je ne suis pas très blessé par ça. Moi, je suis surtout concerné par le public. C’est lui qui décide. On aura beau inventer toutes les décorations de la planète, ça ne remplacera jamais le public. Et même si les médailles existent, c’est pour rejoindre le public aussi, de la part du gouvernement. Il ne faut pas s’y tromper…», oppose-t-il du même souffle.
C’est là que point la réflexion sur son pote Ferland, sincère complice au parcours écho au sien, laisse-t-il entendre.
«Un inconditionnel», dit-il.
Doit-on rappeler que Claude Dubois a ému toute l’assistance de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, et les autres devant leur téléviseur, le 1er juin dernier, en incarnant une fois de plus, avec toute son âme, son légendaire joyau Si Dieu existe. Serait-ce l’éclat de lumière qu’on devrait retenir du départ tellement pleuré de notre Petit Roi? Et de ceux, avant lui, de Michel Côté, de Jean Lapointe, de Renée Martel… et de tant d’autres.
De s’incliner devant nos géants de leur vivant, avant qu’il ne soit trop tard?
«Jean-Pierre n’a jamais été jeté de tous bords, tous côtés, dans les grands éloges, mais il a vécu sa vie. Il a été ce qu’il était. Je l’ai trouvé très bien. C’était un grand ami.»
«Jean-Pierre» a rencontré le public, maintient Claude Dubois. Comme lui. En tournée, notamment, depuis des années. Actuellement avec le spectacle Solide en liberté, où il revisite certains morceaux des trois centaines de son répertoire en 47 albums. Une communion valant toutes les statuettes scintillantes. Il le réitérera sans se fatiguer en dix minutes d’entretien.
«Comme artistes, je le répéterai toujours, on a besoin d’un résultat valable de la part des gens qui nous écoutent… pour nous, les arts et les lettres, c’est là qu’elles sont: à travers le public. Qui remplit les salles et nous fait faire des spectacles, qu’on pousse au maximum…»
«Mon juge, en ce qui me concerne, c’est le public. C’est mon seul boss, comme on dirait en bon Québécois!»
Sinon, la santé est bonne, assure l’icône:
«Comme dirait l’autre, quand on ne parle pas de ses bobos, c’est que ça va bien!»
La famille aussi, semble-t-il, alors que sa progéniture est maintenant âgée de 16 et 13 ans, mais ne monte apparemment plus sur scène avec lui comme il y a quelques années.
Sur le plan créatif, «évidemment» qu’il écrit encore!
En vue d’offrir un nouvel album?
«Je n’y tiens pas beaucoup…», conclut Claude Dubois.