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Claudia Bouvette sans compromis [ENTREVUE]
Crédit: Aurélie Bolduc

Beaucoup de gens connaissent Claudia Bouvette pour sa participation à Mixmania 2 en 2011. Contrairement à plusieurs qui ont malheureusement été oubliés après la fin de l'aventure musicale télévisée, Claudia Bouvette a su utiliser ce tremplin pour se tailler une place de choix dans le star-système québécois. On comprend rapidement ce qui a fait la différence après quelques minutes d'entrevue avec la jeune artiste de 24 ans. Derrière son air angélique, on trouve un talent naturel autant pour la musique que pour le jeu, ainsi qu'une authenticité sans égale.

Bien que de vivre de sa musique a toujours été son plus grand rêve, Claudia a profité d’une ouverture dans le monde du jeu après Mixmania. Dans les dernières années, elle a enchaîné les rôles à la télé dans 30 Vies et Jérémie (qui en est à sa dernière saison sur VRAK), ainsi qu’au cinéma dans le film Charlotte a du fun. Mais voilà que durant la dernière année, Claudia a renoué avec sa première passion pour nous présenter son tout premier EP, Cool It, le 12 juin dernier. Composé de huit pièces aux saveurs électropop, le mini album dévoile une Claudia Bouvette mature et affirmée.

Ne soyez toutefois pas étonnés d’entendre chanter dans la langue de Shakespeare la jolie blonde, car pour elle, c’était un choix naturel, voire logique, comme elle a toujours chanté et écouté de la musique anglophone. Pour produire l’album, Claudia a compté sur son « soulmate créatif », Connor Seadeil, qui a déjà travaillé avec Matt Hulobowski et Charlotte Cardin. « Je l’ai rencontré il y a environ deux ans, puis on m’a matché avec lui pour voir si on ne pouvait pas faire la production d’une maquette ensemble. Finalement, ç’a été super fusionnel et on s’est donné le défi d’écrire une trentaine de chansons. On ne s’est pas donné de temps, si on écrivait 30 chansons, on imaginait bien qu’à la fin on allait avoir trouvé mon son. […] Tout ça a pris environ d’un an d’exploration. […] Les huit chansons qui se retrouvent dans mon album sont les huit dernières qu’on a composées ensemble, nous a expliqué Claudia. Pour moi, c’était de me redécouvrir, de revenir à la case départ, donc c’est quoi que je veux dire, c’est qui que j’ai envie d’être, c’est quoi les sons que j’ai envie d’explorer? Tout ça demande du temps et je voulais vraiment que ça soit authentique, je ne voulais pas que ça soit garroché. C’est pour ça qu’on s’est donné ce luxe-là d’avoir autant de temps pour creuser et finir avec un résultat qui était plus pur. »

Le terme redécouvrir est de mise, car cela faisait cinq ans que Claudia n’avait pas touché au monde de la musique à temps plein comme elle avait mis sa carrière de comédienne à l’avant-plan. Elle a redécouvert son identité musicale et elle a énormément appris de ses collaborateurs sur l’album : « C’était vraiment comme si je recommençais à zéro. J’ai des notions de base qui fait que je comprends la musique, mais je ne suis pas une auteure de technique. […] Je suis plus instinctive, ce qui fait que j’ai dû apprendre à m’écouter et me faire confiance. […] J’ai été entourée de gens qui m’ont donné la chance de trouver ma voie là-dedans, de ne pas avoir le syndrome de l’imposteur et d’assumer ma place. […] Cet album-là, c’est moi au complet. J’ai respecté ce que j’avais envie d’être. »

Claudia nous a raconté comment l’écriture de Searching , la septième piste du EP Cool It, a été toute une aventure pour elle. « Mon producteur, Connor, était à Londres avec Beau Diakowicz, qui a aussi travaillé sur le EP. C’est un guitariste de Londres tellement talentueux. Il sort notamment le 8 novembre son EP dans lequel il a invité plein d’artistes à chanter ses chansons et où j’en fais une avec lui. Bref, à Londres, ils ont composé la musique de Searching et ils me l’ont envoyée, si jamais je voulais m’amuser avec. Donc, de chez ma mère à Bromont, je me souviens que j’avais juste mes écouteurs d’iPhone et j’essayais de trouver des mélodies, et un moment donné, je me suis dit : »Fuck off, je vais juste l’écouter d’un bout à l’autre et juste essayer de sortir des idées spontanées sans arrêter». […] Je l’ai envoyé à Connor même si c’était des idées brutes et il capotait. Cette chanson n’a pas de structure comme on entend habituellement avec les paragraphes suivis du refrain, c’est vraiment une évolution de mélodie tout le long de la chanson. Même au niveau des paroles, on a gardé le genre d’improvisation que j’avais fait, on l’a peaufiné bien entendu, mais ça a créé une espèce de magie et on a décidé de la garder comme ça après seulement un enregistrement. Cella-là, ç’a été une chanson vraiment spéciale pour moi à cause de la façon qu’elle a abouti. »

Au final, Cool It représente un énorme travail d’équipe qui a permis à Claudia de vivre toutes les étapes de la production d’un album. Elle a autant écrit les paroles de ses chansons qu’elle a composé la musique, toujours en compagnie de son grand complice, Connor.

Bien que l’album ait des sonorités que certains ont comparées à la sensation Billie Eilish, Claudia a avoué avoir de nombreuses inspirations musicales. Elle a une adoration pour Bon Iver, qu’elle a pu voir en concert le week-end dernier, à Brooklyn. « J’ai pleuré! », nous a-t-elle dit en riant. Elle a aussi noté la rythmique de James Blake et la musique des années 80. « Je suis une personne excessivement nostalgique, tout ce qui est synthétiseur, même les choix d’accord et les notes. Mon père, c’est un grand amoureux de la musique, donc très jeune, j’écoutais des bands de musique underground qu’il aimait beaucoup, a-t-elle aussi ajouté. J’aime de tout, la musique des années 50, le jazz, c’est un melting pot de tout ça qui m’inspire. »

Si vous n’avez pas encore entendu la musique de Claudia Bouvette, c’est votre chance demain, 16 octobre, car elle offrira une performance digne de son talent à l’événement XP_MTL. Le tout se déroule dans la salle mythique du Monastère située sur la rue Sainte-Catherine en compagnie de Benny Adam et Tizzo. C’est donc un rendez-vous pour tous les fans de musique prêts à découvrir des univers différents allant de la pop au rap. Claudia a très hâte de s’y produire. « Je trouve tellement que Montréal est forte pour la culture artistique dans tous les genres. […] Je trouve vraiment cette ville allumée et je suis très contente et fière qu’on ait pensé à moi pour cet événement. »

Autre que cet événement, on a souvent vu Claudia dans des événements dédiés aux adolescents et aux jeunes adultes, comme c’est le public qui l’a d’abord découvert. Comme elle est beaucoup admirée par eux, on a demandé à Claudia si elle sentait qu’elle avait une responsabilité envers eux. « Oui et non, a-t-elle répondu. Je trouve la jeunesse magnifique, il faut leur faire attention parce que ce sont de petites éponges. […] À l’adolescence, tu vis tes premières expériences et il est important de bien les encadrer pour leur permettre d’avoir accès à toutes les opportunités possibles. Mais en même temps, je suis une personne à part entière. Je trouve ça tough quand on est dans l'œil du public d’avoir cette responsabilité, comme quoi ne pas faire et ce que tu peux faire. Tout ça, c’est un concept [avec lequel] j’ai un peu de misère, parce que j’ai le droit de faire ce qui me tente. Dans la mesure que c’est dans le respect. À mettons que j’ai envie de »Free the nipple» parce que pour moi, mes seins ne sont pas différents de ceux de mon chum et que j’ai envie de dénoncer la sexualisation des seins. Pour moi, en disant ça, je ne manque de respect envers personne parce que pour moi, c’est important, et je ne blesse personne en disant ça. Mais pour quelqu’un d’autre, ça peut être l’inverse, il peut être en désaccord avec ce que je dis et penser que je veux juste montrer mon corps. Aujourd’hui, c’est juste tellement difficile de s’exprimer, car tout est critiquable. C’est correct de resserrer la vis et que des trucs soient inacceptables, mais après ça, il faut aussi se sentir libre d’être qui on a envie d’être sans la grande pression sociale. Alors, j’essaie autant que possible de me détacher de ça, de juste suivre mon parcours et d’être heureuse. »

Claudia nous a ensuite confié qu’elle ne se sentait pas redevable de qui que ce soit, et donc, qu’elle ne ressentait pas de pression à être le parfait modèle. C’est justement là toute la force de Claudia. Elle ne fait aucune concession quant à sa vie. Elle ne s’abstient pas de suivre ses rêves et ses envies pour satisfaire. « Dès que tu commences à nourrir ce que les gens pensent de toi, ça change ton comportement et tu ne te sens pas bien. Je n’ai pas envie de tomber là-dedans. » Voilà, le message que veut passer Claudia. « On est tous importants dans notre propre vie, à notre façon. Si des jeunes me suivent et me trouvent inspirante, je suis contente et je suis super accessible, mais j’ai quand même ma propre identité qui n’a aucun rapport avec le monde public. C’est pourquoi je ne dois rien à personne et je pense que c’est la manière d’aborder le vedettariat d’une façon saine. »

La preuve qu’elle ne fait aucune concession, Claudia a participé à la chanson Jeanne-Mance de Kirouac et Kodakludo, une chanson sur le plaisir de fumer du cannabis dans un parc. La chanson est accrocheuse, elle célèbre la vie dans toute sa simplicité. L’enregistrement de la chanson s’est aussi fait dans ce même esprit, en une soirée seulement. Claudia, qui est amie avec Kodakludo, a accepté de collaborer au projet juste pour le fun de le faire.

Pour le reste, Claudia ne ferme pas la porte à sa carrière de comédienne. Elle aimerait faire cohabiter la musique et le jeu, alors ne vous gêner pour lui envoyer vos scénarios! Autrement, elle continue d'explorer la musique, comme elle est déjà de retour en studio. Dès le 30 octobre, on pourra entendre un nouveau single qui nous convaincra encore une fois que Claudia Bouvette est bien là pour rester!

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