Le très attendu documentaire BYE a finalement été diffusé, hier soir, sur les ondes d’ICI Radio-Canada, en simultané à la télévision et sur la Première Chaîne. Ceux qui l’ont vu n’ont pas tari d’éloges face à cette histoire déchirante, racontée avec transparence et sincérité. Alexandre Taillefer, qui y raconte le suicide de son fils Thomas, a d’ailleurs reçu une pluie de commentaires de la part des personnalités québécoises qui ont voulu témoigner de leur support. Nous aussi avons été marqués par ce moyen-métrage initié par Jean-Philippe Dion, et voici pourquoi.
Thomas n’est pas un cas isolé
L’ancien dragon est allé rencontrer une bande de jeunes dans un endroit dédié aux jeux vidéo. Parmi le groupe d’une vingtaine d’adolescents, qui affirmaient tous consacrer entre 30 et 50 heures par semaines à leur console, au moins quatre ont dit avoir déjà fait une tentative de suicide. Alexandre Taillefer fait par la suite un survol des cas recensés par le gouvernement québécois pour finalement nous présenter Loïc, un jeune homme fort attachant de 17 ans qui vient d’être traité pour sa cyberdépendance et dont la vie a pu être sauvée, contrairement au fils de l’homme d’affaires. Que ceux qui n’ont pas versé une larme lorsque Monsieur Taillefer a lu la lettre de suicide du jeune garçon jettent la première pierre.
Le manque de solutions
On comprend rapidement qu’il est difficile de juger de la cyberdépendance de son enfant, mais même si on en saisit la gravité, l’aide disponible est limitée. Il n’existe pas de solution simple pour limiter le nombre d’heures consacrées sur Internet par jour. Les centres d’aide pour cyberdépendant sont aussi peu connus. Le centre Le Grand Chemin, où a été traité Loïc, offre des thérapies pour divers types de dépendances, allant de la toxicomanie à la dépendance au jeu et passant par la cyberdépendance, mais malheureusement, tous n’ont pas la chance d’y aller.
La cyberdépendance est une façon de fuir la réalité
La cyberdépendance est un phénomène assez méconnu du grand public. Plusieurs téléspectateurs ont donc pu en découvrir les rouages. On a pu apprendre que cette forme de dépendance permet généralement à l’internaute de fuir sa réalité et de vivre dans un monde alternatif. Cependant, la personne devient alors plus isolée encore et l’anxiété ou la dépression dont elle peut souffrir sont donc exacerbées. C’est un cercle vicieux, ou en quelque sorte une prophétie autoréalisatrice.
L’aide en santé mentale est déficiente
Entre l’arrivée aux urgences en psychiatrie de Thomas et sont passage devant un psychologue, ils se sont écoulés six longs mois précieux qui auraient pu faire une différence. Plutôt que de se faire diagnostiquer une dépression sévère, par exemple, il s’est fait dire qu’il était un jeune surdoué éprouvant des difficultés et l’aide appropriée ne lui a pas été offerte par notre système de santé. La réduction des places en psychiatrie à cause des coupures budgétaires entraîne des délais d’attente plus longs, trop longs.
La plateforme Twich n’est d’aucune aide
Vous le saviez peut-être déjà, mais bien que Thomas ait envoyé plusieurs appels à l’aide sur Twich, une plateforme pour les gamers qui appartient à Amazon, aucune aide ne lui a été apportée. Pire encore, les dirigeants refusent de rencontrer Alexandre Taillefer depuis maintenant deux ans. C’est ce qui a poussé l’homme d’affaires à rencontrer des intervenants en santé mentale ainsi que des spécialistes du web afin de trouver une solution pour les appels à l’aide faits en ligne. Parce que soyons réalistes : la plupart des jeunes préféreront adresser leurs idées noires à un écran d’ordinateur qu’à un intervenant au bout d’une ligne téléphonique, aussi louable soit cette offre.
Pour voir ce renversant documentaire qui, avouons-le, risque de vous mettre le moral à terre pour un moment, mais qui est si nécessaire à tous, rendez-vous ici.
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